Au week-end dernier, Ali Laâridh, un Nahdhaoui légitime – pour avoir passé 18 ans en prison, dont 15 dans l'isoloir – déclarait sur la chaîne Al Arabya, que le Code du Statut Personnel ne sera pas touché, parce qu'il puise sa quintessence dans le Coran. Presqu'au même moment, Madame Souad Abderrahim qui a l'air d'avoir adopté le slogan: « plus nahdhaoui(e) que moi tu meurs», massacrait les mères célibataires, les femmes célibataires dans la foulée, leur imputait toutes les dérives sociétaires impies. Elle fait une première déclaration sur les ondes d'une radio française et, le surlendemain, elle persiste et signe sur une autre. Et, aujourd'hui, vous lirez en page 5, une déclaration confondante à ce propos de M.Abdelhamid Jelassi, lui trouvant des excuses et accusant les « détracteurs » d'Ennahdha d'avoir instrumentalisé les propos de Madame Abderrahim. A l'évidence, ceci confirme ce que nous savions déjà : Ennahdha est structurellement compact ; mais il est organiquement composite. Et il n'est pas sûr que les dignitaires – la face émergée de l'Iceberg – soient en symbiose. Rached Ghannouchi est fasciné par les Turcs mais prend les pincettes lorsqu'il parle de laïcité. Et, d'ailleurs, les propos tenus à Qatar sur le sujet, sur les « dictateurs » Bourguiba et Atatürk, sont si fallacieux que le Cheikh finit par s'emmêler les pinceaux. Mais, le clou c'est, quand même, à Sousse. Soit pour Hamadi Jebali, Premier ministre. Qu'il tende la main au Hamas, cela ne doit guère scandaliser qui que ce soit, parce que le Hamas est, d'abord, un mouvement patriotique et national pour la libération de la Palestine et il n'a rien d'un mouvement terroriste, ambivalence toute occidentale et sur laquelle jouait Arafat lui-même. Mais de grâce, gardons les pieds sur terre. Car ce 6ème Califat, auquel appelle Jebali, sous-tend un sournois déterminisme panarabe. Le fameux grand « Etat-nation » est un concept nassérien repris par les Baâthistes. A ce propos, la sagesse bourguibienne constituerait un référentiel de premier ordre. Une source d'inspiration pour Ennahdha, lui-même. Et ce n'est pas un blasphème.