Pour comprendre et mieux appréhender ce que l'on appelle désormais couramment « le Printemps tunisien » par des étudiants français, quoi de plus approprié que de se rendre en Tunisie, premier pays à s'être affranchi de son régime autoritaire à la suite d'un grand mouvement populaire. Une imposante délégation universitaire de Montpellier composée de professeurs universitaires et d'étudiants a visité la Tunisie du 20 au 27 novembre. Nos hôtes français ont eu l'occasion de visiter la zone touristique de Hammamet, les ports de Radés et de la Goulette, le Cap Bon, le littoral de Bizerte, le Sahel et la ville de Tunis. Le niveau exemplaire atteint par la coopération tuniso-française a été possible grâce à la volonté commune de Jean Marie Miossec, président de l'université de Montpellier et l'Université de Manouba qui ont manifesté leur souci commun de mettre en place un échange durable et de qualité entre les deux universités, animés d'une même volonté de s'ouvrir à l'autre. Un tel voyage n'a de sens que s'il offre la possibilité d'entrer en dialogue avec des acteurs de la société civile. Des rencontres, des débats, des forums de discussion en complément de temps de visites, ont été organisées avec des membres actifs de la société civile et des personnalités engagées dans le renouveau du pays. M. Jean Marie Miossec nous a affirmé que « Cette visite ou plutôt ces retrouvailles nous ont permis de consolider davantage ces liens d'amitié entre la Tunisie et la France. Nous étions émus de l'accueil et de la disponibilité de tous les cadres du pays. Nous travaillons sur les aménagements des littoraux. Nous sommes intéressés par tout ce qui fait le long du littoral tunisien, les problématiques environnementaux et la gestion du littoral. La Tunisie est un très bel exemple et cette visite nous permettra de découvrir les différentes facettes de l'espace côtier, urbain et touristique tunisien » Boudry Sébastian a une bonne impression du pays « Les gens étaient accueillants. Ils respirent mieux. Cette visite nous a permis de comprendre le cas particulier d'un pays qui est devenu exemplaire pour bien d'autres par la rapidité de son évolution. On a découvert durant notre séjour une autre culture et des sites littoraux uniques notamment du côté d'El Haouaria et Kerkouan. » Clément Calmettes visite pour la première fois la Tunisie « on a eu la chance de faire un circuit original et non touristique. On a rencontré plusieurs tunisiens. Ce fut un plaisir de discuter des gens, des marins, des pêcheurs. Ce fut un vrai partage. On était curieux d'entendre les citoyens parler de la révolution, de leurs attentes, de leurs soucis, de leurs doutes. Certains sont satisfaits, d'autres sont déçus et attendent mieux et espèrent une nette amélioration de leur situation notamment les sitineurs de l'aéroport de Monastir. C'était intéressant d'entendre leurs voix alors qu'avant ce n'était possible ce genre de revendications » Julie Pereira joint les paroles de Clément « J'ai eu la chance de visiter la Tunisie avant et de parler avec les tunisiens. Les gens parlaient moins de politique à l'époque. Maintenant, on sent une certaine liberté bien que certains sont inquiets de leur avenir ». Hélène Carbone est très touchée par la gentillesse tunisienne : « les gens vivent la crise et essaient de penser à leur avenir avec courage. On sent un pays qui bouge, qui innove et qui essaie de trouver des remèdes à ses problèmes ». Luc Beneteau un ancien marin est impressionné par le paysage différent de la France. « Tout d'abord les chantiers qui poussent un peu partout et ce clivage social. La vie en Tunisie m'apparaît chère et là je me demande si ces classes démunies pourront vivre correctement. Ils attendent plus de ce printemps tunisien ». Gilles Ardinat professeur universitaire à Montpellier III devait clôturer cette discussion avec une approche profonde de la situation « J'aimerai dit –il faire part d'un sentiment qui est partagé par l'immense majorité des français au moment de la révolution où le gouvernement Français s'est assez largement discrédité auprès des Tunisiens par un positionnement assez contradictoire et des déclarations qui ont mécontenté les Tunisiens. Il est vrai que les Français sont très choqués lorsqu'ils ont découvert que la France a fermé les yeux. Les Français sont favorables à la liberté d'expression et sont méfiants des dictatures. Cette attitude du gouvernement n'est pas représentative de ce que le français de la rue pense. Je suis venu en Tunisie en 2009. Depuis on voit une différence dans les paysages et les unes des journaux, le clan de Ben Ali qui défend le régime est parti. Ce qui m'a beaucoup frappé ce sont ces villas luxueuse ultra sécurisées il y deux ans, cet étalage de luxe est aujourd'hui en ruine. On voit cet impact du printemps tunisien sur les populations qui étaient il y a deux ans très méfiantes et qui ne pouvaient pas s'exprimer. Aujourd'hui, les gens parlent et disent ce qu'ils pensent. C'est l'ère de liberté sans gène, sans peur.