Mokhtar Hnène qui expose jusqu'au 10 décembre courant à la galerie Aïn aux jardins de Salammbô, est un artiste plasticien chevronné qui fait partie de la première génération de l'école des Beaux-arts de Tunis des années 60. Si l'exposition ne porte pas de titre, le visiteur devine de prime abord qu'il s'agit d'œuvres portant sur la Médina : le peintre présente ces lieux dans tous leurs coins et recoins à travers 26 tableaux de dimensions différentes qui passent pour un véritable témoignage d'un patrimoine architectural riche où l'on peut voir plusieurs scènes quotidiennes vécues par les gens de ces quartiers traditionnels que le peintre a reproduites jusqu'aux moindres détails. L'espace Aïn est donc animé depuis le 25 novembre et jusqu'au 15 décembre courant, par les magnifiques tableaux de l'artiste Mokhtar Hnène qui offre à ses visiteurs une belle promenade à travers les rues et les ruelles de la ville antique, notamment de Bizerte, ville natale de l'artiste qui l'a merveilleusement inspiré dans toutes ces œuvres exposées. C'est que le peintre nous plonge dans un univers de vieilles maisons qui sentent la tradition et le passé et qui tiennent encore debout malgré les vicissitudes du temps et en dépit du béton qui défigure le paysage urbain. On y découvre une touche d'impressionnisme où l'artiste a surtout travaillé sur les fluctuations des lumières qu'il fait apparaître sur ses tableaux pour mettre en relief une certaine particularité qu'offre la Médina par ses ruelles étroites, ses impasses, ses pavés, ses réverbères et par les façades, les arcades, les murs et les toits de ses maisons traditionnelles, mais aussi par ses habitants qui vaquent à leurs occupations quotidiennes et qu'on voit évoluer dans les quartiers ou les souks de cet univers antique. La Médina et son ambiance ont certainement servi de bon support à l'artiste pour exprimer notre attachement aux origines arabo-musulmanes et à toutes les richesses architecturales du passé. Et c'est sans doute là que réside le message de l'artiste ! Techniquement parlant, l'artiste a eu recours à la peinture à huile pour créer la majorité de ses tableaux exposés, comme « Rue El Bacha », « Rue Dar El Jeld », « Zaouia », « Porte Sidi Mehrez », « Place Kheireddine » mais aussi des vues antiques de Bizerte, sa ville natale, comme « « Bizertine », et «Le vieux port de Bizerte ». On peut voir aussi quelques autres œuvres à base d'aquarelle. Le paysage naturel est également présent à cette exposition, comme on peut voir sur ces tableaux de « Plage à Kef Abed » ou « Vignes et olives »… Les couleurs tantôt claires, tantôt sombres riment avec les touches de lumières que l'artiste fait filtrer au bout d'une ruelle ou à travers une porte ou une fenêtre entr'ouverte, suggérant ainsi une sorte de clair-obscur très charmant. Les fissures qui se sont formées à travers les années sur les murs des maisons ou les fentes qui se sont creusées sur les portes et les fenêtres des maisons sont minutieusement représentées par l'artiste qui semble pousser un cri d'alarme pour sauvegarder ces maisons menacées de ruine. Bref, Mokhtar Hnène nous invite à voyager dans l'histoire, dans le patrimoine culturel et architectural à travers ses tableaux sur la Médina, ce lieu qui a abrité nos ancêtres et qui continue à aviver les souvenirs de pas mal d'artistes pour qui il sert aussi de source d'inspiration intarissable. Hechmi KHALLADI