Le Temps-Agences - La Ligue Arabe a étudié hier les conditions posées par la Syrie à l'envoi d'observateurs dans ce pays où la répression sanglante, qui a fait plus de 100 morts depuis samedi selon des militants, ne montre aucun fléchissement. Le régime syrien s'est dit lundi prêt à accepter sous conditions la venue d'observateurs de la Ligue arabe pour rendre compte des violences sur le terrain et tenter de mettre un terme à la répression qui a fait, selon l'ONU, plus de 4.000 morts depuis le début en mars de la révolte. Damas a demandé «des modifications mineures qui ne touchent pas le fond du protocole (...) et des éclaircissements», selon le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, Jihad Makdessi. La signature de ce protocole a fait l'objet de plusieurs ultimatums de la Ligue arabe face à l'absence de mesures de la part du régime syrien pour appliquer un plan de sortie de crise arabe, qu'il avait pourtant accepté «sans condition» début novembre. Ce plan prévoyait l'arrêt des violences, la libération des détenus et l'ouverture du pays à des observateurs arabes et à la presse étrangère. Sur le terrain, des affrontements violents se sont déroulé hier entre des groupes de déserteurs et l'armée régulière qui tentait de prendre d'assaut Daël, dans la province de Deraa (Sud), ont rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) et les comités locaux de coordination (LCC), qui chapeautent les manifestations. «Les forces militaires ont perquisitionné aux alentours de Daël, arrêté des militants et procédé à des actes de vandalisme, incendiant des motocycles et des magasins, et tirant aveuglément balles et obus sonores pour terrifier les habitants», a précisé l'OSDH dans un communiqué. Dans ce contexte, les interprétations se sont multipliées hier autour de manœuvres militaires syriennes effectuées dimanche. Selon l'agence officielle Sana, il s'agissait de tests de roquettes et de chars dans le cadre d'un plan d'entraînement «visant à contrer toute attaque éventuelle de l'ennemi». Le régime a voulu mettre en garde contre «toute velléité (occidentale) d'intervenir militairement en Syrie en montrant qu'il (était) prêt à déclarer une guerre régionale», a déclaré un analyste syrien sous couvert d'anonymat. «Il se peut que nous ayons ainsi assisté à une nouvelle démonstration de force, mais cet événement manifeste des craintes et une détresse plutôt qu'une confiance en soi» de la part du régime syrien, a estimé pour sa part le ministre israélien de la Défense, Ehoud Barak, dans un communiqué hier. M. Barack a aussi affirmé que la chute de M. Assad n'était plus qu'une question de «semaines ou de mois». Parallèlement, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, devait rencontrer hier des opposants syriens en Suisse. Elle avait déjà rencontré pour la première fois l'opposition syrienne le 2 août à Washington. Alors que le régime de Damas est de plus en plus isolé sur la scène internationale, le chef du Hezbollah chiite libanais, Hassan Nasrallah, a réitéré hier son soutien à M. Assad, et critiqué l'opposition syrienne, estimant qu'elle est soumise aux Etats-Unis et à Israël. Désormais sous le coup de sanctions sans précédent des pays occidentaux et arabes, la Syrie devrait en effet se tourner vers le Liban et l'Irak, qui peuvent devenir des couloirs économiques pour leur voisin en pleine crise, sans pour autant violer les sanctions, selon des experts.