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Ablation d'une tumeur de cerveau chez quatre patients en « mode éveillé » Santé - Grande première africaine et arabe à la Clinique de la Soukra ce week-end
La médecine ne cesse de réaliser des progrès. Les chercheurs dans ce domaine œuvrent d'arrache-pied pour développer les techniques d'intervention et réduire ainsi les risques pour les patients. La chirurgie de la tumeur du cerveau en condition réveillée appliquée en France depuis dix ans fait écho en Tunisie. Une équipe de médecins multidisciplinaires de la clinique de la Soukra réalise aujourd'hui la quatrième intervention basée sur cette technique. Les deux premiers cas ont été opérés il y a déjà une année avec l'assistance et le savoir-faire du professeur Hugues Duffau, neurochirurgien au CHRU Montpellier. Pour avoir une idée précise sur cette technique et ses avantages, nous avons contacté docteur Sadok Ben Amor, neurochirurgien ainsi que le Pr Hugues Duffau. Très confiants, les deux spécialistes nous ont parlé à cœur ouvert quelques minutes juste avant l'intervention.
« Il s'agit d'une intervention chirurgicale en condition réveillée lors de l'ablation de la tumeur du cerveau qui est une zone fonctionnelle importante pour le quotidien », déclare Dr Sadok Ben Amor, neurochirurgien de la nouvelle technique d'intervention appliquée à la clinique de la Soukra. Une équipe de spécialistes multidisciplinaire procède aujourd'hui la quatrième opération et ce, avec l'assistance du professeur Hugues Duffau, neurochirurgien au CHRU Montpellier (France) qui a développé cette méthode de travail il y a dix ans. Partant du principe que le cerveau n'engendre pas de douleurs lors de l'opération et le fait de le manipuler n'entraîne pas des répercussions douloureuses, la chirurgie en condition réveillée lors de l'ablation de la tumeur est en train d'occuper une position importante dans la médecine. « Grâce à cette méthodologie, les neurologues ont plus de possibilités de délimiter les zones fonctionnelles essentielles. Nous pouvons également enlever le maximum de la lésion sans créer des dégâts permanents », explique Dr Ben Amor. Contrairement à la technique classique où « le patient subit l'opération tout en étant totalement anesthésié ce qui représente un risque plus important sur sa santé, la nouvelle technique permet de multiplier les chances de réussite et de réintégration des patients dans la vie quotidienne » selon le spécialiste. « Les chirurgiens enlevaient même moins la tumeur », ajoute-t-il.
Technique âgée de 10 ans Faisant la chronologie de cette technique, Dr Ben Amor a précisé « qu'elle a été utilisée depuis dix ans mais qu'elle a été limitée par les techniques d'anesthésie et même la réticence des médecins car elle a été toute nouvelle. Toutefois, le Pr Hugues Duffau a cru à cette méthode », enchaîne-t-il. Les résultats positifs ont été manifestes et la nouvelle méthode a prouvé sa fiabilité. « Le taux de réussite de cette opération est trois fois plus important », déclare le Pr Duffau. Il a ajouté que 95 % des patients ont repris leur rythme de vie normal. D'ailleurs, nous avons réussi à enlever trois fois de plus de la tumeur », précise le spécialiste avec confiance. Pour mieux valoriser son travail, le Pr Duffau garde contact avec ses patients. « L'expérience a démontré que les malades vivent plus longtemps et que chaque fois qu'on leur demande s'ils sont prêts à refaire l'expérience ils disent oui », rétorque-t-il.
Pour mieux réussir cette opération dans la Clinique de la Soukra, une équipe de spécialistes multidisciplinaire a été formée. Il est question entre autres de neurologues, anesthésistes, orthophonistes... Objectif commun, réaliser l'intervention dans les meilleures conditions et multiplier les chances de réussite. D'ailleurs, le patient représente un partenaire essentiel. Etant donné qu'il sera réveillé « pour tester son réflexe pour le mouvement, le langage ainsi que la motricité », explique Dr Ben Amor. « Nous comptons continuer dans ce processus soit la technique d'indépendance pour attaquer dans une deuxième phase des lésions plus difficiles », toujours d'après la même source. Il sera question, notamment de « l'organisation supérieure, de la vision, de la mémoire... » selon le spécialiste. Sana FARHAT
Pr Rachid Manaï, neurologue, Directeur Médical à la Clinique de la Soukra « Nous œuvrons sur une base de travail et une technique qui font partie de méthodes innovantes » L'introduction de la technique de chirurgie en condition réveillée lors de l'ablation de la tumeur du cerveau dans la Clinique de la Soukra s'inscrit dans le cadre de son plan de travail qui se base sur l'innovation. Une équipe de médecins multidisciplinaire a été formée pour prendre en charge les patients selon des normes innovantes qui n'existent même pas en Europe. Pour parler davantage de cette méthode de travail, nous avons donné la parole au Pr Rachid Manaï, neurologue et Directeur Médical à la Clinique de la Soukra
Le Temps La Clinique de la Soukra a ouvert ses portes il y a quelques années, mais la technique de chirurgie en condition réveillée lors de l'ablation de la tumeur du cerveau n'e fut appliquée que l'année dernière.
Dr Rachid Manaï Il n'est pas évident de monter une clinique. Il est en fait difficile d'installer le matériel, de former le personnel compétent et par conséquent constituer des équipes de travail performantes. La première étape consiste en la mise en marche d'une structure complète ce qui demande du temps. A ce niveau, nous avons été performants. Car la Clinique de la Soukra a fait beaucoup de réalisations. Nous avons même été révolutionnaires étant donné que nous en sommes à nos 4èmes journées scientifiques qui sont d'ordre international. Des réunions de haut niveau se tiennent chaque année dans les enceintes de notre clinique. La Clinique de la Soukra œuvre sur une base de travail et une technique qui font partie d'un ensemble de méthodes innovantes. C'est une conception toute nouvelle même par rapport à l'Europe. Le patient passe par toutes les étapes sans quitter la clinique. Pour ce faire, nous avons essayé de constituer des équipes de travail adéquate. Car la médecine actuelle n'est plus compatible avec le principe solitaire. Il s'agit de la médecine complexe et difficile, d'où l'importance de prendre en charge le malade. Nous n'opérons pas une tumeur mais un cerveau. Ainsi une équipe multidisciplinaire veille à l'accomplissement de ces interventions. Désormais, aucune maladie ne sera prise en solitaire. Le patient demande davantage à être informé d'où l'importance de travailler en équipe.
Il s'agit donc du principal objectif de la Clinique de la Soukra ? Notre but est de constituer des équipes et de leur préparer les conditions favorables du travail. Et ce à travers la mise en place du matériel optimal. La clinique investit dans ce domaine.
Pour appliquer cette nouvelle technique en Tunisie, vous avez eu recours au savoir-faire du Pr Hugues Duffau. La coopération est à ce point essentielle pour vous ? Notre situation est tout à fait particulière. J'ai fait une longue carrière professionnelle à l'étranger ce qui m'a permis de nouer des contacts avec des CHU en France. Nous visons à établir des passerelles entre la Clinique de la Soukra et d'autres partenaires car la continuité est importante dans le domaine de la médecine. Ceci n'empêche que nous œuvrons à être autonomes grâce à notre équipe de travail que nous avons formé et le matériel dont nous disposons.
Comptez-vous vous engager dans la recherche scientifique ? La recherche scientifique demande beaucoup de moyens d'autant plus qu'il faut avoir une conception claire dans le domaine. La recherche se réalise dans les centres hospitalo-universitaires. Malgré cela nous sommes sensibles à ce problème et nous essayons de contribuer à ce volet à travers les publications. La formation post-universitaire est aussi l'un de nos objectifs. Nous organisons à cet effet des journées scientifiques qui sont d'un niveau très respectable. Cela s'inscrit dans la formation continue des médecins.