• Satisfaction quant au passage du Code du statut personnel d'une loi ordinaire à une loi fondamentale • La Ligue soumettra un mémorandum, comportant les droits et les libertés à inscrire dans la future Constitution, au président de l'Assemblée Constituante La Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l'Homme (LTDH) a vertement critiqué, hier, les articles 8 et 9 du projet de loi relatif à l'organisation provisoire des pouvoirs publics adoptés jeudi par l'Assemblée Constituante et préconisant que tout candidat à la présidence de la République doit être un Tunisien musulman jouissant exclusivement de la nationalité tunisienne. «Le fait de priver les binationaux et les non-musulmans de se présenter à la magistrature suprême constitue une mesure discriminatoire que nous rejetons fermement», a martelé Me. Abdessattar Ben Moussa, président de la ligue. Me Ben Moussa , qui s'exprimait au cours d'une conférence de presse consacrée à la présentation du programme des festivités qui marqueront la célébration du 63ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, le 10 décembre, a également noté que les conditions de candidature à la présidence de la République prévues par la «petite Constitution» excluent une frange importante du peuple tunisien. Dans ce même ordre d'idées, Me Slaheddine Lourimi, membre du comité directeur de la LTDH, a indiqué que les conditions «très restrictives» de candidature à la magistrature suprême s'accommodent mal avec le principe de l'Etat civil prôné par le triumvirat vainqueur des élections. «Dans le cadre d'un Etat civil, on ne peut aucunement exiger que la candidat à la présidence soit un pur sang tunisien ou se réclame obligatoirement d'une religion particulière», a-t-il affirmé. Vigilance En ce qui concerne les craintes grandissantes de voir les droits de la femme remis en cause, Mme Balkis Mechri, vice présidente de la LTDH, a annoncé que l'organisation «prend acte avec satisfaction» du passage annoncé du Code du statut personnel (CSP), qui donne à la femme des droits uniques dans le monde arabo-musulman, d'une loi ordinaire à une loi fondamentale. Interrogée sur l'intention d'Ennahda de priver les mères célibataire d'un cadre légal qui protège leurs droits et de remplacer l'adoption par le principe de la « Kafala» (recueil légal ne donnant pas à l'enfant naturel le droit à un lien de parenté avec la famille adoptive, NDLR), Mme Mechri a souligné que les défenseurs des droits de l'Homme veilleront sur la préservation des acquis dans ce domaine. «Nous n'accepterons aucune remise en question de ces acquis. L'adoption constitue une protection de l'enfant dans la mesure où elle lui donne le droit à un patronyme conformément à la Convention internationale des droits de l'enfant alors que la mère célibataire doit être obligatoirement protégée par un cadre légal», a-telle noté. Festivités Le comité directeur de la LTDH a, par ailleurs, annoncé avoir concocté un programme de festivités riche et varié pour célébrer le 63ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. Ce programme comprend notamment l'organisation d'une conférence nationale sur le thème « Pour une Constitution qui garanti les droits de l'Homme», aujourd'hui à Tunis, et de plusieurs conférences régionales sur ce même thème. La doyenne des organisations de défense des droits de l'Homme dans le monde arabe, qui a été un véritable contre-pouvoir et l'une des rares citadelles imprenables sous le règne de Ben Ali, envisage également de distribuer des exemplaires de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme aux lycéens sur tout le territoire et l'organisation de rencontres de sensibilisation des 217 élus à l'Assemblée Constituante sur l'importance de «constitutionnaliser» les droits de l'Homme. La présentation, aujourd'hui, d'un mémorandum comportant les droits et les libertés à inscrire dans la future Constitution au président de l'Assemblée Constituante, Mustapaha, Ben Jaâfer marquera le point d'orgue de ces manifestations.