Les médecins de la Santé publique ont décidé d'observer, ce jeudi 15 décembre 2011, une grève générale dans tous les hôpitaux du pays. Les services d'urgence et de garde sont exceptés de ce mouvement organisé à l'appel du syndicat général des médecins et des pharmaciens de la santé publique relevant de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT). Une conférence de presse a été tenue, hier, au siège de l'UGTT , à Tunis, en présence de M. Sami Souihi, secrétaire général du syndicat général des médecins et pharmaciens de la Santé publique et Kacem Afia, secrétaire général de la Fédération nationale des agents de la Santé publique relevant de l'UGTT. M. Sami Souihi a expliqué que cette grève des médecins de la santé publique est organisée pour protester contre les conditions d'insécurité totale dans lesquelles les médecins et l'ensemble du personnel de la Santé publique travaillent, sans cesse, au sein de tous les hôpitaux du pays et qui ont eu des incidences des plus négatives sur leur rendement à tous les niveaux et sur la qualité des prestations sanitaires fournies par les hôpitaux de la Santé publique. Le mouvement tend aussi à soutenir la cause du médecin Mourad Ben Mansour, victime de cette situation d'insécurité, a-t-il dit. Ce médecin qui exerce comme médecin de garde à l'hôpital régional de la ville de Khéreddine, dans la banlieue nord de Tunis, a été condamné, au début du mois de novembre dernier, par le tribunal cantonal de Carthage à six mois de prison et à une amende pour avoir établi, le 13 janvier 2011, un certificat de décès d'un martyr de la Révolution tué par balles dans la ville voisine du Kram, attribuant sa mort à des causes naturelles. Puis il s'est avéré que Mourad Ben Mansour avait agi, ainsi, sous la menace de la part de la famille du martyr et de ses proches. Il a interjeté appel et a vu sa peine ramenée à deux mois de prison et une amende. Il a déjà passé un mois en prison et ses collègues réclament son élargissement immédiat, en attendant de déposer un recours auprès de la Cour de cassation contre cette seconde sentence, afin de l'innocenter totalement. D'autres cas similaires ont été enregistrés dans d'autres hôpitaux, pendant et après la Révolution. M. Kacem Afia a exprimé l'appui de la Fédération nationale des agents de la Santé publique au mouvement des médecins de la santé publique, annonçant que les agents de la santé publique ont décidé, à leur tour, d'observer une grève partielle de deux heures, de 7 heures à 9 heures, demain, vendredi 23 décembre, et ce pour les mêmes raisons. Les deux hommes se sont étalés sur les conditions difficiles et périlleuses qui entourent le travail des médecins et des cadres paramédicaux dans les hôpitaux de la santé publique, soulignant que certains d'entre eux ont payé de leur vie leur détermination à accomplir leur devoir malgré toutes les contraintes et les pressions rencontrées par les médecins et le personnel de la santé publique. Des agents de la santé publique ont été égorgés, et des ambulances braquées, notamment aux premiers jours suivant la Révolution, suite aux rumeurs relatives à l'utilisation des ambulances par les sinpers et les agents à la solde de l'ancien régime pour semer le désordre, en tirant sauvagement sur les foules. Deux agents de la santé publique, en particulier, se trouvent, aujourd'hui, dans un état d'incapacité physique de l'ordre de 50%. Ils ont rappelé que les médecins et les agents de la santé publique s'étaient engagés à suspendre toute action de protestation et de revendication, après la Révolution, préférant se consacrer totalement à l'accomplissement de leur devoir, dans ces moments difficiles. ‘'Mais, il y a des limites, ont-ils dit. ‘'Nous avions espéré que les citoyens et les responsables à tous les niveaux reconnaîtront notre dévouement, mais nos espoirs ont été, malheureusement, démentis, ont-ils ajouté, refusant que les médecins et les agents de la santé publique portent le chapeau, au moment où les vrais coupables circulent, librement, dans les rues. Ils ont insisté sur l'importance du rôle revenant à la Santé publique et aux hôpitaux publics dans l'accès équitable aux prestations sanitaires au profit de tous les citoyens et plus particulièrement, les citoyens économiquement faibles. Aussi, ont-ils noté, la cause des médecins et des agents de la Santé publique se confond parfaitement avec la cause du peuple et des citoyens qu'ils ont appelés à apporter leur appui aux médecins et aux personnels de la Santé publique afin d'assurer l'amélioration ambitionnée des prestations sanitaires fournies par les structures de la santé publique, à travers la promotion des conditions de travail dans ces établissement et de la situation matérielle et professionnelle de tous ceux qui y exercent , quelle que soit la catégorie à laquelle ils appartiennent, médecins, cadres paramédicaux, auxiliaires ou simples ouvriers. Salah BEN HAMADI