• Bochra Belhaj Hmida démissionne, alors que Khémaïes Ksila juge que le parti a dévié de ses principes • "La majorité des militants soutient les choix de la direction", affirme Mohamed Bennour, porte-parole du parti Les remous se multiplient au sein du Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL/ ou Ettakatol). Le dernier en date a été la démission de la militante féministe Bochra Belhaj Hmida qui a rejoint ce parti membre de la troïka majoritaire au sein de l'Assemblée Constituante au lendemain de la révolution, avant d'en devenir la tête de liste aux élections du 23 octobre dans la circonscription de Zaghouan. Ex-présidente de l'Association Tunisienne des Femmes Démocrates et avocate défenseur des droits de l'Homme, Mme Belhaj Hmida a annoncé officiellement, le 13 décembre, sa démission d'Ettakatol en signe de protestation contre le positionnement actuel du parti sur l'échiquier politique national. « Mon départ est essentiellement motivé par le nouveau positionnement d'Ettakatol qui ne correspond pas aux promesses faites aux électeurs.», a-t-elle affirmé. Et d'ajouter : «J'ai été en faveur d'un gouvernement d'intérêt national, mais Ettakatol aurait dû, dans un premier temps, entamer les discussions avec sa famille politique. Au lieu de cela, il a accepté d'abord l'alliance avec Ennahdha et le CPR, avant de se tourner sans conviction vers les progressistes. De plus, cela devait être une alliance gouvernementale, en aucun cas une alliance pour l'établissement des lois constitutives. Ettakatol a fait beaucoup de concessions, parfois en contradiction avec ses convictions, à mon avis, ce n'est pas ce que les électeurs attendaient d'eux». Mme Belhaj Hmida a également fait savoir que le parti n'a pas trouvé le moyen de faire coexister une frange de militants modernistes et une autre frange réactionnaire. Malaise galopant Un autre épisode trahit un malaise galopant au sein du parti social-démocrate fondé par Mustapha Ben Jaâfer en 1994. Il s'agit des critiques incessantes qu'adresse Khemaïes Ksila, membre de l'Assemblée nationale constituante élu sous les couleurs d'Ettakatol à l'encontre de la direction de son parti. Ce militant des droits de l'homme a été le premier à avoir dénoncé le passage en force du mouvement Ennahdha qui avait tenté de concentrer tous les pouvoirs entre les mains du Premier ministre dans le cadre du projet de loi portant organisation provisoire des pouvoirs publics. Ce texte soumis par le parti islamiste aux discussions a été amendé, mais M. Ksila semble encore en vouloir à sa formation. «Ettakatol a dévié de ses principes et fait beaucoup de concessions en acceptant une alliance déséquilibrée avec Ennahdha et le Congrès pour la République. Cela inquiète beaucoup les bases et les sympathisants du parti, mais la direction continue à faire la sourde oreille», a précisé M. Ksila, indiquant qu'il compte continuer à militer pour réconcilier sa formation avec ses principes. En réponse à ces critiques, Mohamed Bennour, porte-parole d'Ettakatol, estimé que Khémaïes Ksila exprime une opinion «très minoritaire» au sein du parti. «La majorité des militants soutient les choix de la direction qui n'a à aucun moment renoncé aux principes fondateurs d'Ettakatol. Il est très étonnant de voir un militant qui a rejoint le parti il y a seulement cinq mois tenter d'imposer ses points de vue même si les divergences d'opinions au sein des formations politiques est un signe de vitalité et de bonne santé», a-t-il noté. M. Bennour indique également qu'Ettakatol «aurait peut être commis une erreur » ouvrant ses portes à M. Ksila qui était, selon lui, « proche de l'ancien régime».