Le Temps-Agences - Des djihadistes du Fatah Al Islam ont tué quatre soldats libanais au cours de violents affrontements au camp de réfugiés palestiniens de Nahr Al Bared, dans le nord du pays, apprend-on de sources proches des services de sécurité. Neuf autres soldats ont été blessés dans des combats qui ont éclaté à l'aube après la mort de deux soldats tués par des tireurs du Fatah Al Islam. L'armée libanaise a alors riposté par des tirs d'artillerie. Les combats qui opposent depuis près de deux mois l'armée et le mouvement inspiré d'Al Qaïda, dont le dernier carré est retranché dans les étroites ruelles du camp, ont fait au moins 210 morts - 91 militaires, 75 activistes et 44 civils. Ils sont d'une intensité sans précédent depuis la guerre civile (1975-1990). En vertu d'un accord conclu en 1969, les forces libanaises ne sont pas autorisées à entrer dans les camps de réfugiés palestiniens. Craignant que le conflit ne s'éternise, elles se sont toutefois résolues à enfreindre cet interdit pour déloger les activistes qui refusent de se rendre, a-t-on appris avant-hier de sources proches des services de sécurité et dans les milieux politiques. L'armée a néanmoins démenti dans un communiqué que les combats d'hier constituent un assaut final, affirmant que les opérations "restent dans le cadre d'un resserrement de l'étau sur les éléments armés afin de les contraindre à se rendre et à se soumettre à la justice". Des témoins ont rapporté que l'armée bombardait le camp à la cadence de sept à 10 obus par minute. La marine libanaise participait aussi aux bombardements et une fumée noire s'élevait des bâtiments du camp, souvent réduits à l'état de ruines. Des bulldozers ont déblayé les décombres et les soldats ont érigé des barricades en bordure du camp, fortifiant leurs positions. Les services de sécurité ont rapporté qu'un civil libanais avait été tué par une balle perdue à plusieurs kilomètres du camp. Les combats d'hier sont les plus féroces depuis que le ministre libanais de la Défense a déclaré, le 21 juin, que les principales opérations de combat avaient cessé à Nahr Al Bared après le prise de toutes les positions des activistes en bordure du camp. Le gouvernement accuse le Fatah Al Islam d'être un instrument de la Syrie, ce que Damas et le mouvement démentent. Le groupe dit n'entretenir aucun lien structurel avec Al Qaïda, mais il reconnaît partager son idéologie. Certains de ses membres - principalement libanais, palestiniens, syriens et saoudiens - ont combattu en Irak et, selon des sources proches des services de sécurité, au moins 10 Saoudiens figurent parmi les activistes tués. Par ailleurs, les autorités libanaises ont inculpé trois autres membres emprisonnés du Fatah Al Islam - un Libanais, un Algérien et un Tunisien - ce qui porte à une quarantaine le nombre d'activistes présumés accusés de terrorisme. Ce chef d'inculpation les rend passibles de la peine de mort.