A lu lumière des nouvelles orientations tendant à accorder la priorité aux gouvernorats et régions intérieures en matière de développement régional, la banlieue nord de Gammarth a abrité, ce mardi 24 janvier, un séminaire sur la promotion du tourisme écologique ou écotourisme et la valorisation de la biodiversité désertique en Tunisie. La rencontre a offert l'occasion de mettre en relief les importantes potentialités et richesses naturelles dont dispose la Tunisie dans ce domaine et les opportunités qu'elles offrent pour les exploiter au profit de toutes les régions du pays et en particulier les régions intérieures, compte tenu des spécificités de ce type de tourisme qui enregistre, annuellement, un taux de croissance de 30% dans le monde. Cependant, de nombreuses entraves et lacunes continuent d'empêcher la promotion du tourisme écologique en Tunisie, dont notamment l'absence du cadre juridique et institutionnel pour l'exercice des activités éco touristiques et inciter les promoteurs privés à investir dans ce créneau prometteur. Les travaux du séminaire étalés sur deux jours se sont articulés sur l'élaboration d'un document officiel relatif aux voies et moyens à mettre en œuvre pour la promotion du tourisme écologique et la valorisation de la biodiversité désertique en Tunisie, et ce dans le cadre d'un projet de partenariat entre la Tunisie et la Banque mondiale, financé par le Fonds de l'environnement mondial, moyennant un don se montant à environ 4,5 millions dollars, soit l'équivalent d'environ 8 millions dinars. Participaient au séminaire des experts de Tunisie et de la Banque mondiale, ainsi que les représentants des ministères concernés dont le ministère de l'environnement, des institutions nationales et des associations opérant dans le domaine de l'environnement et du développement local. Les expériences menées en matière de tourisme écologique dans certains pays africains comme le Kenya, le Mozambique, la Namibie ou encore l'Afrique du Sud ont prouvé l'efficacité du tourisme écologique et les larges horizons qu'il peut ouvrir dans le domaine du développement économique régional et local, la création des emplois et des sources de revenus, car la principale règle du tourisme écologique est la participation des populations et des communautés et collectivités locales , à l'instar des communes et des conseils villageois, à la réalisation des projets d'éco tourisme et leur utilisation au service du développement local. Or, les collectivités locales ont la possibilité d'obtenir des prêts auprès des bailleurs de fonds internationaux, comme la Banque mondiale, contrairement aux promoteurs privés. Les communautés et collectivités locales peuvent participer au projet, soit au moyen de participation directe au capital, soit en mettant à la disposition du promoteur privé le site naturel destiné à abriter le projet, soit en lui cédant le site, par concession. Le tourisme écologique comprend toutes les activités touristiques et les projets touristiques qui exploitent les sites et les espaces naturels, tels que les parcs nationaux, les réserves naturelles , les aires protégées, les montagnes, les forêts, les zones humides, les îles et îlots, les paysages naturels. Les projets d'éco tourisme sont souvent des projets de petite taille et sont destinés à accueillir des groupes de touristes restreints. L'écotourisme comprend aussi le tourisme scientifique qui consiste à accueillir des groupes de chercheurs et d'étudiants dans les sites naturels pour effectuer des recherches sur la vie sauvage, la faune, la flore. L'écotourisme met à profit, aussi, les richesses culturelles matérielles comme les sites et monuments archéologiques, ou immatérielles comme le savoir faire local en matière d'artisanat, d'art culinaire traditionnel et autres domaines. Le tourisme écologique comporte aussi l'éducation environnementale pour le respect et la préservation de l'environnement et de la nature. Une de ses règles est que l'exploitation des richesses naturelles doive contribuer à assurer la durabilité de ces mêmes richesses. A cet égard, les responsables ont émis l'espoir de voir ce projet permettre le décollage de l'écotourisme en Tunisie et la mise en application des recommandations contenues dans la nouvelle stratégie de promotion du tourisme tunisien qui ont mis l'accent sur la nécessité de développer le tourisme écologique et d'en faire une activité touristique autonome propre à diversifier le produit touristique tunisien et à alléger la pression exercée sur le littoral à cause du tourisme balnéaire restée la principale composante du tourisme tunisien. Quelques acquis quand même Des réalisations ont été accomplies en Tunisie en matière d'écotourisme. On a ainsi pu identifier quelques 71 sites naturels pour abriter des projets éco touristiques. Il a été aussi décidé de créer un nombre de circuits d'éco tourisme, dont quelques uns ont connu un début d'aménagement. Ces circuits sont le circuit de l'eau à Zaghouan, le circuit de la mémoire de la terre, du Sahara et des oasis, dans le Sud, le circuit des îles et des îlots, le circuit des forêts, le circuit de l'olivier et le circuit des villes andalouses. Il existe en Tunisie 12 parcs naturels, 27 réserves naturelles, 260 zones humides, beaucoup de grottes, de nombreux écosystèmes et paysages naturels, outre le savoir faire local et les richesses culturelles et archéologiques. L'accent a été mis sur la nécessité de réviser les textes de lois existants notamment le Code forestier afin de permettre une meilleure implication du secteur privé, des populations locales et des associations concernées dans la gestion de ce riche fonds naturel et culturel national et l'exploiter dans le tourisme écologique conformément aux exigences mondialement convenues.