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«L'UTT n'est pas l'instigatrice des troubles sociaux; elle ne fait que défendre les intérêts de ses adhérents» Polémique- Ismaïl Sahbani répond à Hamadi Jebali:
La tension monte d'un cran entre le gouvernement et l'Union des Travailleurs de Tunisie (UTT). Se sentant directement visé par les déclarations du Premier ministre Hamadi Jebali, qui a accusé récemment « un syndicaliste qui a servi l'ancien régime pendant une décennie d'être l'instigateur des sit-in et des grèves dans une grande usine à Mateur où 6000 emplois sont menacés», le fondateur de l'UTT, Ismaïl Sahbani, a répondu du tac au tac au Chef du gouvernement. Cet ex-secrétaire général de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) entre 1989 et 1989 s'est dit « profondément étonné et déçu» par les déclarations de Hamadi Jebali. «Les allégations du Premier ministre sont d'autant plus étonnantes qu'aucun sit-in n'a eu lieu à l'usine Léoni à Mateur», a-t-il martelé, avouant, toutefois, qu'un préavis de grève a été lancé par le syndicat de cette entreprise allemande spécialisée dans la fabrication de câbles et de composants automobiles, pour le 1er février. Et d'ajouter: « nous appelons Jebali à rectifier ses propos et de mesurer la gravité de telles accusations qui constituent une grande injustice et que nous rejetons totalement ». Se défendant d'être l'instigateur des troubles sociaux, le secrétaire général de la nouvelle organisation syndicale fondée en mai 2011a précisé que le préavis de grève à Léoni-Mateur a été lancé suite au refus de la direction de la société de débattre des revendications légitimes des salariés. «Nous agissons dans le cadre de la loi qui autorise le pluralisme syndical pour défendre les intérêts de nos adhérents, loin de toute surenchère sur l'UGTT ou tout autre syndicat », a-t-il précisé.
Main tendue
Ismaïl Sahbani a également indiqué sur un ton presque menaçant que son organisation, qui revendique plus de 80% adhérents dans tous les secteurs et toutes les régions du pays, est en mesure de se défendre contre toute tentative de déstabilisation. « Nous n'avons de leçon à recevoir de quiconque. L'organisation est capable de défendre ses propres intérêts et ceux de ses adhérents », a-t-il asséné. Sur ce même ton combatif, il a fait savoir que son organisation privilégie le dialogue constructif, mais refuse de s'aligner sur les positions du gouvernement ou de l'opposition. « Nous tendons la main au gouvernement, mais ceux qui refusent le dialogue n'ont qu'à assumer leurs responsabilités », a-t-il souligné. L'ex dirigeant de l'UGTT, qui a été condamné en 2001 à treize ans de prison ferme et à de fortes amendes pour « malversation et mauvaise gestion financière » avant d'être amnistié deux ans plus tard, s'est , par ailleurs défendu d'avoir été un pion de l'ancien régime. « Ben Ali ne m'aurait pas jeté en prison suite à un procès politique monté de toute pièce si j'étais proche de l'ancien régime. Je n'ai d'ailleurs jamais adhéré à un parti politique ou reçu un quelconque privilège », a-t-il déclaré, tout en rejetant les accusations selon lesquelles l'UTT compterait des milliers d'anciens membres des cellules professionnelles du défunt Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD). Walid KHEFIFI