• 15 agences de voyages ont fermé leurs portes • Le secteur accuse une perte de 80% • 600 agents de voyages touchés par la crise Les voyagistes tunisiens du tourisme sont catégoriques : leur secteur est en proie à un inquiétant malaise. Le secteur de la vente de voyages n'a pas pu résister aux turbulences de 2011 mais l'année qui vient de commencer s'annonce aussi catastrophique : tels sont, en résumé, les données et témoignages que l'on pouvait recueillir lors de la dernière réunion de la FTAV avec ses adhérents. Premier constat, l'activité n'a pas été reluiante tant pour le voyage d'affaires, souvent prépondérant chez les distributeurs indépendants, que pour la vente de produits touristiques, en dépit -pour cette dernière-des incidences du «printemps arabe», de l'attentat de Marrakech, et de la catastrophe de Fukushima, mais aussi d'une conjoncture difficile en cours d'année. L'heure est loin d'être à l'euphorie. « Si l'autorité de tutelle n'interviendra pas, d'ici la mi-février, pour régler les problèmes du secteur qui vit une situation catastrophique, la Fédération Tunisienne des Agences de Voyages (FTAV) recourra à de nouvelles formes de protestations», a déclaré M.Ali Ettoumi, président de la FTAV au cours d'une conférence de presse qui a estimé que le secteur a enregistré, au cours de l'année 2011, une perte de 80%. Le ciel continue de s'assombrir pour les agents de voyages. La fermeture a touché environ 15 agences. Pourtant, après la révolution, le gouvernement de transition avait promis d'aider ces agences, maintenant au bord du gouffre. Mais aucune mesure n'a été prise et la FTAV se voit désormais contrainte de saisir le gouvernement en lui demandant plusieurs reports de paiement des engagements des agences en faillite, pour permettre au moins à ces dernières de payer leurs employés. L'activité est en crise. Il y a un manque total de visibilité en 2012. On risque de ne pas programmer la Tunisie. Même si les Tunisiens auront toujours l'envie de partir en vacances, ils devront tenir compte de leurs contraintes budgétaires. A l'heure actuelle, leur choix se porte davantage sur le tourisme local. Baisse de pouvoir d'achat, augmentation du chômage, incertitude sur l'emploi limitent les dépenses des ménages pour les vacances. Il en est de même pour les européens qui aiment voyager, mais leur portefeuille ne suit pas. Bref le tourisme est frappé par la crise Une situation précaire La crise touche les 600 agents de voyages tunisiens. Plusieurs problèmes entravent notre activité. Mohamed Toumi ne mâche pas ses mots. S'adressant au site français tourmag il avoue en ces termes que l'activité est bloquée « Ici, en Tunisie nous demandons à ce que cesse la concurrence déloyale des sociétés de service qui travaillent avec un téléphone mobile et un ordinateur portable, sans aucun contrôle. Nous demandons à ce qu'elles répondent aux mêmes obligations que nous. Nous avons de lourdes charges, des garanties, des cautions dont celles réclamées par IATA à payer. Nous demandons aussi à certains hôteliers de cesser leurs pratiques en accordant en direct des prix plus bas que ceux qu'ils nous communiquent ! Nous nous battons contre le bradage des prix demandés par les TO pour les excursions. Certains demandent même la gratuité des transferts ! Toutes ces réductions qui nous laissent peu de marge ont un impact négatif sur les services. Si nous voulons changer notre image de marque, il faudra en finir avec ces pratiques. Je ne veux plus entendre dire que la Tunisie est un produit bas de gamme pour les pauvres » D'autres mesures administratives risquent de freiner ce secteur notamment la « caution ONTT » qui risque d'entrer en application le 1er février 2012, la limitation du kilométrage autorisé pour les excursions touristiques qui touche aux agences spécialisées dans le transport terrestre, l'Outgoing touché de plein fouet par la décision de la Banque centrale de Tunisie de plafonner à 10 MD l'enveloppe destinée à l'Inclusive Tour et la main mise de la SNR sur la Omra et le Haj. Tous ces problèmes et bien d'autres mettent en péril la santé financière de tout un secteur et de ceux qui y travaillent. Les solutions existent pourtant mais leur mise en application demeure tributaire du bon vouloir de l'administration du Tourisme et celle du Transport notamment. Encore faut-il qu'elles aient la moindre considération pour les employés du secteur. La priorité, c'est de tout mettre en œuvre pour réussir l'été prochain. Un groupe de travail doit être mise mis en place : il réunira les agents de voyages, des représentants de l'Etat et des collectivités, qui se coordonneront sur la manière de faire pour établir un plan d'action visant à booster cette activité. Mais en attendant le dénouement de la crise, il faudrait trouver des solutions urgentes pour éviter aux voyagistes de mettre les clefs sous le paillasson surtout que nombreuses sont les agences qui ne sont plus aujourd'hui en mesure d'honorer leurs échéances financières. Kamel BOUAOUINA