A l'initiative de la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme, section Sfax-Sud, une trentaine d'associations de la société civile dont notamment L'Association des femmes Démocrates, l'Association Magida Boulila, l'Association des médecins de Libre Pratique, le syndicat Régional des Médecins Dentistes et des Pharmaciens, l'Association des Psychiâtres, ont publié un communiqué dénonçant la venue de Wajdi Ghonim « prédicateur chantre de l'excision et de la mutilation » et personne dont la présence est indésirable. La société civile se mobilise donc à Sfax pour exprimer son hostilité à la visite du prédicateur et à son prêche prévu aujourd'hui, à la mosquée Sidi Ellakhmi, une visite qui suscite, comme l'indique le contenu du communiqué ainsi que la réaction des composantes de la société civile, une véritable levée de boucliers. Une action en justice a été même intentée destinée à empêcher la prise de parole par Wajdi Ghonaim pour « atteinte aux valeurs du peuple tunisien mais aussi atteinte aux symboles et aux attributs de la souveraineté nationale à travers ses propos jugés injurieux à l'égard de l'hymne national. » Le texte du communiqué est adressé aux citoyens, au Président de la République, au Chef du gouvernement, au Président du Conseil Constitutionnel, et également aux partis politiques. Il y est dénoncé « les idées obscurantistes et moyenâgeuses qui non seulement frappent d'excommunication les défenseurs de la démocratie mais surtout prônent un traitement avilissant pour la femme et bafouant les droits de l'Homme, les plus élémentaires». Il y est fait appel à tout le monde afin que chacun assume sa responsabilité vis-à-vis « de la propagation des appels au crime, à la discorde, à la violence, à la violation de l'intégrité physique, voire même à la guerre civile ainsi que la volonté délibérée de jeter l'anathème sur les défenseurs de la démocratie, sachant que tout cela révèle des positions politiques visant à perturber l'ordre social et à faire diversion quant aux revendications sociales, économiques prônées et revendiquées par la Révolution de la Dignité » Le communiqué stigmatise aussi : « l'exploitation illégale des mosquées pour la diffusion de discours obscurantistes par des prédicateurs ignorants et charlatans, auteurs de fatouas en contradiction avec l'esprit et l'essence même de notre religion, mais aussi tout à fait en rupture totale avec notre patrimoine culturel et civilisationnel. Il « exige également des autorités régionales d'interdire le prêche prévu de Wajdi Ghonaim demain, à l'occasion de la prière du vendredi ». Enfin, le communiqué invite les citoyens à un rassemblement de protestation aujourd'hui à 13h devant le siège du gouvernorat. Taieb LAJILI
... Et l'intégrité des mosquées? Le ministère des Affaires religieuses a appelé tous les fidèles à «préserver l'intégrité des mosquées, ainsi que leur caractère sacré et à les consacrer au culte». Cet appel intervient en réaction aux plaintes qui sont parvenues au ministère des Affaires religieuses à la suite des évènements survenus récemment dans plusieurs mosquées consistant notamment à démettre des imams de leurs fonctions sans motifs précis et à en installer d'autres, à les menacer et à saccager les objets des lieux du culte. Dans un communiqué publié hier, le ministère des Affaires religieuses a averti tous les fidèles que les mosquées sont des lieux publics régis par la loi, doivent faire l'objet de gestion rigoureuse et rationnelle et être soumis à la tutelle administrative du ministère. Le ministère a affirmé son engagement à procéder à la réforme des mosquées, faisant part de sa compréhension face au mécontentement des fidèles contre un certain discours religieux et l'image négative véhiculée par certains prédicateurs et imams. Le ministère des Affaires religieuses veillera à l'avenir à ce que les imams et les prédicateurs répondent aux exigences de la compétence, de la rigueur et de la justice, a indiqué le communiqué, rappelant que les lieux du culte «rassemblent et ne divisent pas et ne doivent pas se détourner de leur vocation».