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Le cafouillage !
Crèches et jardins d'enfants
Publié dans Le Temps le 18 - 07 - 2007

7h30 du matin, hiver comme été, des bébés et des enfants de 2 à 4 ans sont accompagnés par leurs parents pour aller passer une journée ou une demi journée à la crèche ou au jardin d'enfants.
A peine arrivés devant la porte de l'institution, les enfants s'accrochent à leurs parents et ne veulent pas les quitter. Ils pleurent, ils crient mais en vain. Maman doit partir pour aller travailler et pouvoir leur procurer ce qu'ils souhaitent.
Elle part avec un sentiment d'amertume et de chagrin et passe une journée à attendre avec impatience le moment de les retrouver.
Les enfants entrent, quant à eux, dans la salle pleine de jeux de toutes les couleurs. Leurs amis sont là. Ils s'installent, ils cessent de pleurer et ils commencent à jouer. Ils rient, ils s'arrachent les jouets, ils crient, ils mangent puis ils dorment.
Ils se réveillent prennent leur goûter et recommencent à jouer. L'heure de rentrer est arrivée. Les parents viennent récupérer leurs enfants qui les accueillent avec une grande joie et un immense sourire.
C'est là, la journée type de plusieurs familles qui sont obligées d'inscrire leurs enfants dans une crèche ou un jardin d'enfants.

Non-respect du cahier des charges
Ces institutions sont multiples dans toutes les régions du pays. Parfois on en trouve même deux dans une même rue. Mais beaucoup d'entre-elles ne sont pas agréées. D'autres le sont mais n'appliquent pas à la lettre le cahier des charges.
Ainsi, on constate des dépassements multiples en tous genres : des monitrices non qualifiées et au nombre limité payées au bas salaire ; non respect des normes de l'espace devant être réservé pour chaque enfant, non respect aussi des règles d'hygiène et de santé, des enfants ayant des maladies contagieuses comme la varicelle sont acceptés, d'autres qui ont 3 ans et même 4 ans et sont dans la même salle avec des bébés d'un an, ...
Les responsables de ces institutions affirment qu'ils ne peuvent pas appliquer le cahier des charges tant qu'ils n'ont pas les moyens matériels pour le faire. Ils souffrent de difficultés financières importantes qui s'accentuent notamment en cette période d'été où plusieurs enfants partent en vacances.
Après une sérieuse étude de projet, et malgré un niveau d'étude supérieur, une formation dans le domaine et un stage, certains promoteurs ne dépassent pas un an ou deux d'expérience puis décident de fermer les portes.
Entre le loyer, le remboursement du crédit, les impôts, le paiement du personnel et d'autres charges non moins importantes, le promoteur ne trouve plus son compte. Et pourtant à la Direction générale de l'Enfance on nous affirme que les jeunes promoteurs bénéficient de tous les encouragements et toutes les aides pendant les cinq premières années d'installation.

Des solutions urgentes doivent être trouvées
Le problème est sérieux et même grave. Si les droits de nos enfants sont bafoués dans un pays qui a signé la convention internationale des droits de l'enfance depuis 1991, c'est que nous avons encore beaucoup à faire dans ce domaine.
Conscients de l'acuité des problèmes, les pouvoirs publics envisagent des solutions pour ce secteur et spécialement pour les crèches dont le nombre reste très limité malgré le besoin de plus en plus ressenti vu qu'une grande proportion des femmes tunisiennes travaillent et ne restent pas au foyer comme auparavant. Des jardins d'enfant n'ayant pas l'agrément pour une crèche accueillent des bébés sans assurer le minimum requis de personnel qualifié et formé en hygiène et santé ni de chambres à coucher ni d'ailleurs le matériel adéquat.
D'autres familles préfèrent laisser leurs enfants chez une femme au foyer sans aucune assurance.
Il est aussi important de renforcer le dispositif de contrôle afin que les responsables des institutions préscolaires sachent à quoi s'en tenir.
Les jeunes promoteurs doivent avoir des aides financières plus importantes avec des fonds de roulement à la base et non pas de simples conseils d'encadrement et d'orientation. Si on sait au préalable qu'ils vont devoir emprunter de l'argent pour survivre, on ne doit en aucun cas les conseiller d'ouvrir. On aura à la fin des institutions illégales et des dépassements multiples qui seront justifiés par le manque de ressources financières. Des solutions urgentes doivent êtres trouvées afin de garantir la sécurité, la santé et le développement mental et émotionnel de nos enfants qui sont l'avenir de notre pays.

Adel Ellouz, Direction générale de l'Enfance
« Notre objectif est l'amélioration de la qualité des services dans l'intérêt unique de l'enfant et non pas la fermeture des institutions »

Le Temps : D'abord combien comptons-nous de crèches et de jardins d'enfants publics et privés ?
Adel Ellouz : Selon les chiffres de 2006, nous comptons un total de 2703 jardins d'enfants dans toute la Tunisie dont 2287 institutions privées, 316 relevant des organisations, 80 des municipalités et une vingtaine relèvent des ministères. Quant aux crèches, elles sont au nombre de 127 et elles sont toutes privées.

Ne pensez- vous pas que l'investissement du secteur public dans ce domaine est très limité ?
La démarche actuelle consiste à promouvoir le secteur privé. Des encouragements importants sont accordés aux jeunes promoteurs pour investir dans ce domaine. Le secteur public accompagne ces promoteurs et les aide à résoudre leurs problèmes notamment pendant les cinq premières années d'installation.

Pourquoi n'y a-t-il aucune crèche relevant du secteur public ?
D'abord parce que nous voulons encourager les mamans à jouer pleinement leurs rôles notamment pendant cette période. Avant l'âge de trois ans et surtout quand il n'a encore que quelques mois le bébé a besoin de sa maman beaucoup plus que n'importe quelle autre personne. En revanche après 3 ans on encourage vivement les parents à inscrire leurs enfants dans les institutions éducatives. A cet âge, l'enfant a beaucoup besoin de socialisation et ce n'est qu'avec ses paires qu'il peut apprendre et construire sa personnalité. Toutefois, ces dernières années nous avons senti un besoin à développer les crèches vu qu'une grande partie des mamans travaillent et ne peuvent rester avec leurs bébés que les trois premiers mois. Nous avons donc toute une stratégie dans ce domaine et qui vise à satisfaire les besoins de toutes les mamans. Nous encourageons les associations à signer avec nous des conventions bilatérales, nous avons mis en place tout un programme qui cible les femmes au foyer qui gardent des bébés. Nous avons organisé des séminaires de formation au profit de quelque 300 femmes et nous avons un cahier des charges qui paraîtra bientôt. Nous avons aussi veillé à introduire l'enseignement de la puériculture dans le module de formation de Carthage Dermech et ce spécialement à partir de l'année prochaine. Une spécialité qui n'existait pas auparavant. Nous avons aussi signé une convention avec le ministère de la Santé publique pour former le personnel ayant un niveau de baccalauréat en hygiène et santé vu qu'ils seront en contact direct et quotidien avec des bébés. Parallèlement, un autre programme est également en cours d'élaboration et il est destiné spécialement aux jeunes mamans dans les zones rurales. Il consiste à leur procurer une formation en hygiène et santé.

Pourquoi le secteur public n'investit-il pas lui-même dans ce domaine et ne procède-t-il pas à l'ouverture de certaines crèches comme c'est le cas pour certains jardins d'enfants surtout sachant que certaines familles n'ont pas les moyens pour payer les tarifs élevés exigés par les crèches privées ?
Le secteur public ne peut pas investir directement. Une crèche coûte très cher vu son cahier des charges.

Si pour l'Etat cela coûte très cher alors comment un jeune promoteur pourra-t-il le faire ?
C'est vrai que c'est difficile. Mais nous sommes là pour aider ces jeunes promoteurs au moins pendant les cinq premières années d'installation. Nous leur offrons une formation gratuite, nous les conseillons et nous les encadrons.

Qu'en est-il du contrôle ? Nous avons remarqué que plusieurs crèches sont ouvertes et accueillent des bébés alors qu'elles n'ont ni le personnel qualifié, ni l'espace adéquat ? Quand on compare le cahier des charges avec la pratique on a l'impression qu'il n'y a pas le moindre contrôle pour ces institutions qui accueillent la tranche d'âge la plus fragile de la société ? En plus certaines crèches ne sont même pas répertoriées au ministère de l'Enfance alors qu'elles sont ouvertes et continuent à travailler sans qu'on les dérange ? !

D'abord c'est l'inspecteur qui décide d'effectuer des visites pour certaines crèches et ce à n'importe quelle date qu'il choisit. Deuxièmement, le travail avec les cahiers des charges est une méthode très développée. Cela sous-entend un engagement et un self-control. Seulement, les mentalités doivent changer et cela ne s'acquiert pas du jour au lendemain. Troisièmement, nous essayons d'accompagner et d'encadrer et non pas de contrôler. Quand on constate des dépassements, on ne peut pas tout de suite procéder à la fermeture de la crèche parce que nous prenons en considération le personnel qui va se retrouver sans emploi, les familles qui seront perturbées au milieu de l'année et qui devront chercher une autre institution pour y inscrire leurs enfants...c'est pour cela que ce n'est pas facile. Nous essayons de réagir avec souplesse tout en mettant en considération l'intérêt de l'enfant avant tout.
Pour ce qui est des crèches illégales, nous avons deux solutions : soit nous informons les autorités compétentes (le gouvernorat), soit nous essayons de résoudre le problème à l'amiable en invitant la directrice à régulariser sa situation. Notre objectif est l'amélioration de la qualité des services dans l'intérêt unique de l'enfant et non pas la fermeture des institutions.

Mais parfois il faut être plus ferme afin que les choses changent. Les inspecteurs doivent obliger les directeurs de ces institutions à respecter le cahier des charges et doivent les dissuader par la fermeture !

C'est ce qu'on fait tous les jours. Mais c'est vrai que nous avons un autre grand problème, celui du manque d'inspecteurs. Leur nombre est extrêmement réduit par rapport au nombre d'institutions de l'enfance. D'ailleurs, nous avons un inspecteur qui couvre deux gouvernorats. Et en plus, ces inspecteurs sont chargés à la fois du contrôle et de la formation.

Le mot de la fin
Le secteur de l'enfance est un secteur très important et très délicat. Nous essayons toujours de mieux faire, nous avons beaucoup de contraintes et à chaque fois que nous avançons d'un pas nous avons de nouvelles exigences !


Samia Nouir Ben Maâmar, directrice d'une crèche
« Les exigences du cahier de charges ne tiennent pas en ligne de compte les charges mensuelles»
* Samia est directrice d'une crèche créée le 23 août 2006. Elle est titulaire d'un troisième cycle. Témoignage.
« J'étais enseignante et j'ai démissionné de mon poste pour être avec mes enfants. J'ai fait une formation et j'ai ouvert cette crèche qui m'a coûté plus de 20 mille dinars. J'ai bénéficié d'un crédit de 10 mille dinars, le reste c'est mon mari qui me l'a procuré. Le premier problème que j'ai rencontré est celui du personnel. La plupart des monitrices préfèrent les jardins d'enfants aux crèches. Elles en ont toujours peur. Elles ne veulent pas changer les couches, faire les biberons et, en plus, elles veulent toujours rentrer tôt.
Les monitrices diplômées de Carthage Dermech préfèrent quant à elles être recrutées dans les clubs et dans les Centres intégrés. Si je les recrute elles passent une seule année au maximum et quand elles trouvent une opportunité de recrutement, elles partent.
Pour ce qui est des monitrices niveau bac, je dois les envoyer faire une formation qui me coûte 50 dinars, plus la fourniture, plus le transport, plus le salaire. Et par-dessus tout je dois gérer l'absence de la monitrice pendant les jours de formation. Je suis prête à payer la CNSS, à payer les frais de formation mais je veux aussi avoir un personnel qui ne part pas d'un jour au lendemain. Les enfants ne supportent pas facilement le changement.
Le deuxième problème est le loyer. Je paye chaque mois 700 dinars. Et à chaque fois que je veux faire des améliorations, je suis obligée de convaincre le propriétaire. Par exemple, le cahier des charges nous oblige d'avoir des unités sanitaires (toilette et lavabo) adaptées aux enfants et au nombre d'une unité pour chaque dizaine d'enfants entre 2 et 3 ans. Pour faire ces aménagements, le propriétaire doit me donner son accord.

Il faut être propriétaire pour réussir
A mon avis pour réussir dans ce projet et pour pouvoir respecter le cahier des charges, je dois être propriétaire et non pas locataire. Au lieu de payer les 700 dinars au propriétaire, je les verse à la banque et je deviens moi-même propriétaire. J'ai postulé pour avoir un crédit bancaire pour concrétiser ce projet, je n'ai pas eu cet accord. Résultat, je suis obligée de payer mensuellement des charges équivalant à 1500 dinars alors que je n'ai pour entrée d'argent qu'environ 500 dinars. A part l'aide de mon mari, je n'ai bénéficié d'aucune autre aide financière excepté le crédit de 10 mille dinars au départ. Ces problèmes financiers me poussent à ne pas respecter à la lettre le cahier des charges alors que mon seul et unique souhait c'est de l'appliquer à la lettre et d'avoir une crèche type. Je suis avant tout une maman, et je comprends parfaitement l'inquiétude des parents et leur exigence. J'ai essayé de mieux faire, j'ai dépensé des milliers de dinars pour avoir les meilleurs équipements. J'ai même fait une connexion ADSL et installé un web cam pour que les parents puissent être rassurés et communiquent avec leurs enfants là où ils sont. Une première pour les crèches et les jardins d'enfants. Malheureusement, je n'ai plus les moyens de payer les factures.
C'est vraiment un combat au quotidien et je souhaite que la Direction de l'Enfance soit plus attentive à nos problèmes et nous procure de l'aide à tous les niveaux. Par exemple, juste pour avoir les formulaires de l'indemnité de 15 dinars dont peuvent bénéficier les mamans ayant un salaire ne dépassant pas les 450 dinars, je suis allée à la direction de l'enfance deux fois et je n'ai pas pu les avoir ».


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