Omar Sy, acteur français d'origine sénégalaise, a décroché à Paris, contre toute attente, le César du meilleur acteur ravissant le trophée à Jean Dujardin, qui obtiendra l'oscar du meilleur acteur dans le film « The artist ». Le jury des César a voulu récompenser un phénomène qui a dominé l'année 2011 s'imposant au cinéma dans le film « Intouchables », après avoir crevé le petit écran, sur Canal+, dans l'émission Service Après-Vente (SAV) qui passe quotidiennement dans le Grand journal. Jean Dujardin, nominé aux Oscar, a déjà raflé, pour son rôle dans The Artist, le Prix d'interprétation à Cannes, un Golden Globe et un Bafta. Il espérait le grand chelem en obtenant le César et un Oscar. Mais, décidément, on n'est pas prophète dans son propre pays, semble lui dire le jury des César. En réalité, le film « Intouchables », interprété par Omar Sy et François Cluzet a été le phénomène de l'année. Sorti dans les salles en France le 2 novembre 2011, il a depuis attiré 19 millions de spectateurs, se plaçant en deuxième position derrière «Bienvenue chez les Ch'tis » de Dany Boon (21,4 millions d'entrées) et dépassant « La grande vadrouille » de Louis de Funès et Bourvil (18 millions d'entrées), dans le palmarès des meilleurs scores de l'histoire du cinéma français. Toujours à l'affiche, avec le César du meilleur acteur, le film « Intouchables » est bien parti pour battre le record absolu. En comparaison, The Artist n'a attiré qu'un million et demi de spectateurs Dans « Intouchables », Omar Sy partage la vedette avec François Cluzet. Le film raconte la rencontre entre un riche tétraplégique et un jeune de banlieue recruté pou être chauffeur et aide-soignant du malade. Un black de banlieue parachuté dans le monde snob et sophistiqué de la grande bourgeoisie française. Le résultat est hilarant et touchant à la fois. Traité avec doigté et justesse dans le ton, le scénario, bien ficelé, tient le spectateur de bout en bout. Il réussit le tour de force de faire rire sur des sujets sensibles, le handicap, les préjugés de race et de classe. Mais il ne tombe ni dans la compassion ni dans les clichés. Les clés de la réussite du film résident dans l'extrême justesse du traitement des situations humaines, dans la bonne humeur insufflée par le talent d'Omar Sy et par la réserve bienveillante du jeu très en finesse de François Cluzet. Le film, qui s'inspire d'une histoire vraie entre un tétraplégique français et son aide marocain, met en scène une rencontre humaine, partie pour être incertaine et qui se transforme en véritable relation. Dans cette année électorale où le débat d'idées tourne à la mascarade raciste et aux invectives contre les immigrés et les étrangers, proférés par l'extrême droite et des personnalités du gouvernement français et de la droite populaire, le jury des Césars semble indiquer qu'il a déjà choisi pour qui ne pas voter le 6 mai prochain.