• Le chauffeur et le convoyeur “tabassés (selon leurs dires) par deux policiers” • Une catastrophe évitée de justesse • Le ministère de l'Intérieur : “L'affaire n'est pas encore claire” Une grève du personnel de la SRTK (Société Régionale de Transport de Kasserine) a été observée, hier toute la journée, dans le parc des bus kasserinois. Toute la flotte de ladite société de transport, à savoir 143 bus, a été en arrêt durant la journée du samedi 02 mars 2012. Cette grève, annoncée par Noureddine Gharsalli, le Secrétaire Général du bureau régional de la Confédération Générale des Travailleurs Tunisiens (la CGTT), est venue suite aux agressions physiques dont étaient victimes le chauffeur (M. Nader Guesmi) et le convoyeur (M. M'barek Boulaabi) de la compagnie de transport kasserinois. Les agresseurs ne seraient autres, selon les propos de l'un du chauffeur du bus allant de Kasserine et se dirigeant à la ville de Sfax, que deux agents de l'ordre. Agression et abus de pouvoir Il faudra dire que nos deux victimes se sont levées du pied gauche en cette journée du vendredi. Le bus a quitté la ville de Kasserine à 7H45, direction Sfax. A mi-chemin, c'est-à-dire, 9h30, on arrive à la station de Wled Haffouz. Alors que le car était plein à craquer et bourré à fond, deux policiers, dont un en civil et l'autre en tenue, essayaient à tout prix de monter. «Gentiment, mon collègue le convoyeur, Noureddine, a fait comprendre aux deux agents qu'il vaut mieux prendre le bus d'après, nous confia le chauffeur car, Nader Guesmi, étant donné que le bus était déjà archi-comble». Toujours selon le chauffeur, au lieu d'être compréhensif set coopératifs, l'un des policiers, celui qui portait la tenue des forces de l'ordre, riposta qu'il va monter accusant le convoyeur de lui avoir manqué de respect. Puis il administra une bonne série de taloches au convoyeur en question. Un voyage cauchemardesque «J'ai du intervenir pour secourir et protéger mon collègue violemment agressé. J'ai reçu des coups de pied au dos, qui m'ont, d'ailleurs, valu 17 jours d'arrêt de travail ! Les deux policiers, originaires de Wled Haffouz ont fait appel à leurs voisins et amis qui campaient au café d'en face, rajouta notre témoin. Ils auraient même selon lui, exhorté les énergumènes et les passants à brûler le bus. «Mine de rien, nous et les passagers étions à la merci d'une vague de violence terrorisante ! Une pluie torrentielle de pierres tombait sur le bus. On nous attaquait de toutes parts. Pour calmer la situation qui était presque sans issue, vu que la situation prenait un tournant cauchemardesque, nous avons préféré faire profil bas.» Contraints, les deux employés de la SRTK, ont laissé monter les deux policiers. Celui qui était en tenue est resté collé au convoyeur alors que celui en civil s'est campé à côté du chauffeur. Ce dernier, tentant de diriger le bus vers le poste de la Garde nationale de Wled Hafouz, a de nouveau été attaqué par le policier qui le guettait. «Alors que le bus tenait la route, l'agent de l'ordre arrache la clé du bus. Le volant était resté bloqué et le bus roulait sans que je puisse le contrôler. On l'a échappé belle ! Les passagers étaient terrorisés ! Il fallait qu'ils supplient celui qui devait normalement leur fournir «la sécurité», pour me rendre la clé.» Grève et indignation Notre témoin continue : «J'ai tout de même réussi à aller au poste de la Garde nationale pensant que justice nous sera rendue. Peine perdue ! Sur place, l'agent qui a agressé mon collègue, a pris les devants. Adoptant la stratégie de «la meilleure défense c'est l'attaque», il a tordu la main au convoyeur et l'a poussé hors du bus vers le poste de la garde nationale. Quand j'ai tenté d'interpeller les agents qui étaient sur place, on m'a répondu qu'il vaut mieux régler ça à l'amiable et étouffer cette histoire !» «Hébétés, on a quitté le poste et on a terminé le voyage. Le soir, on a contacté tous nos collègues et avec l'accord de la CGTT, nous nous sommes entendus sur la grève du samedi. Heureusement que les citoyens étaient compréhensifs aujourd'hui quand on leur a expliqué la raison de la grève. Compatissants, ils nous ont soutenus.» Même s'il reprend aujourd'hui le cours normal de leur activité, le personnel de la SRTK ne compte pas s'arrêter là. Une fois la semaine bloquée passée, «car nous avons sous notre responsabilité les élèves. Ils n'ont pas à payer les pots cassés.», les chauffeurs et convoyeurs n'ont pas dit leur dernier mot. Ils attendent qu'une enquête soit menée et que les deux agents en question soient réprimandés selon la loi. Il est à rappeler, que le personnel de la SRTK n'en n'est pas à sa première agression. Il y a quatre mois, un receveur, M. Lazher Ferchichi, 59 ans, a été tabassé par un agent de la garde nationale. Résultat des courses : multiples fractures dans une seule et même jambe. Des fractures qui l'ont condamné à rester alité durant 4 mois… Melek LAKHDAR
Nous avons contacté le ministère de l'Intérieur pour avoir de plus amples informations, on nous répondit que l'affaire n'est pas encore claire. ins