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« La classe politique nous inquiète… ! »
Rencontre : Brahim Azzabi, Président de la Fédération Tunisienne des Arts Plastiques (FTAP)
Publié dans Le Temps le 08 - 03 - 2012

Brahim Azzabi est diplômé de l'Ecole des Beaux-Arts de Tunis où il étudia de 1969 à 1975. Il séjourna à la Cité des Arts de Paris en 1977. Il fut tour à tour secrétaire général de l'Union des Plasticiens Tunisiens de 1987 à 1989, vice-président de l'Association Internationale des Arts Plastiques de 1989 à 1995 et co-fondateur avec Khalil Gouiâ de la Fédération Tunisienne des Arts Plastiques en 2011, dont il est actuellement le président. Il collabora pendant plusieurs années en tant que journaliste culturel avec plusieurs journaux arabes et en français. Entretien :
Le Temps : de nombreuses expositions, une bonne expérience et de belles œuvres : tel est le bilan de votre parcours artistique. Comment évalueriez-vous votre carrière ?
Brahim Azzabi : dans ma peinture, j'aspire toujours à la liberté dans la recherche esthétique, j'essaie de me libérer en associant figuration et abstraction. Avant et après la Révolution, la force de la contestation a toujours marqué ma peinture ; depuis ma première exposition en 1976, la cause palestinienne n'a cessé d'inspirer ma peinture et, plus tard, les agressions contre l'Irak m'ont beaucoup interpellé. Pour que ma peinture ait un sens, j'ai toujours essayé de lier les événements aux mythes qui leur correspondent, comme, par exemple, Prométhée, dans son combat pour la vie. D'ailleurs, en 1995, j'ai réalisé une œuvre inspirée du poème de Chebbi « Le mythe de Titan ou ainsi chantait Prométhée ». Comme autre exemple, j'ai peint en 2009 un tableau sur le « Phénix qui renaît de ses cendres ». Depuis 2008, j'ai commencé une série d'œuvres sur le mythe de Gilgamesh et la quête de l'immortalité. Cet engagement individuel cible également la recherche esthétique.
* Dans quelle mesure la Révolution vous a-t-elle inspiré ?
- Même avant la Révolution, une bonne partie de mon œuvre est considérée comme une revendication permanente de liberté et une défense des causes justes et légitimes (Palestine, Irak) ; ce qui fait qu'avec la Révolution j'ai continué sur le même chemin, mais d'autres thèmes se sont imposés à moi et sont entrés au centre de mes préoccupations, à savoir, la torture, l'oppression, le martyre qui me donnent l'occasion de fouiller dans notre histoire pour figurer librement des personnages historiques comme Farhat Hached, Salah Ben Youssef, Habib Bourguiba, des figures emblématiques qu'il faudrait sortir de l'oubli.
*Donc, peut-on dire que vous vous sentez plus libre de vous exprimer depuis la Révolution. La liberté d'expression n'est-elle pas menacée aujourd'hui ?
- Nous sommes libres, en fait. Mais la classe politique nous inquiète : l'arrestation des journalistes d'Ettounissia et la manière dont ils ont été traités ont ébranlé notre confiance quant au processus démocratique et l'instauration de la justice. Nous autres, plasticiens, sommes concernés par ce genre de restrictions portant atteinte à la liberté d'expression et condamnons vigoureusement cet acte de répression sans antécédent. Ce qui est paradoxal, c'est que ceux qui gouvernent aujourd'hui ont toujours été des militants, et pourtant, on les voit encore hésitants devant les revendications pour lesquelles ils ont dû endurer les pires tortures dans les geôles de l'ancien régime !
*Parlons maintenant de votre Association. Dans quel but avez-vous fondé la Fédération des Arts Plastiques, alors qu'une Union des Artistes Plasticiens Tunisiens existe déjà ?
- Khalil Gouiâ et moi-même avons fondé la Fédération Tunisienne des Arts Plastiques dans le but de promouvoir la production artistique en matière d'arts plastiques et la création des procédés et des moyens capables d'assurer la propagation culturelle de cette production et de la mettre en circulation à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Notre association se veut être différente en essayant de mobiliser tous les concernés par les arts plastiques : peintres, galeristes, théoriciens de l'art, critiques d'arts, collectionneurs… Depuis, la création de cette fédération, les projets se sont succédé : on a commencé par réaliser un objectif : « l'art dans la rue » en exécutant de nombreuses fresques sur les piliers du pont de la république à Tunis pour éliminer la grisaille du béton, sachant que dans la capitale, l'art plastique est quasi absent ; les galeries d'antan étant transformées en boutiques de prêt-à-porter ou en gargotes. Nous referons la même expérience très prochainement au niveau du pont à l'entrée de Béja. Nous avons également tenu un colloque sur le marché de l'art à Sousse qui a eu un écho favorable. Nous avons organisé notre exposition annuelle au Palais Kheireddine qui a regroupé plusieurs artistes. Bientôt, nous organiserons une autre exposition au Ribat de Sousse et à Msaken, dans le cadre de la décentralisation de l'art.
*Et qu'en est-il de vos relations avec les autres associations d'arts plastiques ?
- Notre Fédération, comme son nom le suggère, a pour but de rassembler et non de diviser, comme certains le prétendent. Elle est ouverte à tous les plasticiens qu'ils soient adhérents ou non. Cependant, on a à faire face à ceux qui veulent être les seuls représentants des artistes tunisiens ! On a fondé cette Fédération, grâce surtout à la sagesse, la vigilance et l'abnégation de Khalil Gouiâ (actuellement conseiller auprès du ministre de la culture) pour qu'elle soit différente et hors de toute tutelle. Quant à notre relation avec les associations à l'intérieur du pays, elle est excellente, notamment avec les artistes du Cap Bon, de Sousse, de Sfax, de Gafsa et de Monastir. Quant à ceux qui veulent nuire aux intérêts de nos adhérents et leur mettre les bâtons dans les roues, qu'ils soient des membres de la Commission d'achat ou d'autres, nous avons les moyens pour les neutraliser, à commencer par le travail continu et la confiance en l'avenir.
* Quels rapports entretenez-vous avec le ministère de la Culture ?
- En tant qu'association, nous allons attirer l'attention du ministre sur la loi (encore existant mais non appliquée) qui consiste à prélever de 0 à 1% des projets de construction d'établissements publics au profit de la réalisation d'œuvres d'art dans les cimaises ou aux environs de ces établissements en vue de les embellir. Les artistes ont accueilli la Révolution avec beaucoup de soulagement et d'espoir, ayant beaucoup souffert du manque de liberté de création et de transparence de la part de la direction des arts plastiques au sein du ministère. Aujourd'hui, cette commission est pire qu'avant, elle est critiquée de toutes parts, ce qui nous porte à croire qu'un lobby hostile à notre Fédération s'est constitué au sein de cette commission qui pratique deux poids deux mesures lors de l'achat des tableaux. Cette commission a été formée à la va-vite au temps de l'ancien responsable et nous souhaitons voir l'actuel ministre procéder à la reconstitution de cette commission. D'ailleurs, nous allons présenter un projet pour la révision du statut de l'actuelle commission d'achat.
*Votre co-fondateur Khalil Gouiâ est nommé dernièrement conseiller chargé de mission auprès du ministre de la culture, et vous l'avez remplacé à la tête de la Fédération.
- Oui, en effet ! Nous le félicitons pour le nouveau poste et espérons qu'il sera utile là où il est ; c'est l'un des rares artistes qui ait écrit plusieurs ouvrages sur les arts plastiques et réalisé 200 documentaires à la télévision. Bref, il connaît bien les problèmes des plasticiens. Souhaitons qu'avec sa présence au sein du ministère, notre secteur s'organise et qu'un fonds pour la création artistique soit constitué au profit de tous les plasticiens !
Propos recueillis par : Hechmi KHALLADI


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