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KELIBIA : LE BOUCLIER DE CARTHAGE
Redécouvertes
Publié dans Le Temps le 22 - 07 - 2007

Le jebel Sidi Abderrahmen et les collines de Somâa partagent pratiquement la péninsule du Cap Bon en deux.
Les flâneurs qui ont emprunté la route longeant la côte Nord constatent que les pentes boisées du Jebel Ben Oulid rejoignent les plantations côtières de mimosas et de pins d'Alep à Zougag.
Tout de suite après, un carrefour offre la possibilité de se rendre à Menzel Temime ou à El Haouaria. Vers Menzel Témime, on pourra s'arrêter un grand moment à Thazograne, au nom berbère, rendre visite au marabout vénéré de Sidi Maoui et au dolmen consacré à sa mère, érigé dans le cimetière de Sidi Abdallah.
Vers El Haouaria, les raisons de s'arrêter se multiplient. N'en citons qu'une : une visite à Sidi Daoud, au port et au vivier à poissons, antique, creusé dans les rochers au bord de la mer.
Ensuite, la forêt de Dar Chichou, les carrières antiques d'El Haouaria, Kerkouane, et … nous ne parlons plus de rien sous peine d'arriver très tard à Kélibia.
Pour les amateurs de la route qui borde la côte Sud du Cap Bon, Tazarka ou Korba marquent l'entrée dans une région bien individualisée.
Relativement à l'abri des vents de secteur Nord, elle est moins humide que la façade Nord, mais la côte basse, rectiligne, longuement bordée de lagunes n'est pas favorable à la baignade. L'arboriculture et le maraîchage y sont bien développés. A un moment, toutes les façades sont couvertes de guirlandes de piments écarlates.
De jeunes plantations d'arbres fruitiers croissent entre les vieux oliviers et les vignes occupent une surface importante. Si les cultures maraîchères se modernisent, le développement de l'irrigation crée un risque de surexploitation des nappes d'eau.
D'autres voyageurs auront choisi la route la plus courte qui joint Soliman à Menzel Témime par Menzel Bouzelfa. Eux aussi constatent, en dévalant les pentes vers Oum Dhouil et Fortuna, que les plateaux assez secs s'inclinent vers la mer. Les curieux peuvent faire un petit détour vers Fortuna et la Zaouïa de Sidi Ali Bou Rouiguet. Tous les jeunes gens leur montreront des tombeaux rupestres : Haouanet et de vrais faux menhirs : El Hajra Ezzarga : le rocher bleu de Demnet Erramla qui sont des excroissances naturelles mais les nombreuses traces de polissage sur la Hajra Ezzarga prouvent une longue fréquentation peut-être cultuelle.
Si ces sites paraissent les détourner de leur destination première, les amateurs de sites protohistoriques pourront, tout de suite après le grand pont qui enjambe l'Oued El H'jar, à 5 kilomètres environ de Kélibia, emprunter une grande piste très carrossable qui conduit, à 500 à 600 mètres de la route, à l'ensemble des Haouanet d'El Harouri. Méfiez-vous : il s'agit du pont sur « l'Oued des Pierres » : prononcez-le bien parce que, sur les cartes, imprimées par l'I.G.N. français, il est orthographié : Oued El Hadjar et nous avons mis plusieurs heures, en interrogeant de nombreux paysans, à le trouver !
La brochure intitulée : « Kerkouane, cité punique au pays de Tamezrat » rédigée par le Professeur M'hamed Hassine Fantar nous apprend que cette nécropole libyque compte, au moins, 12 tombeaux rupestres composés parfois de plusieurs « chambres » disposées en enfilade conformément à la structure traditionnelle des habitations des villages berbérophones du Sud-Est tunisien. Il faut noter aussi une sorte d'enclos avec un couloir d'accès de largeur irrégulière, doté d'un escalier qui mène à une terrasse où se déroulaient, sans doute, un rite à libations. Ce couloir conduit aux chambres funéraires. Certaines étaient décorées de peintures pariétales qu'on devine sous les couches de suie. Ces tombeaux semblent avoir été utilisés du IVème au IIème siècle avant J.C.
La publication que nous avons déjà recommandée intitulée : « A la découverte du Cap Bon » rédigée par les jeunes archéologues tunisiens : S. Aounallah et M. Fantar nous conseillent aussi de visiter la nécropole punique de Sidi Salem creusée sur une colline dominant la mer à la sortie de Menzel Témime. Elle comprend près d'une centaine de tombes. On peut aller voir aussi celle de Sidi Jameleddine située un peu plus loin, à gauche de la route conduisant à Kélibia. Ces deux nécropoles prouvent que sous la ville de Menzel Témime se trouve une ville antique à identifier qui pourrait être appelée : Tafekhsite.
Dans les environs, deux autres villages : Menzel Yahia et Henchir El Golea ou Henchir El Khémis sont bâtis sur des bourgs antiques.

KELIBIA
Et nous arrivons à Kélibia. L'après-midi est bien avancée. On a besoin de se dégourdir les jambes : une flânerie en ville conduit inévitablement vers les quais du port très animés et l'on peut rentrer à l'hôtel pour consulter la petite brochure récente intitulée : « Kélibia et sa forteresse » rédigée par l'historien Neji Djelloul. Soigneusement documentée et bien illustrée, elle permet de visiter Kélibia avec profit.
Le Professeur Fantar pense, sans en être sûr, qu'il existe un lien entre la fondation de la ville d'Aspis / Kélibia et l'invasion du tyran de Syracuse Agathocle en 310 avant J.C. On a dit que la racine grecque d'Aspis / Clupea (en latin) : le bouclier en était la preuve. Quoi qu'il en soit, une probable cité punique a été prise par les Grecs de Syracuse qui ont construit à sa place une ville et peut-être même un fort. Après l'échec de l'expédition d'Agathocle, les Carthaginois conscients de l'importance du site, l'occupèrent et y construisirent une véritable place forte.
La construction, vers la même époque, des forts de Ras Drek et de Ras Fartas répondait certainement aux mêmes objectifs : gêner les débarquements d'ennemis, en particulier, ceux qui venaient de Sicile et constituer des postes de défense avancée. La riche presqu'île du Cap Bon que les Carthaginois avaient mise en valeur semblait ainsi bien protégée.
Mais le consul romain Régulus, débarquant vers 255 avant J.C., prit la ville, l'incendia et la pilla, comme sa voisine Kerkouane qui ne s'en releva pas. Puis il s'en servit comme d'une base opérationnelle pour continuer sa campagne contre Carthage.
Après avoir vaincu Régulus, les Carthaginois ont rebâti la ville et la citadelle qui a été renforcée. Si elle a bien résisté durant la seconde guerre punique, elle a dû capituler après la prise de Carthage en 146 avant J.C. et, de nouveau, elle a été détruite par les Romains au terme d'une longue résistance. Le port que les Puniques avaient construit n'a été détruit qu'au XVIème siècle par les Espagnols.
Mais Clipea ou Clupea romaine, reconstruite sur les ruines d'Aspis, en raison de sa situation privilégiée, est rapidement devenue prospère, comme ses voisines Neapolis / Nabeul et Curibis / Korba, pour son rôle dans le ravitaillement de Rome en blé et autres produits agricoles d'Afrique. L'historien Neji Djelloul nous apprend que Clipea, devenue rapidement Colonie romaine, s'était tellement agrandie et enrichie que la population locale a fondé, à six kilomètres au Nord, une grande agglomération jumelle appelée Demna qui semble avoir survécu jusqu'au XIIème siècle. Des greniers de l'époque romaine, remarquablement conservés, ont été dégagés sur ce site.
L'invasion vandale a, semble-t-il, durement éprouvé Clipea. Les Byzantins qui ont reconquis le pays ont fortifié de nouveau le site : des vestiges de la citadelle byzantine subsistent à l'intérieur du fort actuel. Elle a été le refuge de l'armée byzantine battue à Carthage par les Arabes en 698. Les Aghlabides lui ont rendu son rôle de place forte et y ont fait construire un « ribat » : monastère – citadelle tenu par de fervents musulmans chargés de la surveillance et de la protection des côtes et du pays.
D'autres « ribat » ont été construits, le long des côtes du Cap Bon, à Sidi Daoud, El Haouaria, Hammamet et sans doute Nabeul. Mais, même si les dynasties Fatimide et Ziride en avaient fait une forte base navale, les raids des Normands venus de Sicile, les invasions hilaliennes, les attaques des corsaires chrétiens ont entraîné la décadence de Kélibia qui tire son nom de l'appellation arabe Iqlibiya. Elle semble pratiquement disparaître à l'époque Hafside. Seule la citadelle continue à être entretenue. Les Espagnols de Charles Quint la ruinent de nouveau en 1550.
Au début du XVIIème siècle, l'administration ottomane renforce la citadelle mais la fin de la Course entraîne l'abandon presque total du fort qui a été remis en état par les Français à l'époque du Protectorat. En 1942-43, les troupes italo-allemandes ont occupé la citadelle et ont créé un petit port militaire pour réembarquer vers l'Europe à la fin de la Campagne de Tunisie.
De nos jours, la citadelle a encore fière allure et se voit de très loin, érigée sur sa colline, à plus de 80 mètres d'altitude. Kélibia a été dotée d'un grand port de pêche et de beaux hôtels. C'est actuellement une ville dynamique qui grandit très vite. Les plages de sable des environs, en particulier celle de Ras El Melah, les vestiges romano-puniques dégagés, la forêt voisine de Dar Chichou et les vestiges de Kerkouane font de Kélibia une destination privilégiée. On peut y séjourner agréablement en toutes saisons.
Toutes les curiosités et les centres d'intérêt y sont réunis y compris, pour les amateurs, la pêche à la ligne du bord ou en barque et la chasse, voire la capture au printemps des rapaces par les fauconniers d'El Haouaria.


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