Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté hier une déclaration «soutenant pleinement» la médiation de Kofi Annan pour mettre fin à un an de violences en Syrie et demandant à Damas de mettre en œuvre ses propositions de règlement. Le texte demande au président syrien Bachar Al-Assad et à l'opposition syrienne de «travailler de bonne foi» avec M. Annan, émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, et «d'appliquer totalement et immédiatement» le plan de règlement en six points mis sur la table par M. Annan lors de ses entretiens à Damas. Si ce plan n'est pas mis en œuvre, le Conseil prévoit de passer éventuellement à des «étapes ultérieures», sans préciser ce qu'elles pourraient être. Le texte mentionne parmi les propositions de M. Annan «la cessation de toutes formes de violence armée par toutes les parties sous supervision de l'ONU» --, en commençant par un retrait des forces syriennes des centres de population -- la «fourniture d'aide humanitaire à toutes les zones affectées par les combats» et «la libération des personnes détenues arbitrairement». Selon le texte, M. Annan demande également la liberté pour les Syriens de manifester pacifiquement, la liberté de déplacement pour les journalistes dans le pays et le lancement d'un «processus politique mené par les Syriens eux-mêmes afin de réaliser les aspirations légitimes de la population syrienne». La déclaration précise que Damas «devrait dans un premier temps cesser tout mouvement de troupes vers les centres de population» et s'abstenir d'utiliser des «armes lourdes» dans et autour de ces localités. Sans dénoncer explicitement les exactions du régime de Damas, le Conseil «exprime sa forte inquiétude devant la détérioration de la situation en Syrie» du point de vue humanitaire et des droits de l'Homme et «ses profonds regrets devant les milliers de morts» qu'a causés cette crise depuis un an. Il s'agit d'une «déclaration présidentielle» qui a moins de poids qu'une résolution mais se révèle généralement plus facile à négocier. Un tel texte est adopté par consensus, sans possibilité de veto. Moscou et Pékin avaient mis leur veto à deux résolutions du Conseil condamnant la répression en Syrie, en octobre 2011 et en février dernier. Cette déclaration vise à soutenir la médiation de Kofi Annan en Syrie et à faire pression sur Damas, selon des diplomates. Au cours des négociations sur le texte, qualifiées de «très difficiles» par un diplomate, la Russie notamment avait émis des réserves. Selon son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, la Russie, fidèle alliée de Damas, refusait que la déclaration prenne «la forme d'un ultimatum» au régime syrien. Finalement, la déclaration ne prévoit plus dans sa conclusion que le Conseil «envisage des mesures supplémentaires» si le plan de règlement de M. Annan n'est pas appliqué mais seulement des «étapes ultérieures», une formulation plus vague et moins menaçante. M. Lavrov s'est félicité hier matin de ce que «le document ne contient ni ultimatum, ni menaces».