Quand on évoque la côte du corail et Bizerte son principal fief, c'est l'image de deux cent cinquante kilomètres de plages balnéaires par excellence qui se présente tout de suite à l'esprit, image pittoresque et rarissime tableau panoramique. Encore faut-il entretenir ce tableau pour qu'il conserve ses lettres de noblesse et le prémunir d'un ternissement et d'une dégradation qui se font sentir de jour en jour. Il est vrai que l'érosion accélérée et soutenue des plages de la perle du nord, très ressentie le long des plages de la corniche durant les trois dernières décennies, laisse entendre que la nature est en train de rechercher un nouvel équilibre écologique pour faire face aux atteintes et aux perturbations environnementales provoquées par l'homme. Seulement, la dégradation des plages balnéaires de Bizerte, de son port punique et de ses deux grands lacs, n'a laissé personne indifférent aux problèmes écologiques dont souffre la région, mais les protestations et les cris stridents de la population bizertine n'ont jamais trouvé d'échos auprès du gouvernement déchu. Heureusement, la nouvelle conjoncture politique créée par la Révolution a constitué un contexte favorable à l'éclosion de la société civile à travers des associations et d'ONG, pour accompagner les nouveaux pouvoirs publics dans la remise en marche du pays dans tous les secteurs. Tout en essayant de réparer et restaurer ce qui peut l'être encore, et pour empêcher la dégradation continue de l'environnement maritime. D'ailleurs, l'organisation récemment d'une table ronde sur la gestion et la protection du littoral de Bizerte par l'Association de protection et de sauvegarde du littoral de Bizerte, a constitué un exemple type de cette implication et de cette conviction à lutter contre la pollution et l'érosion maritime. De création récente, 13 juillet 2011, l'association regroupe des hommes et des femmes de divers horizons, profondément amoureux de leur région à l'image de Tahar Laamouri, Chakib Zouaoui, Abderrahmen Ben Gaied Hassine, Othman Mallouli, Dhiaeddine Chakroun, Tahar Gabsi et autres, dont les objectifs ont été remarquablement étayés par le vice-président, Driss Chérif, qui vise « la protection durable du littoral contre la pollution terrestre et maritime et empêcher les constructions et les infrastructures collectives et individuelles susceptibles de défigurer le paysage maritime et de porter atteinte à la flore et à la faune maritime. Développer l'intérêt des habitants pour leur littoral et les faire participer à la sauvegarde et à la protection de ce patrimoine, créer un parc naturel national le long des dernières côtes sauvages du pays, en continuité avec le parc naturel de l'Ichkeul, agir sur les plans institutionnel et juridique pour la sauvegarde du patrimoine naturel, programmer une campagne de communication à l'échelle nationale, réaliser des études sur le terrain et les enrichir avec les rapports anciens, établir une liste de leaders d'opinion et de décideurs, et mettre en place une action de Lobbying, mettre en place un système d'évaluation des plages du Gouvernorat en vue de décerner des pavillons bleus et des pavillons noirs en fonction de la qualité de l'eau et de l'environnement des plages, établir des relations de partenariat avec les associations similaires et à l'international, jumeler Bizerte avec Cape Town en Afrique du Sud » le programme élaboré est certes assez ambitieux, et va certainement pouvoir sensibiliser davantage les citoyens au sujet de l'importance de la protection de l'environnement marin et de la durabilité de sa biodiversité. Seulement, le littoral de Bizerte quoi qu'on en dise, souffre vraiment de maux graves. Effectivement, l'érosion au niveau de la corniche est alarmante surtout du côté de la zone touristique qui n'est malheureusement pas classée parmi les zones sensibles du pays. Pourtant, le vent violent de la dernière tempête qui a entraîné de fortes houles et vagues, qui ont frappé de plein fouet la côte touristique a failli être catastrophique, mais heureusement qu'il n'y eut que des dégâts matériels. Toutefois, n'empêche que cette alarme préoccupe actuellement les professionnels du secteur, surtout qu'il se trouve que la frange littorale en cet endroit est en train de connaître un phénomène d'érosion qui s'intensifie d'une zone à une autre, et qu'il est temps de prévoir l'installation d'ouvrages de protection du littoral contre l'érosion, contre les rejets hydriques et l'accumulation des déchets solides, avec l'application du principe «pollueur payeur» à l'ensemble des activités polluantes. En tout cas, espérons que ce phénomène érosif puisse être inséré dans l'agenda de l'APAL, en vue de préserver les larges plages sablonneuses et vierge de la côte d'or qui s'étendent de Bizerte à Tabarka.