Une rencontre littéraire a eu lieu, vendredi 20 avril, au Club Tahar Haddad, autour du nouveau roman paru récemment «« Baoussalet Sidi Enna… », de Salem Labbène, alias Al Hakawati. Ce roman, paru en mars 2012, aux éditions Ptypont Productions, a fait l'objet d'une étude critique de la part du Pr Jalloul Azzouna en présence de l'auteur et un public assez important de passionnés de littérature, du livre et de la lecture. Un débat s'est déroulé après l'intervention du présentateur suivi d'une séance de dédicace. Réputé aussi bien comme dramaturge que comme poète, Salem Labbène est auteur de plusieurs recueils de poésie, inspirés de la tradition japonaise du Haïku. Après une période de gestation et d'endurance dans l'écriture, il nous livre aujourd'hui son premier roman, issu d'une longue expérience littéraire, ayant publié sur le net des dizaines de nouvelles, en arabe et en français. Ce nouveau roman a été préfacé par Jalloul Azzouna, professeur de langue et de lettres françaises à l'Université de Tunis, romancier, nouvelliste et critique littéraire, qui écrit dans sa préface : « Nous pouvons dire sans exagération, que ce roman est une épopée humaine à l'instar de « La Comédie Humaine » de Balzac, une véritable épopée dont les événements couvrent tout le territoire de la République… » M. Azzouna a pris d'abord la parole pour faire des remarques pertinentes sur la démarche adoptée dans l'écriture de l'auteur qu'il qualifiait d'un « bijoutier en train de ciseler son bijou » ; c'est que l'auteur se fait remarquer autant par son style raffiné, brillanté et sans doute recherché que par ses techniques narratives assez complexes qui demandent une attention particulière de la part du lecteur : « C'est un roman qui a coûté d'énormes efforts à l'auteur qui, j'ose dire, a mis tant de précision et de méticulosité dans son travail. On peut remarquer, malgré la complexité et l'interférence de différentes parties et sous parties composant ce roman, qu'une certaine cohérence interne est conservée tout au long du roman et qu'une organisation des faits est parfaitement élaborée à la manière du dessin figurant à la première de couverture. Le souci de l'auteur a toujours été la recherche du perfectionnement …». M. Azzouna compare « Baoussalet Sidi Enna… » à une petite épopée des temps modernes, dans la mesure où on y relate des aventures héroïques qui s'étendent sur toute une année et couvrant toutes les régions du pays. Il a par ailleurs souligné la cohabitation des genres dans ce roman où, outre la narration et les procédés romanesques, l'auteur a eu parfois recours à la poésie pour rompre la monotonie et désennuyer le lecteur impatient ou avide d'atteindre très vite le dénouement de l'histoire. Hechmi KHALLADI
Salem Labbène : «Ce roman est l'aboutissement de mon expérience littéraire…» Lors de cette rencontre, nous avons eu l'entretien suivant avec Salem Labbène, Al Hakawati, auteur du roman : Le Temps : Comment êtes-vous venu à l'écriture d'un roman, alors que vous êtes connu surtout pour vos recueils de nouvelles et de poésie ? Salem Labbène : disons que la décision d'écrire un roman relève souvent du pur hasard. J'ai écrit des nouvelles que bien souvent mes amis m'ont proposé de transformer en romans ; mais pour moi, la forme compte peu, c'est le contenu qui me tente le plus, quand on peut dire ce qu'on veut dans une nouvelle, à quoi bon écrire tout un roman ? Pour revenir à votre question, ce roman est l'aboutissement de mon expérience littéraire « Mon année sur l'aile de la narration » que j'ai vécue, entre 2008 et 2009, en relevant le défi d'écrire chaque semaine un texte narratif en arabe et en français que j'ai publié sur le net, jusqu'à un certain moment où trois facteurs essentiels m'ont poussé à l'écriture du roman. D'abord, le Club du Roman d'Aboul Kacem Chebbi à Ouardia où je lisais chaque semaine une nouvelle production littéraire. Ensuite, je dois ma décision à feu Jilani Bel Haj Yahia, qui fut l'un des fondateurs du Club, avec qui j'ai eu une longue rencontre à l'issue de laquelle j'ai pris ma décision d'écrire un roman. Enfin, c'est le cas de ma cousine, titulaire d'une maîtrise d'arabe et sans travail depuis huit ans, chose qui m'a beaucoup touché à tel point d'en faire le thème central de mon roman. *Pourriez-vous nous présenter, même sommairement, votre roman ? - En bref, c'est la maladie de tout un pays, de toute une jeunesse qui ne croit plus en rien parce qu'elle est désœuvrée et à laquelle personne ne s'intéresse et dont on s'en fout éperdument ! En écrivant ce roman, j'ai fait le tour de toute la Tunisie, en long et en large. Tous les noms des villes, des villages mentionnés dans le roman ont fait l'objet d'une visite et d'une documentation sur le terrain de ma part. le lecteur découvrira qu'il y a un certain présage de ce qui s'est passé le 14 janvier 2011.