Il n'y a pas seulement des médecins sans frontières, il y a aussi des artistes… sans frontières et j'en ai rencontré. Ils existent bel et bien et ils se sont confrontés pacifiquement à Tunis… dans une salle d'exposition… Le travail proposé, pour la première fois, au centre national d'art vivant de Tunis (centre d'art contemporain) verse dans la recherche et dans l'épopée de l'expression de l'art et surtout des installations. Le centre d'art vivant permet ainsi de rencontrer dans le même espace convivial des artistes de France, de Suisse et de Tunisie. Les artistes nous convient à une riche, belle et très libre exposition. En fait, les travaux des artistes exposés sont entremêlés et ne se différencient que par les genres artistiques pratiqués. Les œuvres se présentent tantôt en œuvre unique (en solo) tantôt en triptyque ou en installation. Tous ces travaux essayent d'attirer notre attention par leur accession à un certain niveau d'expressivité qui semble être la dominante de l'exposition. C'est ainsi que Lamia Guemara, en choisissant l'expressionnisme assez violent, dénonce l'oppression des libertés de parler, de voir et d'entendre… La couture des bouches, des oreilles et des yeux se fait brutalement avec du fil de chirurgien. Peu importe que l'homme représenté soit noir ou blanc. La limitation de la liberté n'a pas de couleur, Lamia Guemara dénonce cette opération et sa dénonciation est de l'ordre de l'universel. Elle intéresse tous les hommes sur terre. Les autres expériences qui nous semblent intéressantes sont les installations de Mylène Peyreton, de Anita Rumpf, de Saïda Dridi, de Mourad Habli (sculpture), de Yves Delassard et surtout, de Amel Zaïem. Mylène Peyreton très soucieuse du mouvement mais essentialiste, projette ses formes entre mur et sol. Elle dédouble sa démarche en autant de zébrures en aluminium saccadé qu'en graphisme aussi dynamique. Un travail similaire a été réalisé par Anita Rumpf et encre et papier (sol et mur). Yves Delassard suit la même inspiration et souligne le simulacre entre formes, silhouettes, et les traces graphiques sur le mur. L'autre installation qui nous a surpris pour sa qualité, est celle de Amel Zaïem. La démarche de Zaïem est nouvelle… étonnante. Son travail fait appel à tous les registres du volume, du plat du graphisme à la calligraphie et même au texte. Amel Zaïem qui est l'auteur de ce travail, semble avoir eu un grand plaisir à le réaliser. Qu'elle en soit félicitée. L'autre secteur qui est sollicité par cette exposition est bien celui de la peinture. La série « miniaturisée » de Anne Marie Lacaille est très dense.... autour des regards de femme qui finissent par enflammer les toiles et leurs surfaces… ainsi que nous-mêmes. Les triptyques de Maïllard, de Marwen Trabelsi sont également très significatifs. Marwen Trabelsi en imprimant ses photographies sur les toiles restitue toute la richesse… du monde marin. Les grandes toiles de Maïllard soulignent les dynamismes des signes des graphismes, des diagonales colorées, les tâches et les touches noires et grises. Un monde plein de mouvement malgré sa grisaille. Les peintures de Nadia Zouari rougeoient de loin et structurent d'une façon éloquente deux toiles. En fait, Nadia se replie sur les couleurs chaudes et brûlantes. Ses couleurs blanches et vertes d'antan ne sont plus qu'un souvenir… L'art in situ, l'art éphémère En marge de cet événement, une conférence a eu lieu samedi dernier au Centre d'Art Vivant du Belvédère, animée par Patrick Maillard et Sana Tamzini autour de l'art in situ et de l'art éphémère. Sana Tamzini , artiste installatrice, a présenté une sélection de son œuvres afin d'illustrer sa démarche et sa problématique qui associent la trilogie de la lumière en tant que matière agissant sur l'espace public ou privé et la relation des usages par rapport a cet ensemble. Lumière- Espace- Usages, voilà la trilogie de Sana Tamzini. L'artiste a mis en évidence l'expérience qu'elle a tentée en Corée du Sud, en Italie, en France, au Canada, en Algérie, en Espagne et en Tunisie. Toutes ses expériences tournent autour de l'art éphémère produit par transfert de la lumière matière sur l'espace. Tamzini voulait enregistrer la réaction de l'usager par rapport à cette action… L'usager va redécouvrir des transformations dans les espaces vécus au quotidien.