Zones d'ombre persistantes *Pourquoi la baisse des prix des hydrocarbures n'entraîne-t-elle pas une baisse à la pompe, comme cela se passe en Europe ? *A combien la Tunisie vend elle son pétrole en vrac à l'étranger et combien paye-t-elle pour acheter du raffiné ? *Pourquoi l'accroissement de la production pétrolière n'a-t-il pas été évoqué de manière exhaustive ? Malgré la baisse du prix du carburant sur le marché international fin 2006, l'Etat prévoit quand même en 2007 un à 3 ajustements. Pis encore, ces estimations peuvent être portées à la hausse si le prix du pétrole dépasse les 58 USD le baril, ce qui ne peut qu'alourdir la charge pour le consommateur. Ce dernier, habitué à la recherche du confort, sera t-il dans l'obligation de délaisser de son véhicule pour opter pour la bicyclette et la motocyclette.
Depuis 2004, huit ajustements ont été effectués, qui n'ont couvert, selon les responsables des autorités de tutelle, que 50% des coûts financiers supplémentaires générés par la hausse du prix des hydrocarbures à l'échelle internationale. Cependant, un point d'ombre demeure pour le consommateur : pourquoi, contrairement à ce qui se passe en Europe, en Tunisie la baisse du prix des hydrocarbures au niveau international n'entraîne-t-elle pas forcément une baisse à la pompe ? Une autre question se pose : à combien la Tunisie vend elle son pétrole en vrac à l'étranger et à combien elle en achète du raffiné ? Au prix international, moins, plus... ? On ne le sait pas trop. Autre point non élucidé : pourquoi l'accroissement de la production pétrolière tunisienne n'a-t-il pas été évoqué de manière exhaustive, encore moins son impact positif sur la balance énergétique ? Tout ce qu'on sait, c'est que, d'après le budget économique 2007, cette production devrait atteindre 4 millions de tonnes en 2007 contre 3,4 millions de tonnes en 2006 et la subvention du secteur des hydrocarbures est estimée à 450 MD contre 782 MD, l'année précédente, soit une baisse de 332 MD.
Attendre 2030 Les résultats d'une étude stratégique portant sur la maîtrise de l'énergie montrent que la Tunisie parviendra, au cours de la période 2007/2030, à maîtriser la consommation de 100 millions de tonnes équivalents pétrole (TEP) d'énergie, si elle poursuit son programme de maîtrise d'énergie et de développement des énergies renouvelables. Selon cette étude, l'indice global d'évaluation de la quantité d'énergie consommée pour la production de 1000 dinars de PIB (densité énergétique), est passé de 0,420 à 0,350 TEP, entre 1990 et 2005. Cet indice, indique l'étude, est proche de la moyenne mondiale (0,320 TEP) mais éloigné de la moyenne enregistrée par les pays de l'Europe centrale et orientale (0,220 TEP).
Plus concrètement: Interdiction, à partir de 2007, de vente de certains réfrigérateurs Les orientations du XIème Plan de développement (2007-2011) visent la maîtrise de la consommation de l'énergie par la consolidation des programmes de rationalisation, le développement de l'utilisation des énergies renouvelables sur une large échelle, outre la diversification des ressources d'énergies, le but étant d'économiser environ 3,2 millions de TEP au cours de ce quinquennat et la réduction du niveau de la densité énergétique aux environs de 2 % par an au cours de la même période. A cet égard, un programme de l'efficacité énergétique dans le secteur industriel est en entré en vigueur, lequel porte sur l'incitation des entreprises à élaborer des recherches, des études et des audits énergétiques dans le cadre de contrats-programmes signés entre l'entreprise industrielle et l'Agence nationale de maîtrise de l'énergie (ANME). Concrètement, il s'agit de conclure 300 contrats-programmes et 200 audits. Les autres actions concernent l'utilisation des technologies de la cogénération par l'installation d'unités de production d'une capacité de 50 mégawatts aux environs de 2008, de 60 mégawatts supplémentaires à l'horizon 2011, outre l'élaboration d'un plan national pour encourager l'utilisation du gaz naturel comme carburant. Selon des responsables de l'ANME, il sera, également, procédé à la certification des équipements électroménagers et l'interdiction, à partir de l'année 2007, de vente des réfrigérateurs de types 5 et 6. Ce sont respectivement des réfrigérateurs à compartiment congélateur dans la partie inférieure et des réfrigérateurs avec distributeur de glaçons, sachant que la vente des frigidaires de types 7 et 8 a été interdie depuis juillet 2006. Par ailleurs, le diagnostic des climatiseurs par le centre technique des industries mécaniques et électriques, sera obligatoire au cours de la prochaine période. Au cours du XIème plan, il est également programmé d'installer 220 nouvelles stations pour le diagnostic des moteurs des véhicules, outre les 150 déjà existantes, tout en poursuivant l'application du programme de rationalisation de la consommation d'énergie dans les administrations et les entreprises publiques. Concernant l'utilisation du gaz naturel, l'objectif fixé est de raccorder chaque année 340 mille habitations et 100 entreprises industrielles au réseau de gaz naturel, outre l'incitation à l'utilisation du gaz naturel dans le secteur des services notamment par l'utilisation des technologies de climatisation utilisant le gaz naturel. Dans le même sillage, les orientations fixées tendent à encourager l'utilisation des chauffe-eau solaire par l'installation de 380 mètres carrés de capteurs entre 2005/2009. Dans le domaine de l'énergie solaire photovoltaïque, un projet a été adopté pour l'électrification, en 2007, de 1200 habitations rurales dans 14 gouvernorats par l'énergie solaire. Près de 500 habitations rurales dans les gouvernorats du nord-ouest utiliseront l'énergie solaire pour l'électrification et l'équipement de 63 puits de systèmes de pompage ou de dessalement de l'eau. Le coût du projet, financé par la banque japonaise de coopération internationale, est estimé à 2,2 millions de dinars. La production de l'électricité par l'énergie éolienne au sein des entreprises industrielles sera encouragée, notamment par l'installation de stations éoliennes qui couvriront une partie des besoins de l'entreprise en énergie et leur raccordement au réseau de la STEG pour commercialiser le surplus éventuel d'énergie électrique produite. En matière de réglementation énergétique et thermique des nouveaux bâtiments, les actions seront axées sur le contrôle du respect aux normes techniques minimales d'économie d'énergie. Il s'agit de réunir trois conditions techniques majeures: l'isolement thermique au niveau de la toiture des bâtiments, la délimitation de la superficie consacrée à la verrerie et l'utilisation des chauffe eau solaire, l'utilisation de techniques et matériaux de construction moins énergivores. Ces actions devront permettre une économie d'énergie pouvant atteindre 40% de la consommation totale d'énergie due à la réduction des besoins de chauffage et de climatisation, ce qui équivaut à une économie d'énergie de l'ordre de 240 mille TEP à l'horizon 2010 et 700 mille TEP en 2020. L'étape prochaine sera marquée, également, par la mise en oeuvre de nouveaux projets, à l'instar de la nouvelle raffinerie de Skhira d'une capacité de production de 120 mille barils par jour, d'une centrale électrique à Ghannouch (GABES) d'une capacité de production de 400 mégawatts et d'une autre qui sera réalisée, à Haouaria, en partenariat avec l'Italie. A noter qu'en Tunisie, la principale source d'énergie utilisée pour la production d'électricité est le gaz naturel qui a permis de dégager des gains durant les années 90 et les premières années de cette décennie, grâce à l'introduction de la technologie du cycle combiné dans la production d'électricité.
Le nucléaire : une option qui nécessite un long souffle Le choix de l'énergie nucléaire dans la production de l'électricité vient à point dans un contexte énergétique marqué par une flambée des prix des hydrocarbures. Des études relatives à l'introduction du nucléaire dans la production de l'électricité, visent à aménager, à l'horizon 2020, la première centrale électronucléaire d'une puissance de 900 MW (la plus basse capacité commerciale pour ce genre de centrales), soit 20% de la capacité totale installée de la Tunisie. D'après des responsables de la STEG, ces études d'avant-projet, d'une durée de 4 ans, concerneront les volets technico-économiques outre la mise en place du cadre légal et institutionnel de la centrale. Les investissements nécessaires à la réalisation d'une centrale électronucléaire représentent 3 fois plus que ceux relatifs à l'installation d'une centrale thermique classique au fuel. Cependant, le Kwh nucléaire est 70% moins cher que celui d'une turbine à vapeur au fuel et 15% moins cher que celui du cycle combiné. Pour le cas des centrales électronucléaires, la part combustible ne représente que 30%, ce qui rend le prix du nucléaire très peu sensible à la hausse du prix de pétrole dans le monde. Concernant les répercussions environnementales de ces centrales, les mêmes sources indiquent que ces installations ne dégagent pas de gaz à effet de serre, outre les faibles quantités de rayonnements radioactifs qu'elles rejettent, en comparaison avec la radioactivité naturelle. Plusieurs pays développés et en développement ont réévalué leurs politiques énergétiques au profit du nucléaire comme la Chine qui a planifié d'installer 40 mille MW supplémentaires à l'horizon 2020, ce qui représente 6 fois la capacité nucléaire actuellement installée dans ce pays, a indiqué le responsable. A rappeler que la Tunisie, pays importateur d'hydrocarbures, ne couvre que 46% de ses besoins en la matière avec une production moyenne de 3,3 millions de tonnes, équivalent pétrole. L'année dernière, les prix du baril ont enregistré un niveau record jamais atteint depuis plus de 15 ans, dépassant la barre de 70 dollars! Parmi les raisons à l'origine de cette hausse, figurent certes la spéculation mais également la réaction au développement des situations et de certains événements survenus sur la scène internationale, en particulier, le dossier du nucléaire iranien, un dossier sensible dans la mesure ou l'Iran est le 4ème grand producteur mondial de pétrole. D'autres facteurs ont été a l'origine de cette hausse: la situation dans certains pays producteurs de pétrole tels que le Nigeria dont la production est suspendue, depuis 3 mois, outre, le déficit enregistré par les raffineries américaines qui n'ont pas encore récupéré toutes leurs capacités de production. Cette situation dont aucune solution ne semble pointer à l'horizon a tendance à se compliquer davantage. Analystes et économistes s'attendent à un maintien des prix actuels et même à une poursuite de la hausse vers des paliers supérieurs. A cet égard, plusieurs experts dans le domaine indiquent que des réflexes faciles à acquérir (vérification des caractéristiques énergétiques des réfrigérateurs lors de l'achat, arrêt des appareils électroniques, extinction des lumières des lampes électriques à la sortie des chambres, utilisation de lampes électriques économiques et de chauffe-eau solaire) permettront des économies de plus de 30 % de la consommation par la famille en matière d'énergie électrique, soit l'équivalent de 600 dinars par an. L'entretien des voitures et la conduite prudente et rationnelle permettront aussi une économie de 40 % de la consommation d'essence, soit l'équivalent de 500 dinars par an.