Parallèlement à la décision du syndicat national des agents des douanes d'observer une grève le 9 mai, l'Association de défense des agents des douanes (ADAD) s'est déclaré, à son tour, préoccupé par l'absence de tout changement dans la situation du secteur par rapport à ce qu'il était sous l'ancien régime, et ce au cours d'une Conférence sur le sujet, organisé, ce vendredi 27 avril 2012, à Tunis. A cette occasion, l'ADAD a insisté sur la nécessité de mettre un place un nouveau cadre juridique et réglementaire du secteur de la douane qui soit au niveau du rôle dévolu à ce corps de fonctionnaires de l'Etat et réponde aux attentes des douaniers. La Conférence a eu lieu autour du thème'' l'agent de douane entre la justice transitionnelle et la réforme administrative'', en présence de représentants des départements ministériels concernés et elle a été marquée par la présentation de plusieurs communications dont une communication faite par Mme Hanane Sassi, membre de la Commission de lutte contre la malversation et la réforme administrative de l'Assemblée nationale constituante, et une autre communication faite par le juge Moncef Zghab sur la justice transitionnelle du point de vue du droit international et comparé. Dans des déclarations faites à cette occasion, Mr Haykel Jalal, président de l'Association de défense des agents des douanes, a indiqué que la situation au niveau du secteur et du corps de la douane n'a connu aucun changement, tandis que les responsables n'ont pas pris les décisions audacieuses indispensables que commandent la réforme et l'amélioration du secteur de la douane, notamment sur le plan juridique et réglementaire. Les revendications des douaniers n'ont pas été, non plus, satisfaites, spécialement en ce qui concerne leur protection afin d'accomplir leur mission dans de bonnes conditions. Les agents de douanes continuent d'être agressés par les trafiquants et les contrebandiers et de faire face à divers abus, sans trouver d'interlocuteurs pour les écouter. Les mesures qui sont parfois prises ne sont que des demi-solutions et relèvent de la gestion quotidienne des affaires, et n'ont ainsi aucun effet sur le règlement des problèmes comme la contrebande, et les abus commis aux dépens des douaniers et de l'économie nationale. L'ADAD a présenté des propositions pour promouvoir la situation du secteur et bâtir la relation entre le douanier, l'administration et le citoyen sur les bases de la confiance réciproque et la réhabilitation du douanier et du rôle important qu'il remplit au service de l'économie nationale et la défense des frontières de la Tunisie.
Intérêt mérité
De son côté, Mme Zouhour El Kraqsi, commandant de douane et responsable au sein de l'ADAD, a critiqué le manque d'intérêt manifesté à l'égard des revendications des agents des douanes, notant que les responsables de la direction générale de la douane ont été invités à assister à cette Conférence mais ils ne sont pas venus. Elle a noté que les agressions contre les douaniers sont devenues quotidiennes de la part des bandes des contrebandiers et des trafiquants .Mais, a-t-elle dit, l'agent de douane se trouve, souvent, seul, face à ces agressions et ne trouve pas la protection souhaitée de la part de la direction générale, alors, il sollicite la protection de la garde nationale ou de l'armée nationale, mais cette protection ne répond pas aux besoins. Elle a appelé à entourer l'agent de douane de l'intérêt mérité dont il est digne. Les agents des douanes réclament un nouveau statut particulier répondant aux nouvelles exigences, ainsi que l'amendement du Code de douane qui a été élaboré, sous l'ancien régime, sur mesures , et a vu la suppression des articles qui garantissaient, auparavant , la protection de l'agent de douane. Plusieurs douaniers ont été victimes de répression et d'abus sous l'ancien régime pour leurs opinions politiques. Un hommage particulier a été rendu, par cette même occasion, à deux martyrs parmi les agents des douanes, morts après la Révolution, en accomplissant leur devoir. Il s'agit des agents Haythem Rais et Abdeljelil Fajraoui. L'agent Fajraoui a trouvé la mort au point de passage de Ras Jédir, sur la frontière tuniso-libyenne, le 23 juin 2011, vers deux heures du matin, en voulant s'opposer, tout seul, à des camions de contrebandiers chargés de denrées alimentaires subventionnées de Tunisie et destinés à être exportées illégalement en Libye. Mais les conditions de son décès restent mystérieuses et douteuses. Le second, le sergent Haythem Rais, est mort à Bizerte dans la nuit du 1er février 2011, à sa sortie de la prière dans une mosquée. Il avait voulu secourir une jeune fille agressée par des délinquants dans le but d'abuser d'elle, mais il avait été frappé par un instrument tranchant et mourut, ainsi, en répondant à l'appel du devoir.