Les préparatifs du 9ème congrès du mouvement islamiste Ennahdha prévu en juillet prochain s'accélèrent. Entre le 20 avril et le 2 mai, 91 sections locales du parti vainqueur des élections de l'Assemblée nationale constituante ont tenu leurs congrès, a annoncé Riadh Cheîbi, président de la commission chargée des préparatifs du prochain congrès du mouvement. Selon lui, le taux de participation à ces congrès a dépassé 80% des adhérents aux sections locales. Les congrès de ces structures de base ont abouti à l'élection de nouveaux bureaux directeurs locaux ainsi qu'au choix des délégués au prochain congrès du mouvement. Les congrès des 173 autres sections locales sont prévus pour ce wee-end. Place ensuite aux congrès des fédérations régionales qui seront marqués par le renouvellement des comités directeurs de ces structures intermédiaires ainsi que par la discussion des différentes motions du congrès national. Dans un enregistrement vidéo mis en ligne hier sur le site du parti (www.ennahdha.tn) , le fondateur d'Ennahdha Rached Ghannouchi a exhorté les militants de son parti à participer massivement aux travaux du prochain congrès qui sera le premier à se tenir en Tunisie depuis 1998, les précédents congrès ayant été organisés dans la clandestinité à l'étranger, en raison de la répression policière qui s'était abattue sur le mouvement islamiste dès le début des années 90. « J'appelle tous les militants d'Ennahdha à participer activement et massivement au 9ème congrès de leur parti. Et pour cause : ce congrès qui regroupera des milliers de membres d'Ennahdha constituera un évènement exceptionnel dans l'histoire du parti qui s'est trouvé au pouvoir grâce à une révolution bénie et du pays en général », a notamment affirmé le chef historique d'Ennahdha. Et d'ajouter: «le congrès d'Ennahdha représentera un moment historique dans l'histoire de l'Islam moderne dans la mesure où il doit définir un nouveau modèle démocratique enraciné dans les valeurs islamiques et capable d'apporter des solutions aux problèmes dont souffrent toutes les couches socio-professionnelles». Partira, partira pas ? Fin février dernier Ennahdha avait procédé à des changements stratégiques au sein de son bureau exécutif. Fethi Ayadi à la tête du comité constitutif, en remplacement de Ali Laârayedh, devenu ministre de l'Intérieur. Riadh Cheîbi a été, quant à lui, élu président de la commission chargée des préparatifs du prochain congrès du mouvement en remplacement de l'actuel ministre de la Santé, Abdellatif Mekki. Dans la foulée, un cure de jouvence a été administrée au bureau exécutif. L'objectif était d'insuffler un sang nouveau à une direction de plus en plus vieillissante et lourdement affectée par plus de deux décennies de prison et d'exil. Et Rached Ghannouchi dans tout ça ? Le cheïkh âgé de 71 ans a déjà annoncé qu'il compte passer le flambeau. «Je ne présenterai pas ma candidature au poste de président du mouvement lors du prochain congrès», a-t-il indiqué au cours d'une conférence de presse tenue fin février dernier, sans s'attarder sur ses projets futurs. Juste après la proclamation des résultats des élections de l'Assemblée constituante le fondateur d'Ennahdha avait, toutefois, laissé entendre, dans un entretien accordé au journal français «Le Monde » qu'il compte se consacrer aux sciences théologiques. « Je me trouve beaucoup mieux dans l'univers de la pensée que dans celui de la politique. Ce qui m'intéresse, c'est de voir la Tunisie développer une démocratie qui marie l'islam et la modernité. Je serai très heureux quand je verrai cela. Je suis vice-président de l'organisation mondiale des savants musulmans, et s'il ne me reste plus à rien à faire en Tunisie, le monde musulman est vaste », avait-il déclaré. Certains observateurs estiment, cependant, que Rached Ghannouchi pourrait répondre favorablement aux demandes des militants qui commencent déjà à l'appeler à renouveler sa candidature au poste de président comme ce fut le cas lors des congrès de 2001 et de 2007. « Cela se décidera lors du congrès. Rached Ghannouchi a déjà annoncé son intention de passer le flambeau, mais le congrès est souverain», précise Abdelhamid Jelassi, membre du Bureau exécutif d'Ennahdha. Walid KHEFIFI oignon