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La honte, la douleur, la solitude...
Reportage: Femmes tunisiennes et SIDA
Publié dans Le Temps le 20 - 05 - 2012

« Je suis désolé Madame, il s'est avéré que vous êtes séropositive », il est difficile d'imaginer la réaction d'une femme à cette phrase prononcée par son médecin étant donné que la majorité de nos dames et demoiselles pensent qu'il s'agit d'une histoire qui n'arrive qu'aux autres.
Cependant, la dernière enquête menée par l'Office national de la famille et de la population a démontré que depuis 1997, le nombre de nouveaux cas par an est relativement stable et se situe autour de 67 nouveaux cas nationaux, avec une moyenne annuelle de 39 nouveaux cas au stade sida. Ainsi, au mois de décembre 2010, il y avait 1 120 cas vivants, soit une proportion de prévalence de 1 cas/10 000 habitants. « Ces chiffres alarmants ne sont pas les vrais chiffres car la majorité des infectés préfèrent ne pas exposer leur maladie de peur de la société. De plus ce qui donne des sueurs froides aux concernés les femmes présentent presque 60% de ceux qui vivent avec le VIH », affirme Dr Ahmed Maâmouri. Selon l'enquête élaborée par l'ONFP, la plupart de ces dernières ont été choquées à l'annonce de leur sérologie positive…
Comment vivent-elles après l'infection ? Pourquoi préfèrent-elles ne pas déclarer leur maladie ? Et comment conçoivent –elles leur situation ? Reportage
«Dans ma tête, j'étais préparée à la maladie à cause de mon mari séropositif. Les résultats de mes analyses ne m'ont pas bouleversée... Mais quand j'ai appris que ma fille n'a pas été épargnée elle non plus, j'ai carrément piqué une crise d'hystérie... Si j'avais trouvé mon mari devant moi à ce moment là, je l'aurais tué pour venger ma fille et vider la haine qui me rongeait !», avoue amèrement cette mère, acculée à 38 ans à garder l'espoir et continuer sa vie comme si de rien n'était. Sa seule raison d'être actuellement est de rester en vie non pas pour échapper à la mort mais pour passer plus de temps avec sa fille. Elle a envie de la voir grandir : «J'ai peur de la perdre», balbutie-t-elle sur un ton de désarroi et d'inquiétude. Cette maman effrayée par l'avenir et pour tout ce qui l'entoure avoue qu'elle n'a pas encore annoncé la maladie à sa fille. « Que devrai-je lui dire ? Que je suis responsable de sa peine pour le reste de sa vie ? Que je lui ai transmis un monstre qui finira par la dévorer petit à petit ? Je préfère attendre quelques années avant de voir ma fille me détester »
Elle n'est pas la seule à affronter le Sida. Beaucoup comme elles en Tunisie souffrent de la fatalité de la maladie mais surtout du regard de la société.
La séropositivité féminine est très mal vécue. Les femmes la vivent dans la plus grande solitude, dans le secret et la honte, surtout lorsque la contamination a été sexuelle…
« Vivre avec sa maladie et admettre sa contamination n'a pas été une affaire facile. Au début, je me suis plongé dans les sanglots, l'hystérie, la violence et la dépression. Peu à peu, j'ai réalisé que c'est devenu une partie incontournable de ma vie », raconte Linda, jeune divorcée de 24 ans. Elle ajoute qu'elle est l'une de ces femmes qui ont été contaminées par des maris qui les trompaient et qui les prenaient de force, sachant pertinemment les dangers qu'ils leur faisaient courir.
Linda qui était en train de parler à une autre jeune dame venue demander de l'aide de part de l'Association tunisienne de lutte contre es maladies sexuellement transmissibles. (ATLMST ).
« Contrairement à Linda, je n'étais pas contaminée par un mari. Je suis l'une de femmes poussées par les affres de la pauvreté et de la précarité sur le chemin de la prostitution. Je ne vais pas le cacher, mes bourreaux de clients m'empêchaient de se protéger en allant jusqu'à me brutaliser en échange de quelques faveurs matérielles. Aujourd'hui je vis l'enfer avec ma petite fille séropositive ».Sa petite était à ses côtés. Son regard doux et ses grimaces de fillette cachaient bien son malheur. La petite était consciente de ce qui se passe. Elle en parlait ouvertement avec une petite voix pleine d'amertume affichant beaucoup de dignité devant sa maladie dont elle n'a été pour rien responsable. « Quand je suis à l'école et que je me blesse, je m'enfuis me cacher et j'essaie de me soigner toute seule pour ne pas contaminer mes camarades. Je préfère me prendre en charge pour ne pas aller me soigner à l'hôpital où je peux attraper d'autres maladies ».
Malades et vulnérables !
«La femme contaminée, cette pauvre créature souffre doublement. Dans la plupart des cas elle a moins d'accès à l'information préventive, moins de pouvoir dans la négociation sexuelle et elle est plus culpabilisée en cas d'infection », note Sanim Ben Abdallah, sociologue. Et d'ajouter :« notre société fait toujours preuve de cruauté à l'égard des femmes. Cette douce moitié n'échappe jamais à la culpabilisation quand bien même son mari lui aurait transmis le virus. Elle ne le trompe pas et elle finit par payer le prix sur le banc des accusés», dénonce Sanim Ben Abdallah. Dans le même cadre, Mme Nesrine Jelailia de l'ATLMS affirme, que les femmes qui vivent avec la maladie le font toutes seules sans aucun soutien masculin. « Elles ont honte de dévoiler leur contamination à leurs proches. Encore pire : plusieurs femmes préfèrent ne pas le dire à leurs maris. Se sentant délaissées et vulnérables, elles préfèrent s'orienter vers les associations tout en restant très vigilantes », ajoute-t-elle.
Malgré les efforts déployés par l'Etat en matière d'engagement politique, de prise en charge médicale, de cadre légal, de suivi épidémiologique et d'implication de la société civile, le tabou est encore tenace. Ceci est lié, sans doute à multiples facteurs à savoir les dépistages abusifs, la trahison du secret, la stigmatisation et l'exclusion. Que demain soit meilleur !


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