Une grève générale a eu lieu, hier, au gouvernorat de Jendouba. La grève à laquelle a appelé l'Union régionale du travail a enregistré un taux de 100% et a toutefois, été fortement critiquée par la Société civile. Selon le Secrétaire général de l'URT de la ville de Jendouba, Slim Tissaoui, cette grève fut une «véritable réussite». Secteurs privés comme publics ont fermé boutique, très tôt en ce mardi 5 juin. Dès 6h du matin, le transport en commun était inexistant et on ne devait compter que sur ses propres moyens pour suivre son train-train habituel. Etudiants, élèves, ouvriers devaient trottiner pour retrouver le chemin de l'école ou du bureau. A ce beau monde, se joignaient les voyageurs qui se rendaient à l'aéroport de Tabarka où le personnel a déserté les lieux. La grève a, notamment, touché les entreprises industrielles étatiques et privées, aussi bien que les petits et moyens commerces. La situation s'envenime Néanmoins, cette grève qui se veut fervente défenseure des droits du travailleur et appelant au droit de la région au développement, a été troublée par l'intervention manu militari d'un groupe de personnes barbues. Ces dernières ont intimé, de bonne heure, les propriétaires de plusieurs boutiques à ouvrir leurs commerces. Si certains, effrayés, ont préféré obtempérer de peur qu'on attaque leurs boutiques, d'autres, obstinés et imperturbables, ont tenu tête à cette campagne d'intimidation. Le ton monta et la situation s'envenima et ceux qui hésitaient à suivre la grève, par esprit de solidarité, fermèrent boutiques et se joignirent au reste des grévistes. Les affrontements étaient prévisibles. Le groupe des individus barbus encercla le local de l'UGTT de Jendouba et menaça de l'incendier et de l'attaquer. Après moult tentatives d'envahir les lieux et face à la résistance des syndicalistes et les travailleurs à l'intérieur et à l'extérieur du local de l'URT, les énergumènes ont fini par lâcher prise et par déguerpir. Face à cette situation, le Secrétaire général de l'URT a fait appel au gouverneur de Jendouba et au représentant du gouvernement afin de prendre une décision radicale et ferme contre ce genre d'attaque contre le local de l'UGTT. Grève hautement contestée par la société civile Malgré cette panoplie de revendications énumérées par l'URT de Jendouba et qui se focalise sur le développement régional, la grève a été fermement critiquée par les représentants de la Société civile de la région. Depuis mai, l'UGTT appelait à l'instauration de directives sectorielles et régionales afin de garantir un développement au long terme aux habitants du gouvernorat de Jendouba, telles que la création de deux zones industrielles à Sidi Assem et à Sidi Marzoug, ou encore l'amélioration de l'infrastructure (l'état des routes, l'aménagement urbain (institutions scolaires et secondaires, l'approvisionnement en électricité et en eau potable), etc. Néanmoins, la société civile ne l'entend pas de cette oreille et réfute les arguments avancés par l'UGTT, les taxant de « purement politiques ». Les associations régionales trouvent que la date de la grève est très critique étant donné que c'est la période des examens et que paralyser le trafic routier reviendrait à saboter l'enseignement. C'est, donc, dans un communiqué rendu public lundi, que les représentants des associations régionales ont dénoncé cette grève qu'ils jugent «unilatérale». C'est le timing qui dérange le plus la société civile qui tire la sonnette d'alarme quant aux répercussions de cette grève sur les examens du baccalauréat. Pour toute réponse, l'URT rappelle, dans un communiqué, que le maintien de cette date est dû à la discorde avec le gouvernement quant aux négociations qui ont eu lieu dimanche 3 juin. Melek LAKDAR Abou Habba sihem radhia