Le Parti du Travail Patriote Démocrate (PTPD) qui a longtemps vécu dans la clandestinité a été légalisé après la Révolution du 14 janvier. Mine de rien, il est en train faire son bonhomme de chemin au sein de la gauche démocratique. Dans un esprit unitaire il a tenté une expérience de rassemblement avant les élections du 23 octobre. La tentative d'unification de la famille patriote démocrate a repris, il y a quelques mois. Elle trouve du mal à avancer, même si une certaine détermination se dégage auprès de la direction de ce parti. Les tentatives d'union et la conjoncture politique actuelle ont été au centre de la conférence de presse tenue hier par Abderrazak Hammami, président de l'instance politique du parti et ses camarades dirigeants. Le PTPD vient d'achever les travaux de son Conseil central tenu le 27 mai. Abderrazak Hammami, a précisé que le Conseil a enregistré avec beaucoup d'inquiétude, la multiplication des formes d'agressions, et les dépassements perpétrés par des groupes qui agissent en dehors de la loi et se posant comme des objecteurs de conscience et cherchant à imposer aux autres leurs convictions religieuses et modèle de société. Le PTDP fait assumer au Gouvernement la responsabilité d'assurer l'ordre, dans le respect de la loi. « Nous ne voulons pas que le sang des Tunisiens coule après la Révolution, mais nous demandons la fermeté dans l'application de la loi », déclare Abderrazak Hammami. Il est favorable à la sécurité des citoyens, la garantie de la liberté de manifestation, tout en approuvant les revendications du peuple qui s'opposent aux anciennes politiques qui avaient mené aux impasses connues. « Nous voulons un nouveau modèle de développement qui réalise les revendications populaires », précise-t-il. Il a mis en garde contre la montée du phénomène de confusion entre les partis au pouvoir et les structures de l'Etat et de l'administration. Tout en approuvant les opérations d'assainissement des différentes structures, il considère que cette opération doit se faire de concert avec la société civile et non en catimini. Le parti est contre les règlements de compte et revendique la transparence, la justice et l'option pour les compétences. L'appel est lancé pour l'accélération de la rédaction de la Constitution. Cette opération doit se faire en prêtant davantage l'oreille aux forces qui sont en dehors de la Constituante. Cette option doit être renforcée pour arriver enfin, à une Constitution qui sauvegarde la souveraineté nationale, la gouvernance civile avec le respect de l'identité arabo-musulmane du pays. Abderrazak Hammami, apprécie l'engagement pris de tenir les prochaines élections au mois mars 2013. Il préfère que la date soit fixée par une loi à promulguer par l'Assemblée Nationale Constituante (ANC). Quant à l'instance qui devra se charger de tenir les prochaines élections, il faudra qu'elle soit formée de compétences reconnues afin que son travail soit meilleur que la précédente. Il faut s'éloigner de la tentation absolutiste. « Sans consensus autour de cette instance, les prochaines élections perdront en crédibilité », insiste Abderrazak Hammami. Le PTDP, a des propositions urgentes pour faire face au chômage, en optant pour un modèle de développement qui rompt avec le déséquilibre régional. Le parti soutient les revendications syndicales légitimes, tout en étant contre la politique du pourrissement de la situation ou des tentatives impossibles de tout bloquer. Abderrazak Hammami, tient à ce que l'UGTT soit respectée et que le dialogue soit engagé avec elle sur les questions de développement et les problèmes à caractère politique. Il est contre toute provocation contre l'UGTT. « Nous voulons des solutions aux problèmes du pays loin des surenchères et éviter la violence et la confrontation. Nous proposons des solutions positives en insistant sur la nécessité d'accélérer les mesures de justice transitionnelle et de répondre aux demandes des familles des martyres et des blessés de la Révolution », affirme le président de l'instance politique du parti. Ce parti a ses propres martyres depuis 40 ans, dont entre autres, Mahmoud Toumi, décédé le 8 mai 2011. Le père de ce martyre était présent à la conférence de presse. Il demande la reconnaissance de son fils en tant que martyre. Les autorités n'ont fait que lui multiplier les promesses, sans plus. Abderrazak Hammami, rappelle que les dossiers politiques internes ou externes, ne peuvent être traités de façon unilatérale par le Gouvernement seul. Concernant la Révolution syrienne, tout en la soutenant, le parti est opposé à l'intervention étrangère et la guerre civile. « Nous avons été péniblement touchés par la présence de Tunisiens dans des opérations terroristes, des Tunisiens qui avaient été mobilisés dans les mosquées. Nous ne voulons pas que les Tunisiens meurent pour des causes autres que les siennes ». Le leader du parti, appelle à l'ouverture de dialogue national pour réussir la deuxième étape de la transition démocratique. Il apprécie l'initiative prise par l'UGTT pour lancer ce dialogue national. Bouraoui Bâaroun a parlé du processus d'unification des différentes composantes de la tendance patriote démocrate dans le pays. Une feuille de route avait été établie pour réussir ce processus. Elle reposait sur deux principes de base, la parité et le consensus. En cours de route, il y a eu des défaillances dans l'application de ces deux principes. Un retard est enregistré, mais l'espoir n'est pas perdu quant à la reprise du processus. « Nous tâcherons de réussir le congrès unificateur », dit-il. Mohamed Jehmi Agrebi, précise que le parti est présent dans plus de 18 régions. « Le parti est petit, mais il dispose d'une grande présence populaire. Ses militants sont associés à toutes ses décisions. La démocratie interne est une pratique courante », dit. En réponse à certains mécontents, Abderrazak Hammami, précise que la légitimité démocratique au sein du parti a pris le dessus sur la légitimité militante. La nouvelle direction élue est marquée par une bonne présence des jeunes et de l'élément féminin. Une restructuration du parti sera engagée en vue de la préparation du prochain congrès. A une question du Temps, sur l'initiative de Béji Caïd Essebsi, la réponse de la direction du parti est que « les alliances se font sur la base des principes. Nous sommes pour un large front défendant le caractère civil de l'Etat, sans traiter avec les symbole de la corruption ». Par ailleurs, ils soutiennent la proposition de l'UGTT, la LTDH et l'Ordre des Avocats, pour une Instance Supérieur des élections indépendante loin des considérations partisanes.