L'annonce de la fuite de l'épreuve d'arabe au cours de l'examen du BAC 2012 a fait un bruit de tonnerre chez les familles tunisiennes, le corps enseignant et l'opinion publique en général, si bien qu'un tel événement, un nouveau maillon dans la chaines des gaffes commises par le gouvernement provisoire dont on essaie toujours habilement d'en limiter les retombées, pourrait nuire à la crédibilité de cet examen national et, partant, à l'image de notre enseignement qui, depuis quelques années, n'a cessé de perdre de sa fiabilité dans le monde. Cette fuite qui a fait la Une de tous les journaux nationaux et dont on parle sur les ondes de toutes les stations radiophoniques du pays, fait également l'objet de discussion au niveau de toute la population, dans la rue, dans les cafés et dans les établissements scolaires où des milliers de questions se posent autour de cette fuite qui vient chambarder le calendrier des examens et causer de l'embarras chez les candidats et leurs familles.
Il y a anguille sous roche !
Qui doit-on accuser ? Celui qui avait permis la mise en ligne du sujet de l'épreuve d'arabe ou celui qui en avait été en possession le premier ou encore la commission chargée de préparer les examens nationaux ? Et ceux qui en ont profité sont-ils des complices ? Sans aucun doute, la fuite a pris sa source au niveau de la commission des examens dont certains membres, parmi les responsables ou les subalternes, ont violé le secret professionnel et abusé de la confiance du Ministère. Mais parviendra-t-on à dévoiler le secret et mettre la main sur le « cerveau » présumé de cette fuite ? La fuite des sujets de l'épreuve d'arabe était certes la seule avérée du fait de sa parution sur la toile, mais est-on sûr que d'autres fuites n'ont pas eu lieu au niveau des épreuves passées pendant les trois premiers jours du bac ? L'auteur de la fuite n'imaginait certainement pas ce que son forfait pourrait causer aux candidats, censés avoir les mêmes chances et être traités sur un pied d'égalité par la commission des examens, par celles des surveillants et des correcteurs. Le responsable de cette fuite aurait-il des intentions politiques visant à saboter le gouvernement provisoire et ébranler la bonne volonté du Ministère de l'Education qui aurait pris toutes les mesures nécessaires pour réussir cet examen national ? Mais le fait qu'il y a eu une fuite, ne serait-ce pas là un signe de nonchalance et de négligence de la part de ces mêmes autorités ministérielles qui se sont avérées incapables de prévenir ces fuites et, le cas échéant, de les boucher au moment opportun ? Dire que toutes les potentialités humaines et matérielles ont été mobilisées pour la circonstance et qu'une fuite a été repérée au niveau de l'épreuve d'arabe, matière de base pour les candidats littéraires, c'est qu'il ya anguille sous roche ! Espérons qu'avec l'enquête à mener par les autorités compétentes, les coupables seront dévoilés et surtout ne resteront pas impunis !
Supprimer l'examen du BAC ?
Suite à cet événement, il n'y a pas que les élèves et les parents qui soient mécontents. Les professeurs, eux aussi, sont scandalisés par cet événement dont on n'est pas habitué avant la Révolution. Le relâchement disciplinaire, le laisser-aller administratif et l'emprise du pot-de-vin gangrènent encore nos administrations, malgré toutes les mesures prises par le gouvernement provisoire en vue d'endiguer la corruption et les cas de malversation. Parmi les enseignants interrogés, beaucoup pensent que le baccalauréat est un examen dépassé, voire inutile et qu'il faut le supprimer, de par son coût très élevé pour l'Etat et du fait qu'il est devenu depuis quelques années trop exposé à la triche du côté des candidats et à la fuite dans les épreuves du côté des autorités. Pour ce professeur d'arabe, A.F., c'est inutile de continuer avec ce système d'examen, car depuis l'introduction des 25% de la moyenne annuelle dans le calcul de la moyenne du bac, cet examen ne sélectionne plus les seuls élèves capables de suivre des études universitaires, d'ailleurs il faut voir les doléances des professeurs de l'enseignement supérieur sur le niveau de la majorité des étudiants, toutes branches confondues. Par ailleurs, soutiennent certains professeurs, cet examen devient de plus en plus coûteux pour l'Administration, vu le grand nombre de fonctionnaires, de professeurs pour concevoir, rédiger les sujets, surveiller les épreuves et qui sont payés pour leur boulot. Pourquoi ne pas le remplacer par le contrôle continu des connaissances acquises par l'élève tout au long du parcours scolaire, du moins pendant les trois dernières années du cycle secondaire, comme c'est le cas dans certains pays ? Ce contrôle, soutiennent-ils, serait plus représentatif des acquisitions des élèves et de leurs capacités. De plus, cette tendance chez certains enseignants s'explique par la montée du phénomène de la fraude aux examens qui a pris ces dernières années des proportions alarmantes avec le recours aux nouveaux procédés technologiques très sophistiqués pouvant déjouer tous les dispositifs de surveillance mis à la disposition des centres d'examen. Les chiffres, d'ailleurs, recueillis chaque année par le Ministère de tutelle, sont en perpétuelle croissance. De même, les détracteurs du bac semblent de plus en plus nombreux, d'autant plus que cet examen est source de stress pour les candidats qui quittent les pupitres du lycée 15 jours avant l'examen du bac, sous prétexte de se consacrer aux révisions, souvent avant la fin officielle des cours ! Avec l'abolition du Bac, les cours seront totalement achevés et les programmes officiels exécutés à la lettre ! Ainsi il y aura moins de temps à perdre, moins d'argent public à gaspiller et surtout moins d'énergie et de stress à éviter pour les candidats.