* La grande prière à la mosquée Al Fath a été ponctuée de trois minutes de silence suivies de l'hymne national et de quelques insultes envers les médias ! * Le ministre des Affaires religieuses, Nourredine Khademi venu prêcher à Al Fath, a appelé à l'unité du peuple tunisien et mis en garde contre la sédition. Depuis les premières heures de la journée, les rues de la capitale étaient pleines à craquer, hier. Les Agents de l'Ordre étaient partout avec leurs matraques et leurs casques. Ils avaient l'air plus sérieux que jamais : « aucun dépassement ne sera enregistré aujourd'hui », murmuraient les uns et criaient les autres. Contrairement à l'accoutumée, les agents de la sûreté n'étaient pas présents en masse à l'Avenue Habib Bourguiba. Un autre épicentre de manifestations était plus stratégique : la Mosquée Al Fath. Juste après la grande prière du vendredi, on ne pouvait pas passer du coté de la mosquée. A priori, les agents de l'ordre s'attendaient au pire. Les yeux étaient braqués sur la porte principale de la mosquée. Les ordres étaient clairs et concis : « En cas de déraillement, faites le nécessaire et surtout n'hésitez-pas », criait un haut gradé debout devant le bus qui ramenait un autre groupe d'agents.
« Attention à la sédition ! »
Pour leur part, les gens de la mosquée étaient plus nombreux que jamais. La plupart d'entre eux étaient obligés de faire la prière en dehors de la mosquée pleine comme un œuf. “Nous sommes tous frères, nous sommes tous musulmans”, a lancé le ministre des Affaires religieuses, Nourredine Khademi, un ancien iman venu prêcher à Al Fath. Il a appelé à l'unité du peuple tunisien” et mis en garde contre “la sédition”. Même son de cloche dans une mosquée proche de la Kasbah, siège du gouvernement et dans la majorité des mosquées de la place où des appels au calme ont été lancés. Revenant à la mosquée Al Fath et après avoir tranquillement fini de prier, les groupes se sont réunis dans la rue pour trois minutes de silence dédiées à l'âme du jeune Fahmi Ouni tué par balles à Sousse lors des confrontations entre policiers et salafistes. Les trois minutes finies, le ton était à l'hymne national. Tout le monde chantait dans une organisation impressionnante sans lever la main, sans regards vicieux et sans aucune provocation à l'égard des agents de l'ordre présents partout. Les médias n'ont pas manqué au grand jour car les présents ne pouvaient pas partir sans appeler le Gouvernement à l'assainissement des médias qui, selon eux, n'ont rien à voir avec la crédibilité et l'honnêteté. « Les médias de la honte font tout pour nous provoquer. Gouvernement, aidez-nous et offrez-nous une presse libre, digne et honnête », scandaient –ils tout en gardant leur fraiche bonne humeur. Il est ici à signaler que « Ansar Al Chariaâ », la branche la plus radicale de la mouvance salafiste tunisienne, a annoncé jeudi soir sa décision d'annuler les manifestations prévues vendredi pour la défense des valeurs du sacré, et ce, quelques heures après l'interdiction de toute marche par le gouvernement. «Après concertation de nos frères dans toutes les régions du pays et l'examen de la situation, « Ansar Al Chariaâ » a décidé d'annuler les manifestations de vendredi », note le texte posté sur la page facebook du mouvement dirigé par « Abou Iyadh ». Pour sa part, le mouvement Ennahdha a indiqué, la veille du vendredi, dans un communiqué que sa demande de lancer une marche pour « défendre les valeurs du sacré », a été refusée par le ministère de l'Intérieur. Encore une fois, les salafistes se sont montrés très organisés. Aucun acte de dépassement n'a été enregistré lors d'une journée consacrée à la défense des valeurs du sacré. S'agit-il d'une obéissance à la loi où s'agit-il plutôt d'une soumission aux ordres de supérieurs connus et inconnus ? Dans les deux cas, une chose est sûre : l'organisation est le mot d'ordre de qui se passe dans nos contrées... ultra-religieuses.