«Décision unilatérale comme du temps de l'ancien régime», déclare Hfayedh Hfayedh au Temps. L'Assemblée Nationale Constituante a adopté jeudi 14 juin 2012 à l'unanimité les trois premiers articles du projet de loi relatif aux dispositions exceptionnelles pour le recrutement dans la fonction publique. Il s'agit notamment des mesures de recrutement par concours sur dossier et concours externes dans la fonction publique. Le programme d'action annoncé par le Gouvernement à ce propos comporte la création de 25 mille postes d'emploi avec un recrutement direct des proches des martyrs et des blessés de la révolution. Quel est l'avis de l'UGTT concernant cette loi, présentée par le ministre chargé de la réforme administrative et adoptée par l'ANC ? Pourquoi l'absence de l'UGTT dans les négociations ayant précédé la promulgation de la loi ? Et que sera la réaction de l'Union ? A ces questions répond Hfayedh Hfayedh, secrétaire général adjoint de l'UGTT chargé de la fonction publique.
Pour commencer, le Secrétaire général-adjoint de l'UGTT a tenu à signaler qu'il s'agit d'une décision unilatérale « qui nous rappelle celles de l'ancien régime ». « Ce gouvernement a traité le dossier de recrutement dans la fonction publique de la même manière que Ben Ali et sa troupe en se basant sur le manque de transparence et le favoritisme avec une seule différence : avant, tous les opposants et les syndicalistes étaient exclus ; aujourd'hui, les exclus d'hier à savoir tous les alliés du parti au pouvoir ainsi que leurs proches seront privilégiés », déclare Hfauedh Hfayedh au journal Le Temps en insistant que Mohamed Abbou, ministre chargé de la Réforme administrative n'a pas tenu parole en ce qui concerne le dialogue avec toutes les parties concernées par ce dossier très délicat touchant tous les chômeurs Tunisiens sans exception et non pas seulement les désignés de la part des gouvernants. « Après avoir déclaré que ce dossier sera traité en étroite collaboration avec l'UGTT, Mohamed Abbou a préféré tout régler dans son bureau sans aucune intervention des concernés », explique Hfayedh Hfayedh en indiquant que l'UGTT n'était pas le seul absent « la Ligue Tunisienne des droits de l'homme, la société civile et les associations des chômeurs ont été tous éliminés », renchérit-il. « L'UGTT ne se croisera pas les bras ! » Selon son secrétaire général adjoint, la position de l'UGTT est claire : cette décision basée sur le favoritisme n'aura aucun soutien de la part de l'Union. Et d'ajouter : « L'UGTT ne se croisera pas les bras devant cette nouvelle forme de dictature. Nous n'allons pas priver les désignés de leur droit au travail mais nous aurons, quand-même notre mot à dire ; un mot qui ne plaira pas, certainement, à ce gouvernement qui n'a aucun rapport avec les concepts de dialogue et de collaboration pour le bien de ce pays passant par une période très délicate. Avant la promulgation de la loi et en tant que représentants des syndicalistes Tunisiens, nous avons essayé de négocier avec les représentants du Gouvernement afin d'élaborer une loi qui réponde au mieux aux besoins et aux revendications du peuple. Aujourd'hui, nous allons supporter la partie marginalisée et exclue pour des raisons purement politiques. La Tunisie compte des centaines de milliers de chômeurs ayant souffert durant de longues années. Ces derniers ont le droit au travail »
Doit-on s'attendre à des manifs de protestation ?
« Bien évidemment ! », répond Hfayedh Hfayedh sans aucune hésitation. « Ce type de favoritisme ne peut qu'engendrer des mouvements de protestation. Pour sa part, l'UGTT sera, sans l'ombre d'un doute, du côté des lésés, tout en restant conformes aux valeurs de civisme.
En deux mots : toute personne touchée directement ou indirectement par cette exclusion a le plein droit de protester et de demander des justifications de la part du gouvernement qui a voulu être le seul décideur sur ce sujet et dans tout ce qui est lié au dossier de recrutement, pour cette année et celles à venir ».