Un dimanche, sans doute explosif, aujourd'hui, en Egypte, à l'occasion de la proclamation des résultats du second tour de la présidentielle. Après une attente fébrile, un suspense de plusieurs jours, la Commission électorale a décidé, enfin, de faire connaître aux Egyptiens le nom de leur futur Président. Mais, quel que soit le vainqueur, Morsi, l'Islamiste, ou Chafik, l'ancien Premier ministre de Moubarak, l'atmosphère sera tendue à l'extrême et la probabilité d'une défaite du candidat des « Frères Musulmans » ferait plonger l'Egypte dans un cycle infernal de violence, dont personne ne pourra prévoir l'ampleur. Non que la confrérie, qui a déjà revendiqué la victoire, soit la principale force du pays, mais, la défaite de son candidat serait, aux yeux des millions de ses partisans, la conséquence d'une fraude électorale orchestrée par le Conseil suprême des forces armées qui dirige le pays depuis l'avènement de la Révolution. Parce que ce Conseil est accusé d'être l'instigateur de la dissolution de l'Assemblée nationale, dominée par les Islamistes, comme de n'avoir aucune intention de quitter les commandes en s'octroyant de larges prérogatives quelle que soit l'issue de la présidentielle. Un bras de fer se dessine, donc, entre deux forces colossales, les militaires, à la tête du pouvoir depuis Jamel Abdennasser et les Islamistes, sortis après la révolution pour s'imposer comme un facteur déterminant sur l'échiquier national. Entre les deux, il y a le peuple égyptien divisé et désenchanté par une révolution qui n'a pas l'air de réaliser ses objectifs. Serait-il, en fin de compte, le dindon de la farce ? Pour avoir chassé une dictature classique, il n'a le choix qu'entre deux autres dictatures, militaire ou islamistes, aussi aberrante l'une que l'autre.