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« Nous ne voulons plus de dédommagements, nous voulons que les coupables soient sanctionnés ! » Les familles des martyrs protestent devant le tribunal militaire de Tunis :
- Le procès qualifié de « farce » de Thala a déclenché cette grande colère Ils étaient plus d'une centaine de personnes à protester devant le tribunal militaire de Tunis , avant le procès de l'affaire des martyrs du Grand Tunis, Zaghouan, Sousse, Nabeul, Bizerte et Monastir . Ils sont venus des quatre coins du pays. Leur demande était claire: Le jugement des coupables. Ces derniers sont au nombre de 43, dont le président déchu Ben Ali, deux anciens ministres de l'Intérieur ainsi que des cadres sécuritaires. Les sit-inneurs étaient furieux et désespérés. « Nous n'avons plus confiance en la justice militaire. Nous voulons des procès dans des tribunaux civils », scandaient-ils en évoquant le procès de l'affaire des martyrs de Thala qui concerne directement Abderrazek Mnassri, un des manifestants. « J'étais torturé à Thala le 10 janvier par des agents des forces de l'ordre ce qui m'a causé une incapacité permanente et partielle de 12%. La justice militaire a jugé qu'il ne s'agit pas d'une agression de 1er degré sans même faire appel à mes agresseurs. Par la suite comment voulez-vous que nous ayons encore confiance en cette justice ! », s'écrie Abderrazek qui était accompagné d'une dizaine de ses voisins venus pour les mêmes revendications. Vers 9h30, les protestataires étaient nombreux devant le tribunal. Ils étaient agités et mal organisés. Des cris étaient lancés de toute part. Les uns voulaient rencontrer un des cadres du tribunal militaire. Un autre groupe parlait de la partialité de la justice militaire et d'un complot organisé par le ministère de la Défense et le Gouvernement à l'encontre des martyrs et des blessés de la Révolution. Une vingtaine de femmes brandissaient des panneaux avec des photos de leurs fils ayant été tués par des agents de l'ordre. D'autres ont préféré parler aux agents présents devant la porte principale du Tribunal dans l'intention de leur donner une pétition signée par plus de 120 personnes.
Les sit-inneurs devant l'ANC
Après plus de deux heures passées sous un soleil de plomb, les sit-inneurs ont décidé de se diriger vers l'Assemblée nationale constituante. A peine arrivés, ils commençaient à scander « Dégage » aux membres de l'ANC et à appeler Mustapha Ben Jaafar à les rencontrer. « J'ai perdu mon fils Nouri Akibi, le 13 janvier à Hammam Zeriba à Zaghouan car il a reçu deux balles au niveau de la poitrine. Je ne suis pas venu pour demander des dédommagements car rien ne peut dédommager un père ayant perdu son fils unique. Je suis venu pour revendiquer la sanction des assassins de mon fils et de tous les martyrs de la Révolution », affirme Abdelhamid Akibi en qualifiant le procès de l'affaire des martyrs de Thala de « comédie ironique ». Les cris des manifestants et leur excitation étaient à leur paroxysme et ont engendré la présence de nouveaux groupes venus soutenir les familles des martyrs. Des dizaines de personnes ont décidé d'aller voir ce qui se passe après avoir remarqué la présence d'une grande foule devant l'ANC. « Je ne fais pas partie des blessés ni des parents des martyrs mais je fais partie des jeunes de la Révolution », indique Hassan Nabli, venu soutenir les manifestants. « Chacun de nous aurait pu être l'un des blessés où des martyrs de la révolution. Les seuls immunisés étaient ceux qui se sont réunis à l'intérieur de l'Assemblée et qui refusent de sortir voir ces pauvres affligés », ajoute Hassan qui était déterminé à ne pas quitter les lieux avant de voir qu'il en serait de la réaction des membres de la Constituante. Ces derniers étaient affirmatifs ; ils ne pouvaient pas sortir voir tous les sit-inneurs qui comptent plus de 150 personnes. Par la suite, un cadre est sorti pour demander aux manifestants de s'organiser en groupe de cinq afin de pouvoir rencontrer les membres de l'ANC. Au début, un groupe de cinq blessés a pu rentrer. Quelques minutes plus tard, les manifestants ont commencé à se chamailler concernant le deuxième groupe. Après maintes discussions, les protestants ont préféré donner leur pétition au bureau d'ordre en attendant qu'ils trouvent une manière d'accéder à la Constituante. « Voilà pourquoi nous n'aurons jamais gain de cause », crie Ali Makki, président de l'association « Lam Nansakom », (Nous ne vous oublierons pas). Et d'ajouter : « Nous devons nous organiser pour pouvoir connaître la vérité ainsi que les vrais responsables de l'assassinat de nos pauvres enfants pendant la Révolution. Avec ce manque d'organisation, nous n'obtiendrons jamais de dédommagements et nous perdrons tout droit à un procès libre désignant de doigt les coupables pour les juger et les sanctionner », renchérit-il en insistant que les familles des martyrs n'ont plus confiance en la justice militaire qui les a privés de voir les coupables répondre de leurs crimes. « Le verdict du procès des martyrs de Thala est inacceptable et ne peut en aucun cas satisfaire les concernés. Il s'agit d'un complot et d'un scénario pathétique réalisé par ce Gouvernement ayant perdu toute légitimité. Preuve à l'appui : le verdict de ce procès brûlant a été annoncé alors que l'opinion publique a été chauffée à blanc par l'affaire des tableaux d'El Abdellia, puis par les violences qui s'en sont suivies. Autant dire que l'attention des Tunisiens a été portée sur des questions, à priori, secondaires, devant l'importance des enjeux d'un procès historique, dont les résultats auront leurs répercussions sur l'atteinte des objectifs de la Révolution. Par conséquent le verdict du procès d'aujourd'hui est illégitime d'avance ! », explique le président de l'association « Lan Nansakom » avec une voix déchirée.
14h passées, les manifestants étaient encore devant le siège de la Constituante avec une revendication bien précise : « Un procès civil avec toutes les garanties juridiques nécessaires pour rendre justice aux ayants droit ! »