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« Le président de la République était bel et bien au courant de la décision et de l'extradition, le dimanche, de M. Baghdadi Mahmoudi » Jebali répond à Marzouki, à l'ANC
• « La politique étrangère est du ressort du chef du gouvernement » • « Aucune transaction pétrolière »
Durant une séance plénière exceptionnelle tenue, hier, vendredi 29 juin, à l'ANC, le Chef du Gouvernement provisoire Hammadi Jebali a prononcé un discours quant à l'extradition de l'ancien Premier ministre de Kadhafi, Baghdadi Mahmoudi. Une affaire qui a provoqué un grand remue-ménage sur la scène politique et dans l'opinion publique tunisienne.
Le Chef du gouvernement a tenu, d'abord, à rappeler que le dossier d'extradition de Baghdadi était entre les mains de l'ancien gouvernement provisoire. Les autorités libyennes avaient déjà, envoyé à deux reprises deux demandes au gouvernement tunisien datant du 25 novembre et du 9 décembre 2011 afin d'extrader l'ancien Premier ministre libyen. Dans ce sens, deux poursuites judiciaires ont été lancées par les autorités libyennes. La première date du 12 octobre 2011, l'accusation portait sur la corruption financière. La seconde poursuite judiciaire libyenne lancée contre Baghdadi datait du 20 novembre 2011, pour viols, kidnapping et meurtres.
Le Chef du gouvernement provisoire a rajouté, notamment, que l'opération d'extradition a fait l'objet d'une opération de vote au sein d'une réunion ministérielle, le 15 mai 2012. Vingt trois personnes ont voté pour l'extradition, et 2 contre. Il rappelle que cette décision n'a été prise qu'après un accord officiel entre les autorités judiciaires libyennes et tunisiennes quant à la garantie d'un traitement humain et d'un procès conforme aux standards internationaux pour Baghdadi Mahmoudi.
Le Chef du gouvernement tunisien Jebali déclare que cette décision a été prise le 15 mai 2012 après avoir reçu des promesses officielles écrites de la part des autorités libyennes sur le bon déroulement du procès. D'ailleurs, Hammadi Jebali a parlé d'un convoi composé de six personnes qui était parti en Lybie pour vérifier avec la commission libyenne les conditions d'accueil, du procès et du jugement de Baghdadi.
«Aucune transaction pétrolière »
Le conflit qui se propage depuis cette opération d'extradition quant à l'existence d'une certaine tension entre le Chef du gouvernement et le Président de la République Moncef Marzouki qui n'en aurait pas été au courant , Hammadi Jebali a déclaré que dès le départ, la décision d'extrader l'ancien Premier ministre libyen a été l'objet de discussions entre le Chef du gouvernement et le Président de la République. Moncef Marzouki, toujours selon Hammadi Jebali, «était au courant de toutes les décisions et était prévenu le jour-même de l'extradition.»
Il rajoute aussi que le président de l'ANC, tous les ministres et les Secrétaires d'Etat ont été tous prévenus par respect, même si légalement, la loi ne le stipule pas. C'est dans ce sens-là, que Hammadi Jebali nie qu'il y ait des conflits entre le gouvernement, l'ANC et la présidence de la République quant à la décision d'extradition de Baghdadi Mahmoudi. «Et même si c'est le cas, c'est tout à fait normal qu'on discute là-dessus. On est dans une démocratie naissante. Pourquoi en faire un plat et nuire à notre image à l'extérieur ?»
«L'extradition est légale et dans l'intérêt de notre sécurité»
Répondant aux critiques incessantes depuis l'extradition de l'ancien Premier ministre libyen sous le régime de Khadafi, le Chef du gouvernement a insisté sur le fait que l'intérêt du pays, la raison d'Etat et la sécurité nationale ont été à la base de cette décision.
Il a, notamment, nié cette histoire de transaction financière ou pétrolière qui aurait eu lieu entre les autorités tunisiennes et libyennes pour l'extradition de Baghdadi. «Nous évitons des conflits avec nos voisins et pensons à l'intérêt sécuritaire de notre pays. Nous avons 480km de frontières avec la Libye et préférons collaborer avec nos voisins.»
Le Chef du Gouvernement Hammadi Jebali rappelle qu'il s'agit d'une personne accusée d'abominables crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et qui ne peut donc pas répondre aux critères d'un réfugié politique selon l'accord de Genève.
«Notre décision est totalement légale et répond aux normes internationales. Nous tenons aussi à sauvegarder nos intérêts stratégiques. On ne peut tout de même pas protéger une personne réclamée par sa patrie pour avoir commis des crimes de guerres. Seules les institutions sécuritaires et armées sont aptes à donner la date précise d'extradition.»
Et il ajoute : « Les affaires étrangères sont du ressort du chef du gouvernement. »
Après le discours prononcé par le Chef du Gouvernement, les intervenants, élus de l'ANC sont dans la majorité pour le principe de l'extradition mais étaient tous contre la procédure suivie par le Chef du Gouvernement. Le fait de ne pas avoir pu informer le Président de la République pour «absence de réseau» a suscité la critique majoritaire des élus.