Subitex dont les prix ont chuté depuis la Révolution ; recrudescence de l'usage des drogues injectables : la situation est déjà assez grave comme ça et avec ces mesures, la Tunisie deviendrait la plaque tournante de ces trafics La simplification des procédures d'entrée, de séjour, de travail et d'investissement en Tunisie en faveur des ressortissants des autres pays maghrébins, préconisée , cette année, par les autorités tunisiennes, à l'occasion de la tenue du sommet maghrébin ,en octobre prochain, en Tunisie, pourrait aggraver davantage la situation déjà inquiétante en Tunisie en ce qui concerne la recrudescence du trafic et de la consommation de drogues et son corollaire direct la contamination par le SIDA, l'hépatite C , et les maladies sexuellement transmissibles, en général. Au moment où cette initiative tunisienne, annoncée depuis janvier dernier, est relancée ces derniers jours, un pays maghrébin, en l'occurrence la Libye, plus attentif, aux problèmes signalés, a intensifié la lutte contre la présence des émigrés irréguliers sur le territoire libyen. Récemment, la police libyenne a arrêté un groupe de clandestins dont 30 étaient des toxicomanes et portaient soit le virus du SIDA (VIH), soit celui de l'hépatite C(VHC).On connaît la corrélation étroite entre la consommation de la drogue et l'affection du SIDA. A vrai dire, contrairement à ce que l'on pourrait penser, la Libye qui a été, depuis longtemps, un pays d'accueil pour les émigrés étrangers de toutes les nationalités, notamment africains, a vu sa situation s'aggraver, au fil des ans, en ce qui concerne la recrudescence de la toxicomanie et la propagation des maladies sexuellement transmissibles comme le SIDA. Le phénomène de séroprévalence au virus du SIDA (VIH) parmi la population en Libye est estimé à 22%, contre 7% en Egypte. D'après les chiffres officiels qui restent à actualiser, la Tunisie paraît être, jusqu'à présent, un des pays les moins touchés dans le monde par le SIDA (quelque 1500 cas de sidéens en Tunisie). Or, depuis la Révolution du 14 janvier 2011 en Tunisie, suivie de très près par l'insurrection libyenne, le 17 février 2011, l'ouverture des frontières tuniso libyennes et tuniso algériennes a favorisé l'accroissement du trafic de drogues et des stupéfiants entre ces trois pays maghrébins, entraînant, en Tunisie plus particulièrement, une augmentation de l'offre de drogues dans les circuits de distribution, suivie d'une chute des prix, et par voie de conséquence, une augmentation de la demande et de la consommation. D'autant que la toxicomanie a tendance à toucher toutes les classes mais principalement les jeunes, y compris les femmes (13% des toxicomanes en Tunisie). Selon des spécialistes tunisiens informés de la situation, le prix d'un comprimé de Subitex, stupéfiant très utilisé par les drogués en Tunisie, a chuté de 70% après la Révolution du 14 janvier. Le comprimé de Subitex comprenant huit doses qui était vendu, avant la Révolution, à 80 dinars et atteignait même 200 dinars, au cours du mois de Ramadan, a vu son prix chuter à environ 30 dinars, soit entre 3 et 4 dinars la dose. La cigarette de cannabis est vendue à un dinar seulement. Dangers réels Mais, le plus grave , d'après ces mêmes spécialistes, il existe, en Tunisie, 10 mille toxicomanes qui usent des drogues injectables intraveineuses, et appelés justement « usagers de drogues injectables » (UDI) dont 39% portent le virus du SIDA (VIH) et 29% l'hépatite C. L'utilisation des mêmes seringues pour se droguer favorise la contamination par le virus du SIDA, outre la transmission de cette affection par voie sexuelle lors de rapports sexuels non protégés. Les professionnels du sexe qu'ils soient des hommes ou des femmes (prostituées) sont des vecteurs importants de contamination. Or, la prostitution, en Tunisie, a pris de l'ampleur, également. En février 2012, le bureau national des stupéfiants a lancé un cri d'alarme face à la recrudescence du trafic et de la consommation de la drogue en Tunisie. Dernièrement, le ministre de la Santé publique a admis qu'il y a une sous estimation de la consommation de la drogue en Tunisie, c'est-à-dire que la situation est plus grave que ne reflètent les chiffres officiels. Selon les rapports de presse, l'Algérie et le Maroc connaîssent des problèmes similaires, sans compter la recrudescence du crime organisé transfrontalier dans la région maghrébine, et de la contrebande d'armes, outre les menaces d'aventurisme guerrier, communément appelé « terrorisme ». Les organisations impliquées dans ces types de criminalité recrutent, souvent, leurs membres parmi les chômeurs et jeunes demandeurs d'emploi, ayant les dispositions voulues et le profil recherché, et qui forment, partout, le gros des groupes migrants. La liberté de circulation est appréciable, certes, mais les nouvelles conditions signalées exigent sa réglementation en conséquence, sous des formes qui respectent, à la fois, la liberté individuelle et l'intérêt général. A vrai dire, toutes ces nouvelles initiatives constituent des réactivations d'anciens accords maghrébins bilatéraux et multilatéraux, dont la convention tuniso-marocaine de libre circulation qui remonte à 1961, appliquée par le Maroc, depuis sa signature, mais « gelée » en Tunisie. Il existerait déjà, en Tunisie, quelque 20 mille Marocains en situation irrégulière.