En allant à une conférence de presse du gouverneur de la BCT, tenue hier, on avait plusieurs questions qui nous taraudaient l'esprit. Des questions qui touchent à la fois la légitimité ainsi que les raisons d'une décision présidentielle relative au limogeage de Kamel Nabli, outre les accusations gratuites à connotation politique envers cette institution ainsi que ses hauts dirigeants. A la fin de cette même conférence, on était édifié sur plusieurs constats. A commencer par la nature même de l'affaire, son timing, ses causes ainsi que ses effets sur l'institution-la BCT- et sur l'économie tunisienne. Les points sur les « i » ! Nul ne peut ignorer que la situation actuelle du pays, ne supporte cette discorde politique entre un Président enfermé dans sa tour d'ivoire au Palais de Carthage et entre un Chef de gouvernement trop ferme mais toujours flexible face à cette affaire. Nabli paie par conséquence le prix et demeure encore « otage » et victime d'une surenchère entre les responsables de la Troïka. Pour lui, cette conférence de presse aurait été consacrée à la lecture de la conjoncture économique, les avoirs en devises, l'emploi et d'autres sujets économiques qui ne manquent pas d'importance. « Mais, je me trouve obligé à parler dans cette affaire d'un point de vue institutionnel et non pas personnel », explique Kamel Nabli. Il précise encore, « Le poste du gouverneur ne m'intéresse pas autant que les intérêts de la BCT, qui devrait être loin des règlements de compte politiques ». C'est dire que Nabli ne va pas démissionner ? Nabli dira qu'il va garder son poste jusqu'à la décision de l'Assemblée Nationale Constituante qui a pris l'affaire en main depuis hier. Une affaire que l'ANC a essayé d'éviter selon les propos de Nabli, puisque la décision de son remplacement n'est pas justifiée et elle ne respecte pas les garanties de l'indépendance de la BCT.
D'ailleurs, aucune explication n'a été avancée ni déclarée pour expliquer le remplacement du gouverneur de la BCT. Et les accusations de malversation ainsi que le camouflage des dépassements et des dossiers de corruption envers la BCT, ne trouvent aucun fondement. Explication ? La décision annoncée par Marzouki, a coïncidé avec l'affaire de Baghdadi Mahmoudi et surtout sa discorde avec Hamadi Jebali. Il suffit d'être peu naïf pour ne pas faire le lien entre les deux décisions. Un désaccord entre Jebali et Marzouki, une décision de limoger Nabli.
Bien que le gouverneur de la BCT a insisté de nouveau durant cette conférence de presse, qu'il n'a aucune affaire personnelle avec le Président Marzouki. « Tout ce que je connais, c'est qu'il a insisté pour me remplacer sans aucune preuve ni explication », estime Kamel Nabli. Et d'ajouter « toutes les accusations envers ma personne sont fausses et gratuites. J'ai toujours le droit de recourir à la justice ». Affaire à suivre. Bientôt le verdict !