L'ancien Premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi a affirmé à avoir été «maltraité» et «frappé» lors de sa détention en Tunisie, rapporte l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW). «Mahmoudi a déclaré Human Rights Watch que des gardes l'ont menacé et frappé avec des bâtons, des bottes et un fouet en plastique lorsqu'il était détenu à la prison de Mornaguia, à Tunis. Il a également fait savoir que les autorités tunisiennes ne lui permettaient pas de rencontrer son avocat, ce qui l'a obligé à entamer une grève de la faim », précise l'organisation dans un communiqué publié hier, indiquant que l'un des avocats de Mahmoudi en Tunisie lui a confirmé qu'il «n'avait pas pu parler avec son client en prison pendant une semaine, à la fin du mois de mai dernier».
Dans son entretien avec une délégation de HRW qui lui a rendu visite dans sa cellule à Tripoli le 3 juillet 2012, l'ancien premier ministre de Kadhafi a prétendu que le 24 juin dernier, le jour de son extradition vers la Libye, « des responsables tunisiens lui ont fait croire qu'ils l'emmenaient pour un examen médical» alors qu'il s'est retrouvé dans un avion, dans lequel l'attendait le chef d'état-major de l'armée libyenne.
Human Rights Watch a, toutefois, souligné qu'elle «n'a pas été en mesure d'évaluer si Mahmoudi pouvait parler librement et honnêtement à son représentant au sujet de son traitement par les autorités libyennes et tunisiennes». L'ex numéro deux du régime libyen a, par ailleurs, déclaré qu'il n'avait pas subi de mauvais traitements pendant sa détention en Libye.
«La Tunisie a extradé al-Mahmoudi après avoir reçu l'assurance que la Libye ne compte pas le maltraiter. Il appartient maintenant à la Libye de tenir ses promesses de respecter les droits de l'accusé », a déclaré Eric Goldstein, adjoint pour le Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch.
L'extradition de l'ancien Premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi sans l'accord préalable de la présidence de la République a provoqué une crise ouverte au sein de la troïka au pouvoir en Tunisie. La présidence de la République, avait estimé que cette décision unilatérale prise par le Chef du gouvernement n'est ni légale, ni légitime et appelé l'Assemblée nationale constituante à trancher le conflit.