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Quand l'histoire se répète !
Dédicace du livre « Sous le toit de l'Empire » de Leïla Temime Blili
Publié dans Le Temps le 10 - 07 - 2012

Une séance de dédicace a eu lieu vendredi dernier à « Beit El Hikma » à Carthage autour du nouveau livre, récemment paru, de Leïla Temime Blili, intitulé :
« Sous le Toit de l'Empire. La Régence de Tunis 1535-1566. Genèse d'une province ottomane au Maghreb » devant une assistance nombreuse d'hommes et de femmes férus de littérature et d'histoire.

Leïla Temime Blili est professeur d'histoire moderne et contemporaine à la Faculté des lettres des Arts et des Humanités de la Manouba, elle est Chef du département d'histoire et membre des «Relations méditerranéennes et internationales». Elle est spécialiste d'histoire sociale et d'histoire de la famille. D'ailleurs, son premier ouvrage, paru en 1999, avait pour titre : Histoire de familles, mariages, répudiations, vie quotidienne à Tunis 1875-1930. Dans le présent ouvrage, l'auteure revient à plusieurs siècles avant cette date pour nous parler, toujours dans le thème de familles, des origines des Turcs, ces intrus qui se sont introduits dans le Maghreb, particulièrement en Tunisie, et qui se sont imposés en maitres de céans pendant plusieurs siècles, en s'appropriant de la vie commerciale et politique dans la Régence de Tunis.

L'historienne annonce dans son introduction à cet ouvrage : « L'émergence de la Tunisie moderne à partir du XVIè siècle : tel est l'objet de ce livre qui reconstitue l'occupation de l'ancienne Ifriqya hafside par les Ottomans, et accompagne le long processus par lequel se construit la Régence de Tunis, dans ses frontières quasi définitives et dans sa formation sociale spécifique. Il propose une réflexion autour de la formation de l'identité territoriale et sociale de la nouvelle province, dont plusieurs traits distinctifs se sont fixés dans le cadre des liens avec Istanbul : c'est en tant que province impériale que ses nouvelles frontières se dessinent, que des hommes, venant du vaste espace ottoman, s'y installent et réussissent à former la nouvelle élite... » L'auteure s'intéresse donc dans cet ouvrage à l'histoire sociale et moderne de la Tunisie et surtout aux familles qui ont accédé au pouvoir entre 1535 et 1666, après la déstabilisation de la dynastie hafside. Leïla Temime Blili essaie de montrer le processus qui a mené ces Turcs au sommet de l'Etat. Cette période, pourtant d'une importance capitale dans l'histoire de la Tunisie, n'a pas été l'objet d'études sérieuses de la part des historiens, quant à l'origine des Turcs et leurs manipulations qui leur permettaient d'accéder au pouvoir « sous le toit de l'empire ottoman ». Cette période marque la fin de la dynastie hafside et l'entrée du pays dans une situation complexe et confuse, attisée par les affrontements avec les Espagnols qui firent irruption sous le règne de Charles Quin qui avait lui aussi des convoitises et cultivait le rêve de restaurer l'empire de Charlemagne. L'arrivée progressive des Turcs, hommes d'origine méditerranéenne, de religion musulmane ou chrétienne, enrichis grâce à la piraterie et au commerce, s'installèrent sur les côtes tunisiennes et s'intégrèrent peu à peu à la population, à travers leurs mariages avec des femmes tunisoises. S'emparant ainsi du pouvoir, ils reçurent aussitôt l'investiture de Sultan ottoman à Istanbul. « C'est en tant que province soumise à l'autorité impériale des sultans ottomans que les nouvelles frontières se dessinent par ces Turcs musulmans, venus d'horizons différents ou d'Anatolie ou de l'ancien empire chrétien d'Orient, auxquels étaient mêlés d'anciens captifs de la Course. Des renégats chrétiens de naissance mais convertis à l'Islam hanéfite, liés par les liens du mariage noués avec des musulmanes. Mourad Corso, fondateur de la dynastie mouradite, appartenait à ce groupe social, issu du monde interlope de la captivité. Tunis, sous l'empire, devient un lieu de rencontre de ces hommes aux histoires singulières qui réussissent, malgré la grande disparité de leurs origines géographiques et religieuses, à établir et consolider leurs positions par des alliances avec des familles locales puissantes. Ils mettent la main sur les richesses économiques et s'approprient le pouvoir politique... »

Cet ouvrage nous livre également toute une description de cette période marquée par des hostilités géostratégiques entre deux forces méditerranéennes : d'une part, les forces impérialistes espagnoles chrétiennes qui défendaient la chrétienté et, d'autre part, les forces turques qui s'érigeaient en tant que protectrices de « Dar El Islam ». Chacune de ces deux puissances voulait mettre la main sur le bassin méditerranéen. Le livre fait état également de la dislocation du royaume hafside et des luttes dynastiques qui secouaient les fondements de l'Etat, d'où l'affaiblissement de la dynastie hafside, la transformation des villes en petites « villes-états » autonomes gouvernés par des notables appelés « Djemaâ » et l'émergence de la confrérie « Chebbia » à Kairouan, l'une des plus redoutables au pouvoir des Hafsides.

C'est donc dans cette situation chaotique que les Turcs vont chasser les rois de Tunis et s'emparer du pouvoir. Mais qui sont ces Turcs au juste ? C'est la question à laquelle a répondu l'historienne : en effet, les Turcs venus au Maghreb ne constituent pas les notables du Sultan ottoman ni ses meilleurs soldats, dits des janissaires, qu'il a envoyés pour gouverner le Maghreb : mais ce sont plutôt « des paysans pauvres qui sévissaient dans les campagnes de l'Anatolie en bandes et qui menaçaient la sécurité de l'Empire ». En fait, le Sultan s'en est débarrassé en les envoyant s'installer en Tunisie et qui deviendront plus tard les chefs incontestés, une fois alliés aux grandes familles locales, faisant la pluie et le beau temps et imposant leurs lois sur toute la population. Force est de constater que le livre remet en question toute une croyance établie dans la mémoire collective qui a toujours considéré la famille beylicale ottomane régnant sur la Tunisie comme la classe sociale la plus noble, la plus pure de toutes les dynasties qui se sont relayé sur le gouvernement de la régence de Tunis durant plusieurs siècles. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ces Turcs de basse naissance et n'appartenant à aucune généalogie familiale assez distincte, comme il a été démontré dans ce livre, ont fini par accéder au pouvoir et devenir une aristocratie. A comparer cette époque des Turcs avec la nôtre, dans la Tunisie actuelle, peut-on dire que l'histoire se répète ? Peut-on dire qu'il suffit d'être

un aventurier de grands chemins et un « nouveau riche » sans scrupules pour accéder au pouvoir ?

Hechmi KHALLADI

* Sous le toit de l'Empire : La Régence de Tunis 1535 - 1666 Genèse d'une province ottomane au Maghreb, de Leïla Temime Blili — Script, juin 2012


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