Ridha Belhaj, le porte-parole surprend tout le monde : 24 heures avant la date délai en réponse à sa demande d'obtention de son visa comme parti politique, Hezb Ettahrir a reçu hier une lettre confidentielle de la part du Premier ministère annonçant le rejet du dossier. Plutôt déçu qu'étonné, le porte parole du parti Ridha Belhaj a indiqué au Temps qu'il s'agit d'un nouveau scandale politique signé Ennahdha !...Interview. “Les Américains et l'alliance Ennahdha- Caïed Essebsi derrière cette magouille !..." "Nous n'avons pas besoin d'un visa pour exister "
"Toute partie qui essayera de nous écarter du paysage politique, en assumera lesconséquences."
Temps : comment jugez-vous le rejet de votre dossier ?
Ridha Belhaj : c'est un scandale au vrai sens du mot ! Le Gouvernement de Jebali, s'est basé sur un décret loi posé par Foued Mebazzâa pour juger notre parti de « non conforme à la loi ». De quelle loi parlent-ils en l'absence de constitution et de Gouvernement légitime et permanent !
De plus, le refus du visa était basé sur un jugement politique et culturel. A titre d'exemple, l'une de multiples raisons pour lesquelles notre demande a été rejetée était le fait qu'on réclamait que le candidat à la présidentielle soit un musulman. Franchement c'est une honte pour un Gouvernement dominé par un parti à connotation islamiste.
D'autre part, une question s'avère essentielle : Pourquoi le choix de cette date ? Pourquoi nous annoncer le rejet de notre demande 24 heures avant la date de l'obtention automatique du visa ? C'est ce qu'on appelle le flou politique que nous rejetons radicalement !
• Vous dites que votre parti a été jugé non conforme à la loi. Avez-vous présenté des garanties de conformité à la loi en déposant votre dossier ?
- En présentant notre dossier, nous étions catégoriques en indiquant que nous ne voulons aucune faveur de quiconque. Nous avons été conformes à la loi en présentant des garanties à savoir que la violence n'est pas une de nos vertus, que nous n'avons pas de liens étrangers et que nous ne comptons pas accaparer l'Islam. Par ailleurs, le refus était basé sur une surenchère débile à savoir la non-conformité aux valeurs de la démocratie. Je ne sais pas de quelle démocratie ils parlent au moment où notre parti est strictement attaché aux principes de l'Islam notamment à la Choura. C'est clair et net, ce rejet trouve ses origines dans d'autres raisons plus profondes et plus compliquées.
• De quelles raisons parlez-vous ?
- Je le dis et j'assume toutes les responsabilités et les conséquences. Le rejet de notre dossier était basé sur une décision étrangère et je parle bel et bien des Américains qui n'ont pas intérêt à instaurer un régime purement islamiste dans nos contrées. Le Gouvernement de Jebali n'a fait qu'obtempérer aux injonctions américaines. Autre chose : le mouvement Ennahdha a déjà entamé des pourparlers avec le mouvement « Nidâa Tounes » de Béji Caied Essebsi concernant les prochaines élections. Selon ces réunions tenues en cachette, Appelle de Tunisie, ayant obtenu son visa après une semaine du dépôt du dossier, sera le nouvel allié d'Ennahdha. Bien évidemment, notre parti ne servira en rien cette alliance qui aura sans l'ombre d'un doute un agenda politique loin de toute dépendance religieuse. De toutes les façons, je tiens à signaler que ce refus ne fera qu'augmenter notre notoriété et notre légitimité auprès de la société tunisienne majoritairement musulmane. Donc le triangle Amérique-Ennahdha-Caîed Essebsi est derrière cette magouille.
• Voulez-vous dire que le parti Et-Tahrir continuera à exister et à s'activer en dépit du refus de visa ?
- D'abord, nous n'avons pas besoin d'un visa pour exister car nous existons depuis les années 50. Ensuite, ce refus ne fera que nous inciter à travailler davantage et à aller jusqu'au bout. Nous allons répondre à toute tentative de nous stopper ou de nous freiner, et ici je serai clair et je dirai, sans jeu de mots, que toute partie essayant de nous écarter du paysage politique aura à en assumer les conséquences. Pour nous, le seul juge sera les Tunisiens pas plus. Hezb Ettahrir basé sur le recours à la Chariaa soit le Coran et la Sunnah sera omniprésent sur la scène politique. Nous allons continuer à défendre nos principes dont essentiellement le fondement d'un pays islamique gouverné par un Califa. Nous avons une base populaire très élargie. Nous sommes partout et nous n'allons pas céder à ces décisions politiques malsaines.
•Vous avez boudé le congrès d'Ennahdha auquel vous avez été invité, s'agit-il d'un signe de rupture ?
- Nous avons boudé le congrès car il s'agit d'une vraie humiliation. Le mouvement Ennahdha a choisi de nous priver de travailler légalement sur la scène politique. Ne voyant aucune raison à participer à ce congrès pour nous inviter à leur congrès, nous avons préféré nous abstenir.