• Ali Sériati : 20 ans de prison • Rafik Belhaj Kacem : 15 ans de prison ferme • Ali Tiouiri, Lotfi Zouaoui, Jalel Boudrigua et Mohamed Lamine El Abed : 10 ans de prison ferme • Condamnations de 5 ans de prison pour les uns et acquittements pour d'autres
Non-lieu pour Ahmed Friâa
Le Tribunal militaire a rendu son verdict dans l'affaire des martyrs et blessés de la Révolution dans les gouvernorats de Tunis, Nabeul, Bizerte, Zaghouan, Sousse et Monastir. Ben Ali, accusé d'homicide volontaire et de tentative de meurtre, a été condamné à la prison à perpétuité. Etait-ce par clémence de la part du tribunal ou pour ne pas compliquer son extradition éventuelle ?
En effet, parmi les cas constituant un empêchement juridique à l'extradition, selon la Cour internationale de Justice, la condamnation à mort, est considérée comme un cas de torture par excellence.
En tout état de cause, sa culpabilité a été établie par cette condamnation, ce qui ouvre droit aux familles des victimes de demander une réparation en fonction des préjudices subis, et qui sont aussi bien d'ordre physique que psychique. Pour cela il faut qu'ils intentent une action dans ce sens devant les tribunaux civils.
Ali Sériati derrière la fuite de Ben Ali ?
A noter également que c'est pour la première fois que Sériati est condamné à une lourde peine depuis qu'il est en détention :20 ans de prison ferme.
Il avait été précédemment acquitté à deux reprises dans d'autres affaires. Il n'empêche que sa culpabilité cette fois-ci, a été établie, quand bien même il ait clamé son innocence, en niant avoir participé de quelque manière que ce soit dans ces tueries du 14 janvier 2011. Bien plus il s'est targué d'avoir évité un bain de sang en facilitant la fuite de Ben Ali.
Mais qui avait donné l'ordre de tirer sur les manifestants ? Sur ce point Sériati a nié formellement les faits incriminés, déclarant que les agents de l'ordre qui agissaient à l'époque n'étaient pas sous ses ordres.
A preuve, il a été arrêté dès le départ de Ben Ali, sur ordre du ministre de la Défense.
Les snippers, mythomanie collective ou réalité ?
Rappelons-nous, le 14 janvier, il y avait des tireurs qui se trouvaient sur les toits à certains endroits de la capitale, et de la banlieue, et sous leurs balles plusieurs personnes sont tombées. Bref tout un imbroglio qui mettait les citoyens dans l'effroi et le pays dans le chaos.
Ali Sériati avançait pour sa défense, qu'il était occupé ailleurs, étant chargé de la sécurité du palais présidentiel. Argument qui n'a pas convaincu le tribunal.
Rafik Guesmi, largué par son chef.
Ministre de l'Intérieur à cette époque, Rafik Guesmi dit Bel Haj Kacem, a nié avoir donné l'ordre de tirer, mais il n'a fait qu'appliquer les ordres qui émanaient de son chef suprême, à savoir assurer la sécurité par tous les moyens quitte à tirer sur tout ce qui bouge. Malgré cela, il soutient qu'il n'a pas ordonné de faire feu sur les manifestants. C'était la situation qui l'imposait d'autant plus qu'à un moment donné, c'était la confusion totale. Argument tiré par les cheveux car les manifestants étaient sans armes. D'ailleurs il a été discrédité par son chef, qui l'a remplacé par Ahmed Friâa, avant de prendre la fuite.
Ahmed Friâ essaye de « rectifier le tir »
Dès qu'il fut à la tête du ministère de l'Intérieur, Ahmed Friâa a essayé de rétablir le calme dans le pays, alors que Ben Ali avait déjà pris la fuite. Les snippers continuaient de tirer sans sommation. A l'intérieur du pays les affrontements continuaient entre manifestants et agents de l'ordre. Mais cela ne pouvait être une preuve suffisante pour établir sa culpabilité, selon le tribunal qui l'a totalement blanchi, ayant prononcé un non lieu le concernant.
Des condamnations susceptibles de recours
Concernant Ben Ali, la condamnation étant par défaut, il lui est loisible de faire opposition à tout moment, et il n'y a pas de délai de forclusion en l'occurrence.
Pour les autres condamnations, un recours en appel est possible, étant donné que désormais, une section d'appel a été créée, en matière criminelle, au tribunal militaire, à l'instar du tribunal de droit commun.
De même que le procureur peut interjeter appel, s'il estime que les condamnations ne sont pas adéquates.
Ce qui sous entend que ce n'est pas encore fini, pour Ben Ali, et ses acolytes.