L'entrée des agents de la décharge contrôlée El Gonna à Agareb en une grève d'une semaine pourrait faire courir à la région de Sfax le risque d'une situation écologique dramatique. La probabilité n'est pas à écarter, en raison de la durée de la grève mais surtout, eu égard à l'importance de ladite décharge, surtout que la situation pour le moins qu'on puisse dire est préoccupante en matière de malpropreté. La décharge contrôlée El Gonna, située à 25 km de Sfax, et commune aux 12 municipalités du gouvernorat, accueille tous les déchets urbains qui transitent par les sept centres de transfert que compte la région. Elle accueille quotidiennement entre 400 et 500 tonnes de déchets. La question est donc de savoir ce qu'il adviendra de toutes ces quantités de déchets et d'ordures ménagères qui doivent y être traitées au jour le jour, d'autant plus d'ailleurs que les autorités régionales sont en panne de solution technique. En effet, le groupement tuniso-français Segor chargé de l'exploitation du site El Gonna et employeur des 88 grévistes est une entreprise détentrice d'un haut savoir-faire technologique qui rend impossible toute solution de rechange, aussi provisoire soit-elle.
D'autre part, il faut savoir que la capacité de transfert des déchets urbains dans la région est déjà sérieusement amoindrie par la récupération et la fermeture du centre de transfert de Thyna par ses propriétaires fonciers légaux, sachant que le site accueillait les déchets en provenance de la municipalité de Thyna et des trois arrondissements relevant de la municipalité de Sfax, à savoir ceux de la Médina, de Menzel Chaker et de Rbat, par lequel transitait au quotidien, entre 150 et 160 tonnes.
Pour leur part, les grévistes réclament leur intégration dans le personnel de l'ANGED, Agence natonale de gestion des déchets « afin de mettre fin à leur statut d'ouvrier de la sous-traitance». Moez Bahri, le secrétaire général de leur syndicat, regrette ce qu'il appelle l'indifférence des autorités compétentes : « Non seulement la réunion du lundi 23 juillet courant n'a rien donné, mais en plus, nous n'avons enregistré jusqu'à présent aucune réaction de la part des autorités compétentes », a-t-il souligné. Tout en réaffirmant l'ouverture du syndicat au dialogue, Bahri a insisté sur la détermination de ses collègues à poursuivre la grève si leur revendication n'était pas satisfaite.
Toutefois, d'après une autre source bien informée, le groupement d'exploitation de la décharge El Gonna, employeur des agents grévistes, n'est pas une entreprise de sous-traitance, ce qui enlèverait toute légitimité au motif de la grève , d'autant plus que ces agents jouissent du statut de titulaires et ont une situation stable au sein de leur entreprise.