La tentation est grande durant ce mois de ramadan. Mais on ne recule pas pour aller s'approvisionner en légumes, en fruits et en poissons. Mais à quel prix ? La consommation moyenne de poissons en Tunisie est de 9 kg par personne et par an, soit pratiquement 100 mille tonnes pour l'ensemble de la population. Le Tunisien aime manger cette denrée alimentaire qui n'est pas encore à la portée des bourses moyennes. En fait, les prix des poissons, notamment le poisson blanc, ont pris la tangente depuis plusieurs années surtout pour le merlan, la lote ou le chien de mer, alors que les fruits de mer et autres crustacés restent inabordables : 25 à 30 dinars le kg en moyenne pour la crevette rouge, jusqu'à 35 D le kg la langouste et la cigale, Une virée du côté du marché de poissons de Nabeul renseigne sur la fièvre que connaissent les étals. L'offre en produits fortement consommés durant ce mois sacré de Ramadan est suffisante mais les prix des poissons flambent. Il est impossible de ne pas remarquer cette envolée, puisque certaines variétés de poissons, notamment les fruits, sont déjà hors de prix pour les classes moyennes. Si, pour les poissons bleus, on relève une certaine stabilisation du prix qui oscille entre 2 et 4 dinars le kilo. La hausse touche surtout les variétés blanches. 20 dinars le kg de rougets, 22dinars le mérou, 16 dinars la daurade « C'est inabordable et trop cher », nous dit Jalila qui ne cache pas sa surprise devant la flambée des prix de poissons. « Du jamais vu, les prix grimpent. Ma bourse ne me permet pas d'acheter ces variétés. C'est devenu inaccessible » dit-elle . Les prix ont connu aussi le pic vertigineux coutumier en cette période du jeûne « C'est excessif je préfère m'approvisionner du côté de Beni Khiar. C'est moins cher », avoue-t-elle. Certains consommateurs paraissent hésitants : « c'est impensable » se lamente un cadre de banque « mais oui, c'est la loi du marché, quand l'offre est inférieure à la demande.. » Il y en a dans la foule qui vient à titre de spectateurs « Moi je vais attendre encore car les prix vont baisser vers la fin de la journée » dit un citoyen d'un certain âge. Les vendeurs imputent cette hausse aux grossistes qui vendent cher leurs produits. « On ne fait qu'aligner nos prix sur ceux des grossistes avec une petite marge, puisqu'il nous faut bien gagner notre vie », se défend un vendeur. « L'idéal serait de s'approvisionner directement chez des pêcheurs, mais c'est quasiment impossible » a déclaré un jeune vendeur. On n'a pas de moyens de transport ». Cette inflation des prix est due aussi au manque de certaines variétés au niveau des ports de pêche et à l'offre du marché qui n'arrive pas à subvenir à la demande. Selon un armateur, cette envolée des prix s'explique aussi par l'épuisement de la ressource nationale dû principalement au non-respect des zones de pêche. Bref cet aliment indispensable à l'équilibre alimentaire risque de devenir un produit de luxe en cette période de jeûne!