Un militant du PCOT blessé Ennahdha appelle les habitants à «protéger leur ville» et accuse Nidaâ Tounes d'être derrière les protestations
La police a tiré, hier, des balles en caoutchouc et du gaz lacrymogène pour disperser une manifestation organisée par des partis d'opposition à Sidi Bouzid, épicentre de la révolution de 2011 qui a balayé le régime de Ben Ali. Une personne a été blessée par une balle en caoutchouc au niveau de l'abdomen alors que quatre personnes qui suffoquées par l'inhalation du gaz lacrymogène ont été transportées à l'hôpital de Sidi Bouzid, selon des activistes politiques. « Les affrontements entre policiers et manifestants ont fait un blessé par une balle en caoutchouc. Il s'agit de Saddam Akremi, 21 ans, un militant du Parti Communiste Ouvrier de Tunisie (PCOT) », précise le syndicaliste Lazher Gharbi, indiquant les blessures n'étaient pas graves.
Les policiers ont commencé à tirer en l'air lorsque des protestataires, qui réclamaient la démission du gouvernement ont brisé le portail d'entrée du siège du gouvernorat de Sidi Bouzid, tentant d'y pénétrer par la force, selon des habitants.
Les protestataires ont réclamé le limogeage du gouverneur, du chef de la police et du procureur de la République ainsi que la libération d'une vingtaine de jeunes arrêtés récemment à la suite des protestations contre les coupures d'eau dans la région. Ils ont scandé des slogans hostiles au gouvernement dominé par le mouvement islamiste Ennahdha, tels que «le peuple veut la chute de régime », «le peuple veut la chute du gouvernement », « non à l'hypocrisie, le travail est un droit ».
La manifestation était organisée par plusieurs partis d'opposition, dont le Parti Républicain, le Parti Communiste Ouvrier de Tunisie (PCOT), le parti Al-Watan (La Nation) ainsi que organisations de la société civile et des indépendants.
Ennahdha accuse les ex-RCDistes
En réaction à ces protestations, le Bureau régional du mouvement Ennahdha à Sidi Bouzid a appelé, dans un communiqué publié hier, les habitants Sidi Bouzid à « protéger leur ville et ses institutions » et qualifié la manifestation d' « illégitime».
Le parti islamiste a également accusé le parti Nidaâ Tounes (L'appel de la Tunisie) de l'ancien premier ministre Béji Caïd Essebsi qu'il a présenté comme étant le «bras des ex-Rcdistes » d'être derrière les troubles. « Nous avons des preuves selon lesquelles des personnes connues dans la région pour êtres proches de Nidâa Tounes se sont alliés à des délinquants, des voleurs et des vendeurs d'alcool pour semer l'anarchie à Sidi Bouzid », précise le communiqué publié par l'antenne régionale du parti de Rached Ghannouchi.
Berceau de la révolution tunisienne, Sidi Bouzid connaît après la fuite de Ben Ali des troubles sporadiques plus ou moins violents motivés par les lenteurs de l'amélioration des conditions économiques et sociales
Fin juillet, la police avait dispersé de la même manière des dizaines de manifestants qui avaient attaqué le siège du gouvernorat de Sidi Bouzid, y jetant des pneus enflammés, pour protester contre des retards de versement de salaires.
Le 25 juillet, le président, Moncef Marzouki, avait déclaré devant l'Assemblée constituante: «Quelle valeur pour une démocratie qui ne nourrit pas les ventres affamés ? » Selon lui, le peuple pourrait se révolter à nouveau si les espoirs de la révolution sont déçus. « Le peuple n'acceptera pas une démocratie de façade, il pourrait alors être poussé à une nouvelle révolution », a t-il noté.