En mars dernier, le ministre de l'Intérieur Ali Laârayedh déclarait au journal Le Monde qu'un « affrontement avec les salafistes jihadistes est presque inévitable ». Le ministre de l'Intérieur, premier responsable de la sécurité dans le pays, basait certainement son jugement sur une évaluation scientifique de la situation, sur des informations claires et nettes et sur des rapports sécuritaires exhaustifs. Mais il ne fallait pas être vraiment un expert en la matière, ni au fait de renseignements secrets ou confidentiels pour constater que le phénomène du salafisme, apparu sans crier gare après la révolution, gagnait de l'ampleur et prenait des tournures inquiétantes depuis l'installation d'un gouvernement à dominante nahdhaouie. Le simple citoyen est en mesure, aujourd'hui, de sentir la menace du phénomène qui risque de faire plonger la société dans une spirale infernale de violence. Car les salafistes ne sont plus ces individus qui agissent dans la clandestinité. Il s'affichent avec arrogance au grand jour et sèment la terreur là où ils passent. Quand le ministre de l'Intérieur met le doigt sur la plaie et reconnaît le danger, cela suppose que le gouvernement a pris toutes ses précautions et préparé toutes les options de prévention, de lutte contre toutes les formes de violence et de stricte application de la loi. Or, il s'avère que face à tout acte de violence, la réaction des forces de l'ordre est d'une mollesse déconcertante au point de taxer le gouvernement et le parti Ennahdha, de laxisme et de tolérance qui frisent la compromission. A l'approche des échéances électorales, les progressistes, les démocrates et la population s'inquiètent et le doute commence à gagner les puissances occidentales après l'attaque de l'Ambassade américaine. Au risque de retirer leur soutien au pays instigateur du « Printemps arabe »