L'égalité entre les citoyens est celle qui reste incontestable et intangible. D'ailleurs le terme homme dans le sens de l'être humain, est issu de Homo en latin qui veut dire égal. Partant de là, la femme a présenté au cours des siècles une image très contrastée, étant admirée par certains et damnée par d'autres. Qui sont ces derniers ?
Ce sont en fait tous ceux qui considèrent la femme comme étant subalterne.
Cette mentalité a sévi longtemps à travers le monde, et la femme longtemps exploitée, s'est battue pour revendiquer ses droits et recouvrer sa dignité au nom de l'égalité entre tous.
En Tunisie la femme a marqué sa présence depuis les temps les plus anciens, et a participé à la vie active en plus de son rôle en tant que mère de famille.
Elyssa, la Kahéna, Sabra Al Mansouria, Al Jazia Al hilalia, Aziza Othmana, sont des noms de femmes célèbres qui ont marqué l'histoire de l'Ifriqya ou la Tunisie, grâce à leur courage, leur amour de la patrie, et leur esprit humaniste et leur détermination à défendre les droits de l'homme, d'une manière générale.
Son combat pour l'égalité en droit et en devoirs, a toujours été mené avec une grande endurance et une ferme conviction.
Au début du siècle dernier, alors que le pays était sous colonisé,les courants de pensée réformiste s'accordaient à défendre la cause de la femme, qui à l'époque ne jouissait pas des mêmes droits que l'homme, son rôle étant limité, selon les obscurantistes, à la procréation et aux travaux ménagers.
A l'aube de l'indépendance, un code du statut personnel, promulgué en août 1956, a permis à la femme de recouvrer sa dignité et son statut, en tant que membre de la société, afin d'assumer son rôle, à côté de l'homme.
Partant de cet acquis, la femme ne s'est pas pour autant arrêté de se battre.
Car ce n'est pas seulement une question de textes de lois, ou de codes ; il y a également les mentalités qu'il importe de changer dans ce sens afin que l'égalité des sexes ne soit plus remise en question.
A la Révolution, le problème de l'égalité de la femme s'est d'abord posé à l'occasion des listes électorales, avec les candidats des deux sexes.
Le système de parité a été finalement choisi, afin de préserver le principe de l'égalité.
Complémentarité équivoque
La commission chargée de rédiger l'avant-projet de la nouvelle Constitution, avait prévu un alinéa dans l'article 287 de cet avant-projet, où il est stipulé que la femme est complémentaire de l'homme.
Ce qui a soulevé diverses réserves chez les composantes de la société civile dont notamment des associations de défense des droits de la femme.
Ce terme peut en effet semer le doute, car il peut amener à considérer que les droits de la femme sont accessoires à ceux de l'homme, puisqu'elle est définie en fonction de ce dernier et non en tant que citoyenne à part entière.
Cela remettrait en cause les acquis de la femme en tant que citoyenne et tous les droits pour lesquels elle a milité durant des années.
Quant aux adeptes de la complémentarité, tels que Ferida Laâbidi, membre de la Constituante, ils estiment qu'il n'y a pas d'égalité absolue entre la femme et l'homme.
Egalité et non ressemblance
L'égalité en l'occurrence, doit être conçue sur le plan des droits, dont doivent jouir les citoyens sans aucune considération de sexe ou d'appartenance ethnique ou même religieuse. Tous les citoyens vivant sur le territoire tunisien,et ayant la nationalité du pays doivent jouir des mêmes droits et se soumettre aux mêmes obligations imposées par la loi laquelle est générale, abstraite et permanente.
Tous les citoyens sont égaux devant la loi et c'est cette égalité qui compte.
La complémentarité insérée dans l'article 28 de l'avant-projet précité, était de nature à altérer cette égalité.
Raison pour laquelle, la commission est revenue sur cette résolution, en supprimant purement et simplement l'alinéa de l'article 28 concernant la complémentarité, pour garder le principe général de l'égalité entre les citoyens.