Prévisions : un budget de 26 milliards 342 millions de dinars ; un taux de croissance de 3,5% ; augmentation de 12% de la masse salariale ; 19 mille postes d'emploi prévus dans la fonction publique.... Après une année 2012 économiquement difficile, l'année 2013 s'annonce sous haute tension budgétaire. L'amélioration de quelques indicateurs de référence dont le PIB (Produit Intérieur Brut), le flux des IDE (investissements directs étrangers) et les recettes touristiques, ne peut à lui seul faire table rase et nous détourner de l'ampleur du déficit commercial, de l'élargissement du déficit budgétaire pour atteindre le seuil de 6,6% en 2012, la baisse des recettes en devises, la poussée des tensions inflationnistes et l'accroissement des créances classées des banques. Les dépenses budgétaires se sont accrues à un rythme exponentiel au cours de l'année 2012 face à des ressources limitées et un schéma de développement inadapté aux contraintes budgétaires et aux aléas conjoncturels du moment. Qu'en sera-t-il pour l'exercice 2013 ?
En 2012, il faut dire que le gouvernement provisoire a trouvé et rencontre encore des difficultés pour mobiliser les ressources nécessaires au financement des dépenses budgétaires. Toute une collecte est mise en branle. Dons, actions « charité », emprunts..., des voies empruntées qui n'ont pas permis de combler le déficit budgétaire. Il va sans dire que la politique fiscale, les retenues à la source et la hausse des prix de certains produits de base ont permis en quelque sorte de rafistoler le tissu fissuré de la toile économique. D'ailleurs le gouvernement a été dans l'incapacité de mobiliser les contributions exceptionnelles volontaires au titre de l'exercice 2012, tel que annoncé par Slim Besbès, ministre des Finances par intérim à l'agence TAP.
Nulle autre issue que celle des contribuables réels (consommateurs) qui ne peuvent éviter le couperet des dépenses de développement mais aussi de gestion. En ce sens le citoyen et contribuable tunisien devient le guerrier de première ligne à subir de front l'assaut des imputations à caractère fiscal pour combler les brèches. Espérons que l'exercice 2013 permettra de dépasser les failles.
Selon les dernières prévisions annoncées par le ministre des Finances par intérim, le budget de l'Etat pour l'année 2013 table sur un taux de croissance de 3,5%, soit le même seuil prévu pour l'année en cours. En volume, le budget de l'Etat passera de 25 milliards 401 millions de dinars prévus en 2012 à 26 milliards 342 millions de dinars en 2013. Plus de 73% des ressources budgétaires seront mobilisées par les ressources propres de l'Etat, soit un portefeuille de 19 milliards 525 millions de dinars. Et qui dit ressources propres de l'Etat, cela sous-entend un accroissement prévu des recettes fiscales (impôts directs et impôts indirects) au titre de l'exercice 2013. A priori, rien de neuf par rapport aux derniers schémas budgétaires, que ce soit ceux élaborés sous le règne de Ben Ali ou encore après la Révolution.
Baisse pour la première fois des dépenses de subvention
A l'évidence, les dépenses budgétaires sont en train de prendre le large, mais ne faut-il pas rationaliser les dépenses prévues aussi bien pour les dépenses de gestion que pour les dépenses de développement. Selon les prévisions budgétaires, la masse salariale augmentera de 12% au cours de l'exercice 2013. Une augmentation due à l'augmentation salariale au recrutement programmé de 19 mille postes d'emploi dans la fonction publique. 19 mille postes d'emplois viendront s'ajouter à la fonction publique, un secteur déjà essoufflé et saturé. En effet, il ne suffit pas de créer des emplois, le plus important serait de garantir leur rendement.
D'après le budget de l'Etat pour l'année en cours, les dépenses de développement devront baisser pour atteindre 5.500 millions de dinars contre 6.400 millions de dinars prévus en 2012. A ce titre, on s'attendait au sens inverse, autrement dit à la hausse des dépenses de développement surtout avec l'accroissement des inégalités régionales.
Baisse des subventions de l'Etat au titre de l'année 2013
Par ailleurs, la nouveauté dans le projet de budget au titre de l'exercice 2013, c'est que le gouvernement mise sur une baisse des dépenses de subvention, une première en Tunisie, pour atteindre 3900 MDT. La libéralisation progressive des prix à la consommation serait-ce un pas à franchir menant à net ses retombées négatives sur les classes moyennes et à faible revenu ? C'est à tenter le diable. Il est vrai que la caisse de compensation croule sous le poids de la hausse des dépenses de subventions se font au détriment des dépenses budgétaires, il ne faut pas perdre à l'esprit le rôle de la caisse de compensation qui permet d'assurer l'approvisionnement régulier du marché local par des produits subventionnés à des prix relativement stables qui tiennent compte du pouvoir d'achat du consommateur. Les charges de compensation (hors énergie) se sont élevées à 1,9% du PIB en 2011. Et on note que les céréales représentent 75% des subventions de l'Etat hors énergie. Au lendemain de la Révolution, la maîtrise du taux d'inflation s'est faite grâce au doublement des subventions de la Caisse de compensation pour atteindre 2,8 milliards de dinars, soit 4,5% du PIB (avec énergie). La liste des produits alimentaires s'est étendue en incluant le lait stérilisé demi-écrémé, le sucre et le concentré de tomate pour répondre aux demandes sociales. Des produits qui risquent actuellement tout comme les prix des hydrocarbures et du lait d'être revus à la hausse.
Aujourd'hui, le gouvernement semble s'engager dans une démarche purement libérale pleine de risque qui vise à mettre fin au du contrôle de l'Etat sur les prix des produits alimentaires et des produits de base. L'objectif étant de réduire le déficit budgétaire à 5,9% du PIB en 2013 contre 6,6% enregistrés en 2012. L'allégement du déficit budgétaire se fera-il au détriment du pouvoir d''achat du consommateur ?