Les élus du bloc démocratique boycottent les travaux après le refus de Ben Jaâfer de modifier l'ordre du jour Mohamed Brahmi entame une grève de la faim «sauvage» pour protester contre la répression policière des manifestants à Sidi Bouzid Une séance plénière houleuse s'est tenue, hier, à l'Assemblée constituante. La séance qui se déroulait dans un climat général délétère marqué par la recrudescence de la violence politique, dont le point culminant a été la mort , mardi, d'un responsable du parti Nidaâ Tounes (L'Appel de la Tunisie) à Tataouine, a commencé avec plus d'une heure et demie de retard. Et pour cause: les élus se sont attachés mordicus à la modification de l'ordre du jour initial , à savoir l'examen de la situation générale du pays, pour consacrer la séance à un débat sur les tenants et les aboutissants de la violence politique. Après un débat houleux dans les coulisses, le président de l'Assemblée constituante , Mustapaha Ben Jaâfer, a accepté de donner la parole aux représentants des différents groupes à l'Assemblée pour s'exprimer sur le drame qui a secoué le pays mardi après-midi. Dans sa brève allocution, Mustapaha Ben Jaâfer a déclaré que personne n'accepte que les divergences des points de vue et des programmes conduisent à la violence politique, toute en tenant à présenter ses condoléances à la famille du coordinateur de Nidaa Tounès à Tataouine, Lofti Naguedh, qui a trouvé la mort jeudi en marge d'affrontements entre ses partisans et des manifestants considérés comme proches d'Ennahda. Le président du groupe des élus du Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTLou/ Ettakatol) , Mouldi Riahi, a, de son côté condamné la violence politique dans toutes ses formes. “La vie d'un citoyen tunisien est sacrée, indépendamment de ses orientations politiques", a-t-il martelé. Il a aussi estimé que les déclarations de certains élus sous la coupole du palais du Bardo ou dans les médias alimentent cette violence. “Ce sont ces élus à l'Assemblée constituante qui doivent mener la barque à bon port et assurer la réussité de la phase transitoire “, a-t-il fait savoir. Dissolution
La constituante Maya Jeribi , membre du bloc démocratique, a insisté sur l'importance de la modification de l'ordre du jour de la séance pour débattre de la violence politique pratiquée par des" groupes hors la loi" et menacer au nom de tous les membres du groupe de boycotter les travaux au cas où sa proposition n'est pas retenue.
L'élu Mourad Amdouni (indépendant) a, quant à lui, appelé à la dissolution des comités de protection de la révolution qui n'ont plus, selon lui, raison d'être après les élections du 23 octobre 2011. “Maintenant que des instiutions élues existent, ces comités doivent être dissous afin qu'ils ne soient plus instrumentalisés par certaines parties politiques", a-t-il déclaré, tout en espérant que la mort du responsable de Nidaa Tounes ne soit pas le début d'une guerre civile. Même son de cloche chez Mohamed Brahmi ( Mouvement du peuple) qui a estimé que les comités de protection de la révolution n'ont pas participé aux protestations qui ont conduit à la chute de Ben Ali. Ila , d'autre part, noté que “le manque d'expéreince du gouvernement et ses tentatives de mettre la main sur les institutions de l'Etat ont conduit à une régression en matière des libertés". M. Brahmi qui observe une grève de la faim depuis 19 jours en signe de protestation contre la prépression policière des jeunes de Sidi Bouzid qui avaient manifesté contre les coupures d'eau et le chômage au cours des dernières semaines a également annoncé qu'il entame une grève de la faim sauvage pour les mêmes raisons. Il a aussi affirmé qu'il tient le gouvernement pour responsable de tout ce qui peut lui arriver ainsi qu'aux militants de Sidi Bouzid incarcérés. Boycott Le président du groupe du Congrès pour la république (CPR), Haythem Belgacem, a affirmé sur un autre plan son rejet de la violence politique quelle qu'en soit l'origine, indiquant que certaines parties tentent de semer la zizanie et à créer un vide dans le pays. Il a appelé, dans ce même chapitre, le gouvernement à être plus vigilant et ferme à l'égard de ces tentatives de division de la société tunisienne. Dans ce même ordre d'idées , le président du groupe du mouvement Ennahdha , Sahbi Atig a dénoncé des manoeuvres visant à porter atteinte à la légitimité électorale et à faire basculer le pays dans un cycle de violences. “ Toutes les parties devraient lutter contre la violence politique qui ne se manifeste qu'en l'absence d'un dialogue sérieux et constructif", a-t-il précisé. Sur un autre plan, les élus du bloc démocratique ont décidé de boycotter les travaux de la sénace plénière après le refus du président de l'Assemblée constituante de modifier l'ordre du jour de la séance. Selon Iyad Dahmani, du Parti républicain, le président de l'Anc, a décidé de maintenir l'ordre du jour de la séance, comme s'il n'y a pas eu un grave événement, la veille, avec le meurtre d'un dirigeant de Nida Tounes, à Tataouine «Nous refusons d'être complices dans une opération douteuse», a lancé Iyad Dahmani , indiquant qu'il aurait souhaité, lui et ses collègues, un changement de l'ordre du jour prévu pour discuter de la recrudescence de la violence politique dans le pays.