L'Acropolium de Carthage et l'Ambassade du Royaume des Pays-Bas de Tunis ont présenté, le jeudi 18 octobre dernier, l'ensemble Charenton, un trio composé de Karolinka de Bree au piano, Jeroen van der Wel au violon et Maarten Jansen au violoncelle. Les jeunes musiciens ont offert un moment d'évasion sous le signe de la grande musique. Une musique qui a concilié classique et contemporain dans un jeu enivrant... C'est avec la Sonate N° 6 pour violon et piano de Ludwig van Beethoven qu'a débuté le concert. Karolinka de Bree et Jeroen van der Wel ont exécuté les trois mouvements de la Sonate avec cette justesse à laquelle vient se mêler la virtuosité pour transporter au loin l'esprit des mélomanes. Le tempo tantôt vif de l'allegro tantôt lent de l'adagio offrait une variation alternant entre la vivacité et l'apaisement qui a happé l'oreille du parterre. Le silence était de rigueur ; seuls sur scène, les instruments s'abandonnaient à un dialogue dont les mots étaient un jeu de notes saisissant et insaisissable. Rejoints par le violoncelle de Maarten Jansen, piano et violon ont interprété des compositions signées Antonin Léopold Dvorak. Le trio a exécuté différents mouvements aux rythmes vifs et sereins. La conversation entre les instruments laissait transparaître la complicité intrinsèque des musiciens. La crispation des doigts sur les touches blanches et noires extirpait des sonorités intenses auxquelles faisaient écho les plaintes du violon et la complainte du violoncelle. Aux touches répondaient les archets dans une mouvance rythmique élégante et puissante à la fois. Si Beethoven et Dvorak demeurent des compositeurs connus, l'Ensemble Charenton a interprété une œuvre d'un compositeur italien moins connu du public : Alfredo Casella. La composition intitulée « Siciliana e Burlesca » (Sicilienne et Burlesque) choisie par le trio balance entre des notes badines et des notes graves frôlant le tragique. L'œuvre virevoltante offrait des sonorités auxquelles le public était peu habitué. Le changement de tempo a maintenu le parterre en haleine par la vivacité de l'interprétation. La composition s'inscrivant dans la contemporanéité est une incitation à découvrir une autre manière d'approcher le monde de la musique classique. A la fin du concert, les musiciens ont salué un public conquis qui aurait aimé les écouter dans une ultime composition non annoncée dans le programme mais le trio ne revint pas sur scène au grand dam de l'assistance. Ainsi, à travers les œuvres de trois compositeurs, l'Ensemble Charenton a assuré un concert aussi captivant que surprenant. Des crispations frénétiques des doigts sur les touches du piano aux oscillations des archets sur les cordes du violon et du violoncelle sans oublier les pizzicatos, Karolinka de Bree, Jeroen van der Wel et Maarten Jansen ont conjugué leur talent afin de transporter au loin le public de l'Octobre musical. Un dépaysement comme autant d'embarquement sur l'onde musicale vers l'infini de la beauté...