La journaliste et militante des droits de l'Homme Sihem Bensedrine a estimé que la vidéo fuitée de la conversation Caïd Essebsi-Jebali provient d'"une source sécuritaire dont le dessein est de faire échouer la transition et préparer le terrain à quelque coup de force". Dans un article publié hier en réponse au propos de Béji Caïd Essebsi la concernant dans la vidéo en question, la dircetrice de Radio “Kalima" espère que “l'enquête promise concernant cet extrait de la conversation confidentielle révélera l'identité de cette source sécuritaie. “ Pour des personnes averties, il est clair que la qualité de l'enregistrement n'est pas amateure et il a été fait à partir d'un micro professionnel, probablement l'un parmi les nombreux dispositifs des services qui truffent les bureaux des décideurs. Et sur ce plan, je suis encline à penser qu'il s'agit d'une source sécuritaire dont le dessein est de faire échouer la transition et préparer le terrain à quelque coup de force. S'agit-t-il d'une source régulière ou d'officines parallèles au service d'obscurs acteurs? “, a-t-elle écrit. Et d'ajouter: “ C'est la raison pour laquelle je m'abstiendrais de tomber dans leur piège et foncer droit sur le chiffon rouge tendu par le toréador. Je garde suffisamment de lucidité pour comprendre que le marionnettiste n'est ni Caid Essebsi ni Jebali qui font plutôt office de marionnettes dans l'opérette de quat' sous qui est en train de se jouer". Mme Bensedrine s'est également dite scandalisée par la “dégradation du débat public" en Tunisie. “ J'ai été triste pour mon pays en écoutant l'extrait sonore de la conversation privée qui a eu lieu le 26 décembre 2011 lors de la passation des pouvoirs à la Kasbah entre MM Caid Essebsi et Jebali. Et j'ai eu honte pour le niveau de dégradation du débat public en Tunisie. Notre pays a connu mieux et mérite mieux particulièrement en ce moment où nous devons nous unir contre la violence politique". Elle a, par ailleurs, jugé le contenu de la conversation indigne des deux hommes d'Etat, en l'occurrrence l'ex Premier ministre Béji Caïd Essebsi et l'actuel Chef du gouvernement, Hamadi Jebali. “La vraie victime des propos orduriers que l'on a pu entendre, ce n'est pas moi, mais la personne qui les a proférés, comme celle qui les a écoutés en approuvant. Ils sont indignes d'hommes d'Etat qui sont censés être à la hauteur de leur charge républicaine et qui devraient être exemplaires dans leur comportement et leurs propos. Faut-il leur rappeler que l'un des motifs de mépris du peuple tunisien pour Ben Ali était son langage ordurier?", a-t-elle précisé. La journaliste a , d'autre part, dénoncé la “misogynie primaire partagée entre le laïc et l'islamiste, dans l'appréciation sur l'intelligence politique de deux figures féminines de la résistance à la dictature" Sur les faits relatés par Caïd Essebsi la concernant, Mme Ben Sedrine regrette vraiment que Caid Essebsi ait été conduit à compenser l'amnésie par de l'affabulation. “Je voudrais ici lui rafraichir la mémoire et lui rappeler que l'entrevue qu'il m'avait accordée avait eu lieu en mai, bien après le limogeage de Rajhi qui avait eu lieu en mars 2011 et au lendemain de la tentative de levée de l'immunité judiciaire favorisant les poursuites par l'armée contre lui; j'étais venue dans une mission de médiation en tant que porte parole du Cnlt (j'ai une qualité pour agir Monsieur Jebali !) en vue d'aboutir à la suspension des poursuites en échange d'excuses publiques que ferait l'ancien ministre de l'Intérieur. Ces poursuites nous auraient mis, nous défenseurs de droits humains ainsi que le corps des juges, en position de le défendre et aurait abouti à une crise ouverte entre le gouvernement et la société civile", a-t-elle écrit.