L'été, c'est notoire, est réservé par le plus clair de nos familles pour la célébration des différentes cérémonies et festivités : fiançailles, mariages, circoncisions, etc. Certains, et même sans motif « officiel » organisent de façon périodique et à tour de rôle des soirées animées histoire de réunir les amis(es) mais essentiellement pour épater la galerie, se surpasser et se couvrir de lauriers laudateurs quant à la réussite de leur fête. Ce qui est curieux dans l'affaire, tous les convives en quittant les lieux ne tarissent pas d'éloges à l'endroit de leur hôtesse la congratulant avec moult verbiage pour la descendre en flammes quelques pas plus loin devant leur voiture. Mais tout cela ne porte pas tellement à conséquence faisant, dirions-nous, partie intégrante de nos mœurs et habitudes.
Où que vous soyez, du nord au sud du pays, le tableau est quasi-identique, le décor est planté de façon similaire ; pratiquement, tous les toits et les esplanades sont pris d'assauts. A partir de 21h, les membres des troupes après avoir fait honneur au copieux dîner et souvent richement arrosé qui leur est offert par les maîtres de céans, se mettent en devoir d'accorder leur instrument dans un tintamarre à vous faire grincer des dents ; orchestres classiques, soulamia, mezoued, tabbel, stéréo, etc. Mais le vrai massacre ne débute qu'aux alentours de 22h30 ; des notes discordantes sonnant faux accompagnant des voix gutturales rivalisant facilement et sans peine aucune avec celles de ces monstres interdits aux âmes sensibles. Calfeutré dans votre chambre et suffocant de chaleur en quête d'un illusoire et problématique brin de sommeil, votre oreille droite se délecte de la soulamia des voisins de droite tandis que votre oreille gauche se berce des sons attendrissants du mzaoudi de la houma scandant « ya immimti il ghalia » chez les limitrophes de...gauche !
Vedettes vous avez dit ? Le plus aberrant dans l'histoire, c'est la présentation de ces « vedettes » à l'assistance par l'un des membres de la troupe : le chanteur numéro un du pays ; l'espoir de la chanson arabe ; la première danseuse du Nil ; l'ambassadeur des koudouds Syriennes ; l'étoile montante du Liban etc. Du en veux-tu en voilà en somme ! Et les applaudissements, les youyous voire les sifflets de fuser de partout acclamant ces prodiges. En principe et légalement, ces cérémonies devraient prendre fin à minuit en semaine et à 1h du matin le samedi et à la veille des jours fériés. Nous avons usé sciemment du conditionnel car il est du domaine de l'irréalisable tout simplement. A 2h du matin voire plus, les décibels assourdissants sont encore déversés sans la moindre retenue ou vergogne.
Des voisins lourdement pénalisés Les honnêtes gens dans l'affaire, ceux qui doivent le lendemain se lever à 5h du matin pour rallier leur travail sont laissés pour compte et personne n'en a cure, ne s'en soucie. Le plus hallucinant, c'est qu'ils doivent endurer leurs calvaires, insomnies et inéluctablement remontrances au travail sans rechigner, rouspéter ou se plaindre de peur d'être montrés du doigt, descendus en flammes et dénigrés par tous les voisins(es) ; procédé de bon voisinage oblige ! Il est vrai que le bon Vieil adage « ma liberté s'achève où commence la tienne » est plié et enfoui aux fins fonds des oubliettes une fois l'été ayant pointé son nez à l'horizon. la solution ? * Un matraquage médiatique à longueur d'année avec des spots et des sketches ne vantant pas seulement les vertus des innombrables marques de yaourt, et incitant les citoyens à plus de civisme. * Des rondes plus fréquentes et autrement plus dissuasives des services d'ordre ratissant toutes les zones de turbulences. * et bien évidemment une circulaire émanant de qui de droit à l'endroit de tous les proprios ou directeurs des troupes titulaires d'une autorisation légale pour se produire les informant de la possibilité pure et simple de retrait temporaire et définitif( en cas de récidive) de leur permis de travail en cas de dépassement de la plage horaire qui leur est impartie.